Histoire du monde ouvrier
11 L’Europe dans la tourmente (1906 1932)
On a vu que lors du Congrès d’Amiens de 1906, la charte votée avait instauré une frontière entre le syndicat et le parti politique, avait aussi clairement exprimé un passage de l’anarcho-syndicalisme au syndicalisme révolutionnaire.
La CGT, une Centrale syndicale unique…avec pour mission de coordonner les actions des travailleurs de toutes les corporations, accroître leur bien être par des conquêtes sociales profitables à tous…. Néanmoins, le rêve du « grand soir », la grève générale qui obligera le capitalisme à rendre le pouvoir au prolétariat, commence à s’estomper.
En effet, la grève générale, pour être une arme efficace, exige une cohésion ouvrière totale et l’impossibilité pour le patronat de recruter de la main d’œuvre de remplacement. Or, commence à se généraliser un nouveau type d’ouvriers : des campagnes affluent de plus en plus une population « industrielle », formée en quelques jours à des tâches mécaniques et répétitives, soumis aux machines qui imposent des cadences infernales et dans un bruit assourdissant. Ces ouvriers, généralement ruraux, se distinguent de ceux du XIXème siècle, qui étaient plus proches de l’artisan ou du compagnon de l’Ancien Régime.
Les grandes villes sont encerclées d’une ceinture de banlieues grises où s’entasse ce nouveau prolétariat encore mal adapté à la vie urbaine. Le monde ouvrier avait toujours connu les taudis, généralement de vieux immeubles abandonnés par des classes aisées, mais maintenant l’industrialisation massive voit apparaitre une nouvelle espèce d’habitat populaire : le « taudis neuf », la caserne à ouvriers… un élément fondamental de la condition ouvrière commence à être renversé : l’ouvrier, de moins en moins qualifié est maintenu à son point d’attache territorial par la crise du logement. La vie quotidienne, au-delà de la grande précarité, est caractérisée par le déracinement et le cloisonnement !
La formation du capitalisme industriel (français) a été foudroyante. De 4 444 OOO en 1880 (début de l’industrialisation massive), la population employée dans le secteur secondaire atteignait 6 338 OOO en 1906. Notons néanmoins une catégorie d’ouvriers dits « protégés », disposant souvent d’un statut particulier : il s’agit de métiers exigeant une qualification professionnelle importante, donc interdite à la main d’œuvre étrangère ou rurale. Et puis, les travailleurs du « secteur public » : arsenaux, manufactures d’Etat, PTT. Et enfin, les cheminots, qui disposent d’un statut garanti par l’Etat !
L’industrie capitaliste a définitivement dépassé le stade de la manufacture et cet essor massif d’industrialisation provoque un développement extensif et intensif de production… Le marché du travail est totalement ouvert et la politique de main d’œuvre s’adapte entièrement aux aléas du marché : en période d’expansion, l’embauche est massive, dès un ralentissement, le débauchage est tout aussi rapide.
Apparait le travail à la chaine, et l’apprentissage sur le tas remplace la formation professionnelle classique. Aux vieux métiers traditionnels, lourds de savoir-faire, se substituent une « catégorisation abstraite » faite uniquement de gestes répétés et de rapidité d’exécution. La rationalisation du travail provoque la fin des qualifications traditionnelles et l’émergence de « l’ouvrier spécialisé » ( l’OS, qui représentera désormais l’archétype de l’ouvrier)
…Main d’œuvre fluctuante, sans capital professionnel, sans « conscience professionnelle », sans conscience de « produire », dépendance totale, insécurité telles sont les caractéristiques de cette nouvelle classe ouvrière. Ce phénomène aura des répercussions importantes sur l’évolution du mouvement ouvrier :
- Renforcement considérable de la conscience de classe (sentiment d’exploitation et de perte de toute dignité)
- Dégradation progressive de la puissance syndicale (difficulté de déclencher des actions massives et concertées)
Et on observe alors que le Syndicat va remplacer l’arme du conflit par le dialogue. Il va s’appuyer de plus en plus sur les partis politiques et le Parlement pour obtenir la protection globale de ses mandants et responsables, pour essayer d’obtenir par la loi des avantages de caractère général qui renforcement leur audience. Ces derniers n’accorderont pas « gratuitement » leurs appuis : les rivalités politiques pénètreront l’appareil du syndicalisme, brisant d’une manière (définitive) l’unité syndicale elle-même. Ces évolutions sont naturellement favorisées par les changements qui s’opèrent dans la nature même de l’Etat. Au fur et à mesure du développement des concentrations capitalistes, l’Etat pénètre de plus en plus les rouages de l’économie, (on peut se demander si le syndicalisme à cette époque, transformé en groupe de pression n’a pas lui aussi contribué au développement du capitalisme technocratique ?)
Cela dit, pendant cette même période, plusieurs grèves professionnelles furent néanmoins déclenchées. Citons celle, mémorable, en 1907, des ouvriers vinicoles de Narbonne pour protester contre leurs salaires de misère, qui entraina l’emprisonnement du Secrétaire général de la toute jeune CGT…
Parlons justement de cette dernière…si, pour les raisons que j’ai indiquées, elle ne comptait que peu d’adhérents, elle bénéficiait d’un bon courant de sympathie. Jeune fille de 14 ans, elle vit sa première crise en 1909 avec la démission de son Secrétaire Général, en désaccord avec les évolutions ( cf plus haut) de la centrale. Il est remplacé par NIEL qui rejette le syndicalisme révolutionnaire. Il sera « démissionné » quelques mois plus tard par les partisans de ce syndicalisme révolutionnaire. La CGT est alors au bord de la scission.
Puis 5 ans plus tard, elle fait face aux soubresauts qui agitent le monde ouvrier européen (en 1913 fut créée à Zurich la Fédération syndicale internationale, marquant la solidarité internationale des travailleurs), confronté aux signes avant coureurs de la première guerre mondiale.
Le Secrétaire Général, Léon JOUHAUX, élu en suivant, termine en 1912/1913 la réorganisation interne (face à une droite nationaliste qui demande l’interdiction de la CGT) de la Centrale. Mais les guerres balkaniques et l’attentat de Sarajevo du 28 juin 1914 font peser les risques de guerre sur l’Europe.
Jusqu’à présent, le mot d’ordre ouvrier était « guerre à la guerre » et « grève générale contre la guerre du grand capital ». Le 25 Juillet 1914, JOUHAUX (et DUMOULIN) rencontrent leurs homologues allemands lors du congrès des syndicats belges. Ils sont alors persuadés que les réformistes allemands vont soutenir l’effort de guerre du Kaiser et du Reich. 3 jours plus tard, les responsables CGT déclarent : « dans la situation présente, la CGT rappelle à tous qu’elle reste irréductiblement opposée à toute guerre. La guerre n’est en aucune façon une solution aux problèmes posés et elle ne peut pas servir la cause ouvrière. Elle reste la plus effroyable des calamités humaines. A bas la guerre, Vive la Paix ! »
Le 29 Juillet, la CGT appelle à une manifestation aussitôt interdite par le gouvernement. Elle publie une seconde déclaration ou il ne s’agit plus « de faire la guerre à la guerre » mais de tenter d’éviter « le plus grave péril mondial ». Le 31 juillet, JAURES est assassiné et le lendemain, la mobilisation générale est décrétée sans que la CGT soit en mesure de s’opposer à la guerre.
L’actuelle commémoration de la Première guerre mondiale évoque abondamment les effets plus que désastreux sur la population française. Je ne m’y attarde donc pas. Relevons seulement que la « classe ouvrière » a payé un très cher tribut.
Partout, dans les campagnes, dans les villes, les hommes valides sont mobilisés et c’est aux femmes qu’il incombe de prendre en charge la vie de la ferme, les enfants, les vieillards, et le travail à l’usine. Elles vont suppléer les hommes partis au front et investir le monde du travail (Rappelons que la guerre terminée, elles retrouveront leur condition d’avant, sans devenir des « citoyennes » à part entière… jusqu’en 1944, alors que les femmes anglaises, elles, pourront voter dès 1918 !)
Bien sûr, l’économie toute entière se met au service de la guerre : il faut transformer les usines en fabriques d’armement. Des pénuries apparaissent et pour compenser, l’Etat met en place une politique des plus « dirigistes », fait un recours massifs aux emprunts auprès de la population en utilisant toutes les ruses (censure, bourrage de crâne, utilisation des enfants à l’école) pour récupérer les économies des foyers….
Au lendemain de la guerre, (je ne m’étends pas sur l’étendue des pertes humaines et les dégâts causés. Les citoyens découvriront alors combien on leur avait menti durant ces 4ans…) un nouveau contexte nait pour les travailleurs avec la victoire de la révolution en Russie. Cette victoire constitue un formidable appel à la mobilisation des salariés.
Comme on pouvait prévoir que les travailleurs démobilisés en 1919 ne retrouveraient pas les conditions de travail d’avant et que les idées avaient considérablement évolué du fait du « brassage » forcé et durable des origines et métiers, le gouvernement, le patronat et toute la classe bourgeoise veulent alors se prémunir face au risque réel d’extension révolutionnaire sur les ruines de la guerre. Ainsi, toute une série d’acquis sociaux sont obtenus – rien à voir avec une quelconque récompense des efforts fournis pour la patrie !- avec en 1919, les lois sur les conventions collectives et sur la journée de 8 heures.
Pour la première fois, est reconnue sur une grande échelle la capacité du syndicat à signer des « accords collectifs » protecteurs des conditions de travail des salariés. Ces résultats enclenchent un processus d’adhésions de masse, propulsant l’organisation à 2 millions d’adhérents !
Cependant, les divisions internes demeurent entre réformistes et révolutionnaires, entre ceux qui se sont ralliés à « l’union sacrée »(union des pays de la Triple Alliance) et ceux qui sont restés sur le terrain syndical de défense des salariés plongés dans la barbarie guerrière.
C’est alors que la CGT est invitée à adhérer à l’Internationale communiste par les militants du PC , s’opposant de front à la tradition d’indépendance contenue dans la charte d’Amiens…(Cela entrainera la première scission-1921_ de la CGT dont je parlerai le mois prochain).
Dans le même temps, est créée la CFTC (Novembre 1919). Depuis 1914, le syndicat des « employés du commerce et de l’industrie »(créé en 1887) regroupant environ 8000 militants « catholiques sociaux » milite pour la création d’un syndicat « mixte » regroupant ouvriers et patrons, à l’opposé du la tradition syndicaliste française. Les fondements du syndicalisme chrétien vont se référer à l’encyclique RERUM NOVARUM du pape Léon XIII du 15 Mai 1891, qui entend ainsi répondre au développement des idées socialistes (qui revendiquent aussi le bonheur terrestre !). Ce texte, qui expose l’idéologie sociale de l’église catholique peut se résumer en quelques principes : respect de la propriété privée (en retour, le patron devra respecter la dignité de l’homme qui en est l’ouvrier), principe d’équité (car tous ne sont naturellement pas égaux !), principe de soumission (le travailleur doit accepter sa condition et ses devoirs), principe de corps (chacun doit conserver son rang social).
Dans son préambule, la CFTC se prononce en faveur de la doctrine sociale définie par l’encyclique : pour la collaboration de classe et contre la grève générale ! (pour l’ensemble du clergé, revendiquer est un acte impie…). Elle a assurément provoqué, elle aussi une division (redoutable) dans les rangs ouvriers (j’y reviendrai).
Ainsi, au lendemain de la première guerre mondiale, le paysage syndical n’est pas moins dévasté que le pays lui-même !
Les années 1920 connaissent une bourse florissante, des entreprises galvanisées par un marché du travail « facile » et la nécessité de reconstruire… Dans le monde ouvrier, les conditions de vie restent détestables, la paix est certes revenue mais les tensions sociales sont présentes et la confiance envers les politiques reste absente... 1920 est en particulier marquée par la grève des cheminots, qui reçoivent le renfort des mineurs, des dockers, des métallurgistes…, et qui feront l’objet d’une sévère répression (20 000 révocations), qui affaiblirait gravement et durablement (jusqu’en 1936) l’influence du syndicat.
La « culture de masse » fait son apparition à la faveur des médias et des loisirs, prenant le pas sur une culture « populaire », faite de folklore et de traditions, qui ne résiste pas à l’urbanisation et aux apports de la société américaine. C’est la période des « années folles » qui, néanmoins voit la France avoir du mal à se sortir des affres de la guerre…et la perte de cohésion de la classe ouvrière, qui souffre des pertes en vies humaines et des déplacements géographiques massifs, provoquant ainsi perte de repères et désorganisation des anciens groupes : toute mémoire sociale qui n’est plus partagée meurt rapidement !
Une terrible crise frappe maintenant les Etats Unis en 1929. En octobre de la même année survient le fameux « jeudi noir », la bourse s’écroule, tout le monde veut vendre, et cela provoque la chute immédiate et brutale des cours, entraine des faillites et la ruine des banques…
En Russie, la situation n’est pas meilleure, la famine gagne le pays et fait plus de 6 millions de morts suite à la mise en place d’une « économie de plans » successifs et contradictoires dans un régime devenu totalitaire.
La crise gagne la France dès 1932, amenant aussi faillite, ruines, et donc chômage intensif, générateur d’une misère encore plus importante dans la classe ouvrière. En réponse à la situation, le gouvernement met en place une politique « protectionniste » qui ne résout rien puisque tous les autres pays font de même…Survint donc une grande instabilité politique ( pas moins de 19 gouvernements se succèderont entre 1929 et 1936 !) qui fait le beau jeu des forces d’extrême droite, dopés par l’arrivée de Mussolini, et son parti fasciste, en Italie, Franco en Espagne, Staline en Russie, et le parti nazi allemand (Hitler) . Apparaissent alors des idées xénophobes (portées par l’extrême droite qui réclament le départ des étrangers, accusés de voler le travail aux français) et un certain antisémitisme…
Mais cette crise provoque une mutation considérable dans le rapport de force interne au monde du travail par l’émergence de tensions fortes entre le patronat des industries « lourdes » (qui prônent un « paternalisme industriel » fondé sur des bas salaires), le monde des affaires et l’industrie de « transformation », qui voient dans ces principes un frein à la consommation et un blocage à l’élargissement du capitalisme.
Le PC, la SFIO décident alors de s’allier pour former « le front populaire », avec pour slogan: « pain, paix et liberté ».
JCF
- Détails
- Catégorie : Public
- Affichages : 3462
Les principales obédiences.
1728 - 1773 - Grand Orient De France (ici)
1893 - Droit Humain (ici)
1894 - Grande Loge De France (ici)
1913 - Grande Loge Nationale Française (ici)
1946 - Grand Prieuré des Gaules (ici)
1952- Grande Loge Féminine de France (ici)
1958 - Grande Loge Traditionnelle et Symbolique Opéra (ici)
1960 - Grande Loge Française de Memphis-Misraïm (ici)
1965 - Grande Loge Féminine de Memphis-Misraïm (ici)
1968 - Loge Nationale Française (ici)
1968 - Grande Loge Indépendante et Souveraine des Rites Unis (ici)
1973 - Grande Loge Mixte Universel (ici)
1974 - Ordre Initiatique et Traditionnel de l'Art Royal (ici)
1982 - Grande Loge Mixte de France (ici)
1990 - Grande Loge Régulière Française
1994 - Grande Loge Unie de France
1995 - Grande Loge écossaise réformée et rectifiée d'Occitanie (ici)
1998 et suivantes : 10 obédiences se réclamant de la maçonnerie égyptienne.
1998 - Grande Loge Symbolique de France
2001 - Grand Prieuré des Gaules
2003 - Grande Loge des Cultures et de la Spiritualité (ici)
2003 - Grande Loge Traditionnelle et Moderne de France
2003 - Grande Orient Traditionnel de Méditerranée
2006 - Grande Loge Universelle de France (ici)
2008 - Grande Loge égyptienne de France
2009 - Grande Loge Maçonnique Française de Tradition (ici)
2010 - Grande Loge Mixte National
2012 - Grande Loge de l'Alliance Maçonnique de France (ici)
2012 - Grande Loge Traditionelle de France
2012 - Directoire National Rectifié de France - Grand Directoire des Gaules (ici)
2013 - Grande Loge Indépendante de France
Grande Loge Symbolique du Rire Ecossais Primitif
2013 - Grande Loge Européenne de la Fraternité Universelle
Et cette liste n'est évidemment pas exhaustive...
- Détails
- Catégorie : Public
- Affichages : 3775
Appel des consciences laïques et humanistes
Tribune de 7 Obédiences maçonniques françaises, dont le Grand Orient de France, publiée sur le site de MEDIAPART le 3 novembre 2015
A quatre semaines de la COP 21, en France, les principales obédiences maçonniques demandent « aux parties prenantes de se concerter pour améliorer la gouvernance mondiale et régionale sur toutes les questions qui concernent la préservation de la planète, tant sur l’eau, l’air, le sol et l’espace, compte tenu de la responsabilité de la communauté internationale envers les générations futures ».
« En faisant scintiller notre lumière, nous offrons aux autres la possibilité d’en faire autant » Nelson Mandela
Du 30 novembre au 11 décembre 2015, la France accueillera à Paris la 21ème conférence des Nations Unies sur le changement climatique. Cette conférence qui réunira 195 pays a pour objectif la conclusion d’un accord universel de réduction des émissions de gaz à effet de serre afin de limiter le réchauffement de la planète à 2° avant la fin du siècle.
L’exploitation systématique des ressources naturelles et des matières premières, l’urbanisation sauvage des métropoles, l’artificialisation des sols, les déforestations massives, la surexploitation de la pêche dans les océans, l’acidification des eaux marines et de la surface, le tarissement des grands aquifères et des nappes phréatiques… ont des effets dévastateurs sur les écosystèmes et la biodiversité.
Les pollutions de toute nature qui dégradent et imprègnent nos environnements, font peser de graves menaces sur les conditions de vie voire de survie et la santé de milliards d’individus.
L’accaparement des terres agricoles par les grands propriétaires fonciers et les fonds souverains qui chassent les paysans ancestraux, l’industrialisation de l’agriculture et de l’élevage, l’augmentation des catastrophes naturelles aggravent les inégalités dans le monde, accroissent l’insécurité alimentaire et menace la paix.
Personne ne peut rester indifférent face à ces évolutions. Les citoyens et plus largement les sociétés civiles ne peuvent plus se contenter d’attendre que les Etats s’entendent et prennent enfin les décisions conformes à l’intérêt général. La prise de conscience de la gravité de la situation, en matière de changement climatique est, en premier lieu, l’affaire de chacun.
A la veille des négociations sur le climat à Paris, les obédiences maçonniques en appellent solennellement à :
– Mettre l’humain au cœur des décisions en le dotant de la capacité à participer aux choix qui le concerne et d’avoir prise sur son existence ;
– Repenser le rapport de l’homme et de la nature dont il fait partie, en veillant à l’équilibre et à l’harmonie entre ses activités et le respect du monde animal et végétal, des écosystèmes, de la biosphère et de la biodiversité. Les villes de demain qui accueilleront la majorité des populations humaines doivent devenir des lieux de cette articulation entre nature et activités humaines ;
– Lutter contre les inégalités et la pauvreté dans le monde par une redistribution plus juste des richesses ;
– Demander à ce que les Etats anticipent, préviennent et remédient aux conséquences négatives des changements climatiques sur la jouissance effective des droits fondamentaux des humains et notamment par les groupes les plus vulnérables ;
– Affirmer que le bien être individuel et collectif ne se réduit pas à la production et à la consommation. D’autres indicateurs doivent compléter le PIB pour l’évaluation des politiques publiques, prenant en compte la qualité environnementale et la qualité de la vie humaine ;
– Faire progresser la justice climatique en déclarant de nouveaux droits universels sur le plan environnemental, notamment le principe de précaution et le droit à réparation dans le cas de catastrophe affectant l’environnement et en mettant en place une justice internationale efficace chargée de leur application ;
– Bâtir un accord en matière de solidarité internationale entre pays du Nord et pays du Sud, reposant sur une compréhension commune du développement durable et solidaire, seule capable d’aboutir à l’amélioration des conditions de vie des populations afin de leur permettre de maîtriser librement leur existence ;
– Investir immédiatement et résolument dans les énergies durables afin de réduire à terme significativement l’exploitation des énergies fossiles ;
– Apporter les moyens financiers nécessaires à la mise en œuvre des décisions.
Au delà du terme de la conférence de Paris, les Obédiences maçonniques demandent aux parties prenantes de se concerter pour améliorer la gouvernance mondiale et régionale sur toutes les questions qui concernent la préservation de la planète, tant sur l’eau, l’air, le sol et l’espace, compte tenu de la responsabilité de la communauté internationale envers les générations futures.
Les signataires :
Grand Orient de France (GODF)
Fédération Française du Droit Humain
Grande Loge Féminine de France
Grande Loge des Cultures et Spiritualité
Grande Loge Mixte Universelle
Grande Loge Mixte de France
Grande Loge Mixte de Menphis Misraïm
- Détails
- Catégorie : Public
- Affichages : 3074
Syrie : Nous ne pouvons pas ignorer- "raqqa is being slaughtered silently-"
A Raqqa, malgré les coups portés par Bachar El Assad, le front Front al-Nosra, les bombardements Russe , un petit groupe d’opposants tiennent un journal, d’une qualité exemplaire dans des conditions épouvantables. Allez voir, sur le lien qui suit : éprouvant mais salutaire.
Difficile à joindre à certaines heures. Vous pouvez copier/ coller l'adesse dans votre navigateur.
- Détails
- Catégorie : Public
- Affichages : 3083
Hervé Morin
Les enfants non religieux sont plus altruistes que ceux élevés dans une famille de croyants
Le 5 novembre 2015 à 18h00
Le Monde : Mis à jour le 6 novembre 2015 à 06h56
Une étude réalisée dans six pays démontre les effets positifs d’une éducation séculière, qui favorise la générosité et la clémence chez les plus jeunes.
Certains observateurs attentifs de l’actualité des derniers millénaires l’avaient déjà noté : la religion n’est pas toujours un gage de concorde et de fraternité. Une étude publiée jeudi 5 novembre dans la revue Current Biology suggère que le mode de transmission des valeurs et des pratiques religieuses d’une génération à l’autre risque de faire perdurer cette situation. Menée dans six pays auprès de 1 170 enfants de cinq à douze ans, elle montre que l’altruisme n’est pas la chose la mieux partagée chez ceux issus de familles pratiquant une religion. Ils présenteraient aussi une prédilection pour l’application de châtiments plus sévères que les rejetons de familles se définissant comme « non religieuses ».
Conduite au Canada, en Chine, en Jordanie, en Turquie, aux Etats-Unis et en Afrique du Sud, cette étude dirigée par Jean Decety (Département de psychologie de l’université de Chicago) avait pour objectif de mesurer si la religion, ainsi qu’on le croit fréquemment, renforce les comportements dits « prosociaux ».
L’enquête est financée par une bourse de la Fondation américaine John Templeton. D’inspiration chrétienne, celle-ci avait en 2007 remis son prix (mieux doté que le Nobel) au philosophe canadien Charles Taylor, qui défend l’idée selon laquelle les sociétés laïques occidentales ne sont pas aptes à satisfaire la quête humaine de sens.
« LA SÉCULARISATION DU DISCOURS MORAL NE VA PAS DIMINUER LA BONTÉ HUMAINE – EN FAIT, ELLE FERA TOUT LE CONTRAIRE »
Sont-elles pour autant moins « morales » ? La fondation risque d’être déçue par la réponse. Les chercheurs réunis par Jean Decety concluent en effet que leurs observations « remettent en question le fait que la religion serait vitale pour le développement moral, et appuient l’idée que la sécularisation du discours moral ne va pas diminuer la bonté humaine – en fait, elle fera tout le contraire ». Un manifeste politique, inhabituel dans une revue de biologie. Jean Decety y tient, notamment du fait qu’aux Etats-Unis, où ce Français naturalisé américain est installé depuis 14 ans, il est impossible à quiconque se déclarant non croyant d’espérer accéder à de hautes fonctions, notamment électives, « car il serait suspecté d’être immoral, voire amoral ».
Capacité d’empathie
Qu’a montré son équipe ? Elle a d’abord mesuré le niveau de pratique religieuse des familles dont elle a étudié les enfants. Pour des raisons de robustesse statistique, ceux-ci ont été divisés en trois groupes – non religieux (dont athées), chrétiens, musulmans – les autres cultes étant sous-représentés dans l’échantillon. Les chercheurs ont demandé aux parents d’évaluer la capacité d’empathie et la sensibilité à l’injustice de leurs enfants. Les chrétiens et musulmans les estimaient plus élevées que ce que rapportaient les parents non croyants.
Les chercheurs ont ensuite fait visionner par chaque enfant des petites vidéos montrant d’autres enfants se poussant ou se faisant trébucher, de façon intentionnelle ou non, en leur demandant de noter le niveau de « méchanceté » et celui des punitions méritées par les fautifs, sur une échelle graduée, mais non spécifique – « on ne proposait pas 40 coups de fouets ! », précise Jean Decety. Les enfants religieux estimaient en moyenne ces actes plus répréhensibles, et – que les méfaits aient été ou non volontaires – proposaient des punitions plus sévères que les athées, les petits musulmans étant les plus intransigeants.
« Jeu du dictateur »
Enfin, pour évaluer la générosité des enfants, les chercheurs ont fait appel à une adaptation du « jeu du dictateur », imaginé par les économistes : parmi trente autocollants, ils leur ont proposé de choisir leurs dix préférés, en précisant qu’ils n’auraient pas le temps d’en distribuer à tous les écoliers. Ils leur demandaient ensuite s’ils seraient prêts à en donner pour leurs camarades moins chanceux. Le nombre d’autocollants cédés, hors de la vue de l’expérimentateur, augmentait avec l’âge (un effet déjà connu du développement de l’altruisme chez l’enfant). Mais les petits athées se montraient significativement plus généreux que leurs pairs croyants, chez qui les dons étaient inversement proportionnels à l’intensité de la pratique religieuse – « quelle que soit la culture, c’est-à-dire le pays d’origine », précise Jean Decety, en réponse à des objections sur la répartition statistique des données.
Ce graphe montre que les enfants athées sont plus altruistes que les enfants de familles religieuses. Il est à souligner que la différence entre chrétiens et musulmans est statistiquement non significative (ns.). | Decety et al., "Current Biology"
Comment expliquer ce dernier phénomène ? Les auteurs invoquent un mécanisme de « licence morale » : la religiosité étant perçue en elle-même comme un gage de bonté, les pratiquants pourraient s’autoriser – « inconsciemment », précise Jean Decety – un plus grand égoïsme au quotidien. « C’est une explication plausible, commente Luke Gallen (université du Nebraska). D’autres recherches ont montré que la religiosité traditionnelle est associée à des dons charitables plus élevés, mais pas avec une aide offerte dans des situations spontanées, ce qui concorde avec la présente étude. »
POUR APPROFONDIR
Lire aussi : Les ressorts de l’empathie
Angela Sirigu, chercheuse au Centre de neurosciences cognitives de Lyon (et contributrice de cartes blanches pour le cahier Science & Médecine du Monde) juge l’étude « très intéressante », mais reste sur sa faim sur l’explication de comportements mis en lumière. « Il n’y a pas d’interprétation présentée pour la propension des enfants musulmans à proposer des punitions plus sévères », commente-t-elle.
Voltaire et les athées
Pour Benny Beit-Hallahmi (université de Haifa), auteur d’une somme sur la psychologie et la religion, l’étude de Current Biology « est une contribution très importante car elle confirme pour la première fois chez un grand nombre d’enfants de différentes cultures, pays et religions, des observations connues chez les adultes ».
Certes, Voltaire lui-même se méfiait de l’athéisme, « estimant qu’il fallait des limites religieuses pour border les comportements moraux », rappelle-t-il. Mais dès le XIXe siècle, on avait constaté que les prisons de droit commun comptaient une proportion très faible d’athées, et dans les années 1940 aux Etats-Unis, des psychologues avaient montré la moindre générosité et la plus grande prévalence des préjugés envers les minorités chez les croyants, « ce qui avait constitué un grand choc ». En Afrique du Sud, la majorité des opposants blancs à l’apartheid étaient des non-croyants, « juifs séculiers », souligne aussi Jean Decety, actuellement en année sabbatique dans ce pays.
Benny Beit-Hallahmi estime que les chercheurs qui traquent l’avantage évolutif offert par la religion se fourvoient : « la coopération sociale, observée chez d’autres animaux, est un comportement tellement élémentaire qu’elle n’a pas besoin de substrat moral. Le vrai enjeu moral, c’est de faire le bien envers autrui, quel qu’il soit, indépendamment de la crainte d’être puni dans l’au-delà. » Une exigence apparue selon lui récemment dans l’histoire du monde, incarnée par des organisations séculières,« universalistes », comme Médecins sans frontière. « Il y a un siècle, rappelle-t-il, faute d’athées, une telle étude comparative aurait été impossible. »
Aujourd’hui, 5,8 milliards d’humains, soit 84 % de la population de la planète, s’identifient comme croyants, rappellent Jean Decety et ses collègues.
Lire : Jean Decety, l’altruisme chez l’oncle Sam
Hervé Morin
- Détails
- Catégorie : Public
- Affichages : 3072
- Croyance, opinion et savoir par Axel Kakn
- Le Monde: L’enseignement de la laïcité doit maintenir la supériorité de la science sur la croyance
- FN : le cri d'alarme du grand maître GODF
- Communiqué adressé aux médias le vendredi 9 octobre 2015,Ratification de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires