REFLEXION SUR LA VILLE
J'ai écrit ce texte en mars 2008 au crépuscule de ma vie professionnelle. C'est une sorte de bilan que je livre.
J'aurais 62 ans, très bientôt. Que s'est il passé dans nos ville durant cette période ?Ma formation initiale est agronomique. Le hasard et mes choix font que, je me suis d'emblée confronté à l'urbanisme.
Les années 70 sont des années de féroces controverses sur l'urbanisme.Nous sommes après Mai 68. Roland Castro est professeur à l'université d'architecture de Versailles, il arbore le pins de Mao sur son pull, voilà pour planter le décor. Des courants naissent comme la « réhabilitation inverse », d'autres répondent « réhabilitation perverse ».Né 15 ans plus tôt, les « grands ensembles » sont déjà un enjeu majeur.
Bayonne achève sa ZUP conçu par l'architecte international, Bauer, (issu du mouvement Bahaus), très belle à voir depuis Urt à 5 Km ! Chacun prends son parti : celui du pire, de la promotion d'un nouvel urbanisme. Tout ce dont débat aujourd'hui : maisons de ville etc...nous en débattions déjà, ainsi que de l'amortissement des conflits, ou d'autres options...
Je suis un partisan de « charger la vie changer la ville » au quotidien j'ai essayé de rendre l'espace public vivable. Globalement nous avons échoué, laminés, par la logique du marché foncier.
Retour sur les plans de deux villes, Bayonne et Pau, qui nous sont connus.
Si nous regardons le plan de Bayonne et de Pau nous pouvons, grossièrement, identifier trois périodes historiques :
Pour Bayonne
Le centre ancien, intra muros. 17°/ 18°
Le 19° siècle avec une trame rectangulaire (St Esprit, Quartier immédiatement auNord du centre).
Tout le reste qui part littéralement en « nouille ».
Pour Pau
Le centre historique est moins bien marqué car y compris au 18° et 19° les Intendants furent peu soucieux des problèmes d'urbanisme.
Nous distinguons, toutefois, une trame en îlots 19°
Nous voyons un projet de voies structurantes inachevé.
Et comme à Bayonne, un plat de nouilles.
La conclusion, qui ne demande pas beaucoup de recherches historiques, c'est que surtout depuis la seconde guerre mondiale nous voyons la puissance publique abandonner son rôle dans la production et la régulation du terrain à bâtir, mais aussi la structuration de l'espace.
Nous sommes en face d'un urbanisme de promoteurs qui bâtissent, celons les opportunités foncières et des intérêts privés. Sur des exemples plus simples de petites villes périfériques de grandes Agglomérations, quelle que soit l'Agglo, il suffit de voir à qui appartenait le foncier et qui siégeait au Conseil Municipal.
Pourquoi Paris est une si belle ville et la capitale la plus dense du monde alors que nous avons une sensation d'espace... ?
L'on peut qualifier l'urbanisme de fait du prince, ce qui nous vaut la beauté de la place des Vosges, le mouvement des Bastide, dont la forme perdure et dont l'esprit est étonnamment moderne, et les superbes perspectives Haussmanniennes.
L'anarchie (Je n'ai pas d'autres mots) qui a prévalu ces 60 dernières années est responsable de cet urbanisme d'impasse et du gaspillage en 20 ans d'un foncier que l'on avait prévu pour 60 ans. L'urbanisme d'impasse en est une, littéralement, car la ville est comme un corps vivant : il doit être irrigué dans toutes ces parties.
Je ne parlerais pas de la gabegie de service et d'énergie que cela entraîne, mais tout de même !
La ville « moderne » est une UTOPIE .
Utopie au sens étymologique : ut : aucun , topia : lieu, en quelque sorte « nulle part ».« Anywhere out of the world » comme disait Baudelaire, voilà un siècle et demi. Sauf que ce monde coïncidait, à ces yeux au Paris intra muros.
Nous en sommes déjà là : Avec les zones de non-droit, ce sont toutes ces banalisations urbanistiques et culturelles qui génèrent, conflits et replis identitaires. En forçant un peu le trait ce sont les prophéties cauchemardesques, de Kafka, d'Orwell, d'Huxley qui prennent corps. Circulez dans le triangle Mîmes, Arles, Montpellier, vous ne savez plus ou vous êtes. Et nous ne sommes pas à Los Angeles, ou les techniciens de la voirie ne savent plus, vraiment, indiquer les directions dans le labyrinthe des high ways. Ces lieux sont sans passé, ils sont également sans avenir.
Ces lieux génèrent de la discrimination spatiale, principalement fondé sur la mobilité. Nous devrions plutôt nommer zones d'inclusion, ce que nous nommons zones d'exclusion. Pour ne prendre qu'un exemple : nos entrées de ville finissent toutes par ce ressembler, les banlieues sont les mêmes à Paris ou à Lyon et l'habitat pavillonnaire ne permet plus de se repérer au sein de la même agglomération. Identifions nous Nîmes à sa ZUP ?
Cette absence de repère n'est pas seulement spatiale et touche aussi les domaines de la culture et de l'éducation. Et ces choses là sont liées. N'oublions pas que l'homme est un animal, supérieur, certes, mais un animal.Le débat, charte d'Athènes, constructivisme, théories marxisantes de Lefèvre semble appartenir au passé. Pourtant la nécessité, qui s'habille du terme de Développement Durable resurgit après des décennies ou la technique et une énergie bon marché ont permis d'étaler de mornes banlieues au mépris de toute rationalité.
N'oublions pas que les petits villages qui nous font rêver ont une densité de 1 et plus. Alors que dans un quartier pavillonnaire elle est de 0.4, ou mieux de 0.6. Souvenons nous aussi que les fameux « quartiers » ne sont pas denses. C'est la forme qui est erronée, car les logiques, avouées ou non, de leur conception, n'étaient pas celle du plaisir d'habiter.
L'idée de développent durable est elle porteuse d'avenir ?
Que propose le concept d'éco construction, Développement Durable,... ? Tout simplement une idée immémoriale : composer avec la nature.
Que faisaient nos ancêtres dans l'implantation de leurs villages ou leurs maisons ? Des choses simples :
La présence de l'eau, d'un chemin
Une bonne orientation
L'utilisation de terres défavorables à la culture
Etc...
Et pour construire :
Des matériaux de proximité demandant peu d'énergie
Des techniques simples
La mécanisation, l'énergie abondante et bon marché ont permis d'oublier tout cela, jusqu'à être capable de faire tenir une pyramide sur sa pointe.
Il ne s'agit, à aucun moment de revenir en arrière, mais tout simplement, avec toute la technologie (en particulier numérique) dont nous disposons de mettre en oeuvre des matériaux et des techniques simples et à basse énergie. Le retour au respect des lois naturelles, en quelque sortes. Une chose est sure c'est que notre modèle de développement actuel n'a pas d'avenir. La philosophie de la Loi SRU est l'esquisse du chemin à suivre en essayant d'introduire des outils de planification, des notions comme les PADD ou la mixité sociale.
Le retour au fondamentaux et à l'intelligence.
Le code civil protège la propriété privée. Le code de l'urbanisme réglemente l'usage de cette propriété. En ce sens c'est une atteinte au droit de propriété. Ce droit d'atteinte doit être renforcé. Surtout la puissance publique doit revenir à son rôle qui est d'incarner l'intérêt général. Nous possédons des outils de prospective comme jamais l'humanité n'en a eu (par ex l'analyse environnementale de l'urbanisme). C'est ce que faisaient nous ancêtres en sélectionnant un site pour ces aptitudes.
Sans entrer dans une discussion technique aucun nouveau projet d'urbanisation, industriel ou domestique ne devrait voir le jour sans que l'on ait analysé :
Tous les problèmes de desserte à commencer par les transports en commun et les fluides.
Puis des analyses d'aptitudes à recevoir un bâti conforme à sa destination.
Regardez une carte d'état major d'un « vieux pays » comme le Béarn ou l'Aragon ; les villages sont à 1 heure de marche les uns des autres (4 à 5 km) : c'est la mesure de l'homme.
Cela reste vrai quand on change de moyen de transport à condition que, le mode soit durable. Voilà la révolution dont je rêve. Modèle qui est confusément enfoui au fond de nous. Cet équilibre spatial a existé tant dans l'urbain qu'à la campagne avant la grande révolution industrielle. Je ne fais pas de la nostalgie, c'est de l'histoire.
Un moment de l'histoire où socialement ça n'allait pas pour le mieux, j'en conviens aussi. Dans tous les cas à cette époque, l'agriculture ne dévorait pas la Terre. Mais ce moment de l'histoire est la preuve qu'un équilibre est possible. Il nous appartient, avec tous les moyens modernes dont nous disposons de réaliser cet équilibre à nouveau.
Aucune construction humaine n'est naturelle. Notre système économique n'est pas une loi naturelle non plus. Ce n'est qu'un tout petit moment eu égard à l'histoire de l'humanité. Nos civilisations sont des constructions, qui sont toutes mortelles. Les civilisations s'édifient, sans cesse, sur les décombres de la précédente. L'histoire est une suite de cycles.
En ce début du 21° siècle nous sommes en possession, depuis déjà quelques décennies d'instruments d'investigation qui nous permettent d'envisager de faire l'histoire consciemment. Il s'agit donc pour moi d'appeler au retour des convictions, de la volonté, et de la planification du développement des villes.Il ne s'agit pas d'un retour au stalinisme, ni d'une nostalgie des planifications bureaucratiques gaulliennes. Il s'agit de la mise en place, par la démocratie locale, de règles d'urbanisme négociées, concertées et durables. C'est une nouvelle forme de démocratie locale qui est à inventer. Sans oublier le rôle de l'état, qui c'est délité progressivement au profit d'un consensus mou. Etat qui depuis 1973 (décentralisation) fait preuve d'une extraordinaire faiblesse, ou d'un lâche soulagement, au nom du respect de la démocratie locale.
Que faire ?
Que faire en tant que citoyen lambda ? Tout d'abord résister car celons les mots de Lucie Aubrac : « Résister c'est créer, créer c'est résister ».Cela n'a rien à voir avec les comités de défenses ad hoc qui cultivent le syndrome de NINBY.C'est, face à ce type de réactions de défenses que la puissance publique a une occasion inouïede faire de la pédagogie, à condition que les projets soient bien guidé par l'intérêt général ou comme le disait Condorcet « le bien public ».
C'est vrai qu'en cette période d'individualisme forcené (clôtures, urbanisme privatisées,4x4, camping car forteresse ...) c'est à contre courrant. Si comme l'a dit, je crois, JF Deniau l'argent public sert à acheter des voix, nous mesurons bien que la réforme des institutions nécessaire à l'accomplissement du « bien public » sera difficile. Les idées géniales ne courent pas les rues. La pensée politique c'est gelée avec la chute du mur de Berlin. (Avant même). Le déficit de réflexion théorique est immense alors qu'il serait absolument nécessaire, puisque le système économique est unique. L'unicité de penser est un piège mortel, à n'importe quel moment de notre histoire. D'autant que si cette forme d'économie était satisfaisante cela se saurait. Or vu l'état de la planète j'ai du mal à m'en convaincre.
Nous sommes à un moment de l'histoire ou ce qui naît comme ce qui meurt est incertain.
En 1957, Albert Camus recevant le prix Nobel de littérature à Stockholm, prononça ces paroles (le lendemain à l'Hôtel de ville de Stockholm). Nous pouvons encore en mesurer la force et la portée :
« Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu'elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse. Héritière d'une histoire corrompue où se mêlent les révolutions déchues, les techniques devenues folles, les dieux morts et les idéologies exténuées, où de médiocres pouvoirs peuvent aujourd'hui tout détruire mais ne savent plus convaincre, où l'intelligence s'est abaissée jusqu'à se faire la servante de la haine et del'oppression, cette génération a dû, en elle-même et autour d'elle, restaurer, à partir de ses seules négations, un peu de ce qui fait la dignité de vivre et de mourir. »
Discours de Suède p 18 & 19 ed Folio
Ce n'est pas la seule position de Camus qui soit d'actualité. Mais il est fécond que soit nommé « grande » la tache qui consiste à éviter que le monde ne se défasse.Nous savons aussi que le monde est fini, comme les ressources dans les quelles nous puisons avidement. C'est cette réflexion que je propose comme de départ de notre action pour la ville de demain.
Avant d'achever mon propos, je vous livre cette dernière réflexion : avec la chute du mur de Berlin le monde est devenu FINI. Des générations précédentes ont eu la découverte des Amériques, la conquête d'empires coloniaux, le communisme et le capitalisme. La jeunesse d'aujourd'hui a comme nouvelle frontière l'univers virtuel des jeux électroniques, et, je ne sais qu'en penser !
En écrivant ces lignes il est venu à ma mémoire, un livre écrit par Gaston Rébuffat : «Neige et Roc » , manuel d'apprentissage de la grimpe magnifiquement illustré par les frères Terraz. Il commençait ainsi : « la jeunesse à pour vivre besoin d'un grand dessein... » pour se terminer sur une photo de Gaston avançant sur une arête de neige, corde tendue, avec ce commentaire, « je sais que je serais toujours en marche ». Quand avons-nous cessé de marcher ?
Mars 2008/Mars 2009
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{Dailymotion}xywpm5{/Dailymotion} "Comment devenir franc-maçon?" par Guy Arcizet. |
Comment devenir Franc-maçon au sein du Grand& Orient de France ?
On peut être intéressé par la Franc-maçonnerie soit parce qu’un ami vous en a parlé, soit parce qu’on l’a découverte à l’occasion de lectures ou de recherches personnelles.
Si c’est par un ami que vous connaissez le Grand Orient de France, il peut vous guider dans les démarches à faire pour être candidat dans une loge et vous accompagner dans les différentes étapes de cette candidature. Si vous ne connaissez personne, ce n’est pas un problème. Ecrivez au siège du Grand Orient (16, rue Cadet – 75439 Paris Cedex 09) et votre courrier sera transmis à un responsable maçonnique de votre région. Celui-ci prendra contact avec vous, vous rencontrera et vous assistera dans votre candidature.
A noter que toute candidature est présentée, non au Grand Orient en tant que tel, mais dans l’une des 1050 loges qu’il fédère. La loge est en effet la cellule de base de la Franc-maçonnerie. Elle rassemble d’une vingtaine à une cinquantaine de membres. C’est dans le cadre de sa loge que le Franc-maçon vit sa vie maçonnique.
Quelle est la première étape d’une candidature ?
Un premier contact est pris par le président de la loge (le « Vénérable » dans le vocabulaire maçonnique). Celui-ci doit évaluer les motivations du candidat. La démarche maçonnique est assez particulière et ne doit pas être confondue avec celles des clubs politiques, clubs services (Rotary, Lions…) ou groupes ésotériques divers. Si, à la suite de ce premier échange, il apparaît que c’est bien un engagement maçonnique qui répond à l’attente et aux projets du candidat, le processus se poursuit avec trois nouvelles rencontres.
Comment se déroulent ces rencontres préliminaires ?
Ce sont des entretiens assez approfondis - certains les appellent « enquêtes » ! - avec des membres de la loge. Ils durent entre une et deux heures. Le but de ces échanges est de mieux connaître la personnalité du candidat, ses idées, ses aspirations, mais aussi de répondre aux questions qu’il peut avoir. Les trois Francs-maçons qui rencontrent le candidat en font ensuite un compte rendu à la loge. De même, par ces contacts, le candidat a un premier aperçu du groupe qu’il souhaite rejoindre. Une fois que chacun connaît mieux l’autre, arrive le premier temps fort de l’entrée en Maçonnerie, le « passage sous le bandeau ».
Qu’est-ce que le passage sous le bandeau ?
Le « passage sous le bandeau » est la présentation solennelle du candidat à la loge assemblée. Pour des raisons de discrétion, mais aussi en application de la « méthode maçonnique », la rencontre est organisée d’une manière particulière. Le candidat est introduit dans la loge les yeux bandés et c’est comme cela qu’il répond à un certain nombre de questions qui lui sont posées. C’est à l’issue de ce dialogue que la loge vote sur son admission. Le vote est positif s’il recueille plus des trois quarts des suffrages, ce qui arrive dans la grande majorité des cas.
Comment se passe l’admission ?
Là encore la Franc-maçonnerie a sa méthode. L’admission n’est pas une simple formalité administrative. Au contraire elle obéit à tout un rituel. Selon des usages multiséculaires, l’entrée en Franc-maçonnerie se déroule sous la forme d’une « initiation ». Il s’agit d’une cérémonie au cours de laquelle on fait passer, symboliquement, le candidat des Ténèbres à la Lumière. Nous n’en dirons pas plus car le « vécu » de cette cérémonie participe du cheminement qu’inaugure l’entrée en Franc-maçonnerie.
Et après ?
Après, c'est probablement pour vous le début d'une longue histoire !
Un livre de vulgarisation pour aborder la franc-maçonnerie
Présentation de l’éditeur :
"Encore faut-il avoir le bon livre ! La Franc-maçonnerie pour les nuls propose aux hommes et aux femmes de tous horizons et de toutes cultures un panorama de ce que sont ces sociétés secrètes aujourd’hui. Il permet de mieux comprendre les mécanismes et de démystifier certains aspects de la franc-maçonnerie, tout en conservant le caractère sacré et mystérieux de l’expérience initiatique Qu’est-ce que la franc-maçonnerie ? Quelle est son histoire, son poids dans la vie publique ? Quelle philosophie sous-tend son action ? Comment déchiffrer les symboles maçonniques ? Qu’est-ce que l’initiation, une loge, une obédience ? Et comment devenir franc-maçon ? Les réponses à ces questions et à bien d’autres dans un ouvrage didactique, sans prosélytisme ni défense de clans !
Docteur en science des organisations et franc-maçon, Philippe Benhamou a réalisé l’adaptation française de l’ouvrage
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Histoire de la franc-maçonnerie
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Les origines de la franc-maçonnerie par Roger DACHEZRoger Dachez, né en 1955 est chargé d'enseignement à l'Université Paris Diderot, et président de l'Institut Alfred Fournier à Paris. Il est médecin, historien et franc-maçon. Également président de l'Institut maçonnique de France (fondé en 2002), il est aussi membre du Comité scientifique du Musée de la franc-maçonnerie à Paris. Parallèlement, il dirige la revue d'études maçonniques Renaissance Traditionnelle. Il est l'auteur de nombreux articles de recherche sur les origines historiques et les sources traditionnelles de la franc-maçonnerie.Les Maçons au Moyen-âge.
Les registres des municipalités l’attestent, le Moyen-âge connut beaucoup de sociétés professionnelles. Marchands et artisans se réunissaient dans des confréries ou des corporations chargées de gérer les intérêts du métier : formation, embauche, attribution des chantiers…
Mais à cette époque le travail quotidien de chacun s’inscrit dans une vision du monde profondément imprégnée de sacré. Aussi ces organisations de métier ne se limitent pas à gérer les problèmes techniques mais prennent en charge tout un pan de la vie de leurs membres de la solidarité à la spiritualité.
Les Anciens Devoirs –les statuts des Maçons médiévaux – présentent, à coté de différentes dispositions réglementaires, une histoire mythique et édifiante du métier. Ainsi la Maçonnerie, fille de la Géométrie, a été fondée par Euclide en Egypte et diffusée en Europe par Pythagore! En méditant ce récit des origines le maçon médiéval inscrit son labeur journalier dans le combat séculaire des forces de la Lumière contre les forces des Ténèbres.
Au XVII° siècle, en Ecosse, quelques loges vont accepter des membres étrangers au métier. Ces maçons acceptés sont à l’origine de la Franc-maçonnerie spéculative moderne. Cette entrée importante d’«acceptés» en quelques années laisse supposer un projet sous-jacent mais, en dépit de nombreuses hypothèses, on ignore lequel.
1717 : naissance de la Franc-maçonnerie spéculative
Les loges rassemblant des Maçons «acceptés» –et donc tout à fait étrangères aux problèmes du métier– vont se multiplier en Grande-Bretagne au XVIIème siècle. Peut-être constituaient-elles un refuge pour les hommes de bonne volonté dans une Angleterre déchirée par les guerres de religions et les querelles dynastiques.
En 1717 à Londres quatre loges –dont on ne sait si elles existaient depuis quelques jours ou de nombreuses années– se fédèrent et créent la Grande Loge de Londres et de Westminster.
Les animateurs de la nouvelle Grande loge, en dépit de leurs dénégations, semblent avoir constitué une organisation profondément nouvelle. On ne peut que remarquer les liens de beaucoup d'entre eux –au premier rang desquels le huguenot français Jean-Théophile Désaguliers– avec la Royal Society et les milieux Newtoniens. Les disciples de Newton prônaient la tolérance religieuse et l’étude de la nature.
Dès 1723 la nouvelle organisation publiera ses Constitutions et règlements dont la rédaction a été confiée au Pasteur, d’origine écossaise, James Anderson. Les Constitutions d’Anderson reprennent en partie les Anciens Devoirs mais elles apportent aussi des innovations capitales comme d’assurer aux Francs-Maçons la liberté de conscience.
L’article premier «concernant Dieu et la Religion» précise en effet: «quoique dans les temps anciens, les Maçons fussent obligés, dans chaque pays d’être de la religion du pays ou nation, quelle qu’elle fût, aujourd’hui il a été considéré plus commode de les astreindre seulement à cette religion sur laquelle tous les hommes sont d’accord, laissant à chacun ses propres opinions, c’est-à-dire d’être des hommes de bien et loyaux ou des hommes d’honneur et de probité».
Tout au long du XVIIIème siècle les loges vont se multiplier en Grande Bretagne, elles se rangeront sous l’obédience des Grandes Loges d’Ecosse (fondée en 1736) ou d’Angleterre (celle de 1717). Celle-ci verra apparaître une rivale en 1751, une nouvelle Grande Loge dite, bien que plus récente, «des Anciens».
1725: Implantation de la Franc-maçonnerie en France
C’est autour de 1725 qu’apparaissent les premières loges en France. Elles s’implantent dans l’ambiance libérale et anglophile apparue sous la Régence et ne touchent d’abord que la haute aristocratie.
L’authenticité de la filiation rituelle est dès l’origine une préoccupation des Maçons. Avant que les Grandes Loges ne centralisent l’octroi de patentes aux nouveaux ateliers, ceux-ci les demandaient aux loges anciennes et bien établies qui se créaient ainsi tout un réseau de loges filles.
Avant 1738, les premiers Grands-Maîtres de la Franc-maçonnerie française sont –probablement comme la majorité des frères– des exilés britanniques résidant en France. En 1743, le Comte de Clermont est élu Grand-Maître, il le restera jusqu’à sa mort en 1771. Noble de haut rang, son rôle est d’être un protecteur, il n’intervient pas dans la gestion directe de l’Ordre et n’exerce qu’un parrainage distant relayé par des substituts.
1738 inaugure une longue série de bulles papales d’excommunication des Francs-Maçons. Le Pape reproche à l’Ordre sa tolérance religieuse, on ne met pas sur un même plan la vérité et l’erreur! Cependant ces bulles ne seront jamais enregistrées par les parlements, étape obligée pour avoir force de loi, et les ecclésiastiques seront nombreux dans les loges.
Si le gouvernement du Cardinal Fleury cherche un temps, sans succès, à interdire la Franc-maçonnerie, c’est qu’il y voit un repaire de Jansénistes. Ceux-ci étaient considérés comme des opposants à la monarchie absolue et des partisans de la liberté de conscience. C’est aussi l’époque où les cérémonies et les secrets des Maçons sont révélés au public par des livres ou des gravures.
A partir de 1740 la Maçonnerie va se diffuser largement dans toute la France. Rares sont les petites villes qui ne compteront pas de loges. Elles sont un lieu de convivialité où –bien dans l’esprit du siècle– les frères célèbrent la vertu et l’égalité. Peu à peu –et probablement de manière inconsciente– s’y développe une sociabilité libérale et démocratique qui prépare insensiblement l’avènement des idées nouvelles.
Le Grand Orient de France.
De 1736 à 1755 les loges de France ne sont fédérées que par une allégeance peu contraignante au «Grand Maître des Loges du Royaume», protecteur prestigieux et lointain qui leur laisse une totale liberté. Entre 1755 et 1766, les Vénérables des loges de la capitale, réunis en une «Grande Loge des Maîtres de l’Orient de Paris dite de France», vont essayer d’établir leur autorité sur l’ensemble de la Maçonnerie française. Mais cette «Première Grande Loge de France» n’arrivera jamais à s’imposer. Elle sera déstabilisée de façon chronique par les querelles entre systèmes de hauts-grades rivaux qui essayent d’en prendre le contrôle et se met en sommeil en 1766.
1773 voit une nouvelle tentative pour doter la Maçonnerie française d’un centre commun et d’une autorité reconnue. Deux principes sont définis: l’élection des officiers et la représentation de toutes les loges. Sur cette base les représentants de toutes les loges –y compris et pour la première fois des loges de provinces– sont convoqués. Les travaux des 17 réunions plénières aboutissent à la formation du Grand Orient de France. Au nom du Grand Maître, le Duc de Chartres, et sous l’autorité réelle de l’Administrateur Général, le Duc de Montmorency-Luxembourg, le Grand Orient est géré par trois chambres où siègent les représentants élus des loges. Comme le précise une circulaire de 1788: «le fonctionnement du Grand Orient est essentiellement démocratique». Les neuf dixièmes des loges françaises se rallient à la nouvelle structure.
La création du Grand Orient marque le retour aux leviers de commande de la Maçonnerie française de la noblesse libérale et de la bourgeoisie éclairée. Celles-ci joueront naturellement un rôle de premier plan dans les événements de 1789. On retrouve des Maçons dans tous les débats, et dans tous les camps, de la Révolution Française. Ils sont cependant sur-représentés chez les Girondins. Au delà des itinéraires personnels, la sociabilité maçonnique et le fonctionnement des loges, basés sur la discussion et l’élection, ont certainement largement contribué –peut-être dans beaucoup de cas inconsciemment– à la diffusion des idées nouvelles. Dans les années qui précèdent la Révolution, des loges prestigieuses comme Les Neufs Sœurs, Les Amis Réunis ou La Candeur rassemblent des élites gagnées au «parti philosophique».
La Maçonnerie des Bonaparte
Entre 1800 et 1815, la Maçonnerie fut à la fois favorisée et étroitement contrôlée. La bourgeoisie voyait en Napoléon un rempart contre le retour de l’Ancien Régime et les dérives de la Révolution. Les élites bourgeoises qui accèdent au pouvoir grâce à la Révolution et à l’Empire ont souvent maçonné sous l’Ancien Régime. Elles restent en général fidèles à l’Ordre. Sur les 25 maréchaux d’Empire 17 sont Francs-Maçons, dont Bernadotte, Brune, Kellerman, Lannes, Mac Donald, Masséna, Mortier, Murat, Ney, Oudinot. Le Grand Maître est Joseph Bonaparte, le frère de l’Empereur, et les loges sont effectivement gouvernées par Cambacérès.
Le Grand Orient connaît alors un grand développement dans les 139 départements que compta la France impériale à son apogée. La Maçonnerie est cependant un des rares endroits où les opposants –modérés– à l’Empire furent tolérés. Ainsi les «Idéologues», Cabanis, Destutt de Tracy, Garat, qui avaient essayé d’établir sous le Directoire une République «à l’américaine», purent continuer à maçonner. Par ailleurs, dans toute l’Europe napoléonienne, la Maçonnerie impériale fut l’outil de diffusion de la philosophie des Lumières, à laquelle étaient massivement restés fidèles les cadres de l’Empire. Les principes philosophiques et religieux de la Révolution restent à l’honneur… seules les questions politiques sont totalement proscrites! Jérôme Bonaparte, roi de Westphalie ou Murat, roi de Naples sont aussi Grands-Maîtres en leur royaume.
L’Empire a été une période faste pour les rites et les décors maçonniques. Le Rite Français reste largement majoritaire, le Rite Ecossais Ancien et Accepté s’implante et est promis à un bel avenir mais on pratique aussi les Rites Ecossais Philosophique, d’Heredom de Kilwinning, de Perfection ou des Ecossais Primitifs… Les tabliers deviennent somptueux et de prestigieux graveurs comme le frère Coquardon frappent de superbes jetons de présence de loge.
A la suite de l’expédition du Caire, la Maçonnerie verse dans une intense égyptomanie. Dans «La Franc-maçonnerie rendue à sa véritable origine», Alexandre Lenoir explique les sept grades du Rite Français à la lumière des mystères de Memphis, sanctuaire de l’«initiation éternelle» et en 1813 apparaît le Rite de Misraïm ou d’Egypte.
Le cheminement souterrain des idées républicaines
Comment l’institution politiquement conformiste qu’était la Maçonnerie sous le Premier Empire devient, en quelques décennies, l’une des principales caisses de résonance des idées nouvelles? Sous la Restauration, les loges d’orientation explicitement progressiste et politique sont de rares exceptions. Mais les groupes d’opposition comme la Charbonnerie leur sont très liés. Par ailleurs, même la majorité des ateliers maçonniques, en professant et en mettant en œuvre une sociabilité libérale où étaient invoquées la vertu et la fraternité humaine ont rempli, probablement inconsciemment pour la plupart d’entre eux, le rôle de conservatoires des principes de 1789.
En 1830, de très nombreux maçons sont impliqués dans les Trois Glorieuses et le Parti du Mouvement, dont le F? Lafayette est la figure emblématique, apparaît largement maçonnisé. L’échec politique des libéraux de progrès à partir de 1834 accentuera le brassage des idées nouvelles dans les loges. En 1836 «Les Elus de Sully», à Brest, demande, sans succès, au Grand Orient de changer leur titre en «Les Disciples de Fourier». A Paris, «La Clémente Amitié» organise des cours de Fouriérisme. L’intérêt pour les questions politiques et sociales n’est plus l’exception. 1848 verra l’émergence de la première génération de loges engagées. Le gouvernement de la Seconde République compte de nombreux maçons dont Flocon, Crémieux, Garnier-Pagès, Pagnerre, Carnot et Shoelcher qui fait aboutir son généreux combat pour l’abolition de l’esclavage. L’échec des démocrates-socialistes à partir de 1849 porte un coup très dur à des dizaines de loges du Grand Orient. Le préfet conservateur de l’Yonne se plaint que la loge «Le Phénix» «initie… aux funestes doctrines du socialisme». Le Vénérable de «L’Unanimité» est l’un des «meneurs du parti révolutionnaire». L’engagement de nombreuses loges en faveur d’une République sociale mit en difficulté l’administration du Grand Orient lors du retour au pouvoir du parti conservateur. La Maçonnerie était en ligne de mire. La diplomatie du frère Perier, secrétaire de l’obédience, réussit à limiter la répression à la fermeture définitive de 5 ou 6 ateliers au plus, les plus engagés, et à la suspension provisoire de quelques dizaines de loges. Les «Démoc-Soc» quarante-huitards réfugiés à Londres constituent des loges d’opposants à Napoléon III.
Le Second Empire
Pour survivre à la proclamation de l’Empire Autoritaire et prévenir toute interdiction de la Maçonnerie après le Coup d'état du 2 décembre, le Grand Orient dut donner des gages. Il porta donc à sa présidence Lucien Murat, un proche de Napoléon III qui n’était pas des plus éclairés. Il tenta de constituer une maçonnerie «officielle» limitée à l’exercice du rituel, à la bienfaisance et à l’étude de la morale. On doit néanmoins mettre à son actif l'achat de l'ancien hôtel du Maréchal de Richelieu, qui est aujourd'hui encore le siège du Grand Orient de France. Cette tentative de reprise en main autoritaire du Grand Orient créa de multiples oppositions, au point que le Grand Maître Murat fut obligé de se retirer en 1861.
La liberté de conscience et la question des femmes
La consolidation de la IIIe République dans les années 1880 marque donc le retour de la Maçonnerie dans l'espace social où se fait l'Histoire.
Il va s'accompagner d'un profond renouvellement de l'institution. Le courant progressiste lancé en 1860 par Massol –le prophète de la «Morale indépendante»– prend le pouvoir au Grand Orient en 1880. A la même époque les loges bleues du Suprême Conseil s’émancipent pour finalement créer la Grande Loge de France. Les jeunes cadres de la nouvelle République, marqués par le positivisme, vont aussi vouloir réformer la Maçonnerie pour en faire un outil au service du progrès de l’humanité.
Ainsi –héritage croisé du déisme des Lumières et du spiritualisme de 1848– la Constitution du Grand Orient précisait que la Franc-maçonnerie avait pour principes «l’existence de Dieu et l’immortalité de l’âme». Cette obligation de nature religieuse n’était plus respectée dans les faits à une époque où les élites intellectuelles étaient profondément marquées par l’agnosticisme philosophique d’Auguste Comte. En 1877, le Convent du Grand Orient de France abolit donc cette obligation. Ainsi est née la Maçonnerie libérale –ou adogmatique– qui, considérant que l’engagement maçonnique n’est pas d’essence religieuse, laisse à ses membres la liberté de croire ou de ne pas croire. Cette décision fait aujourd’hui encore l’originalité du Grand Orient en le mettant à l’avant-garde, selon les uns, ou hors la loi, selon les autres, de la Franc-maçonnerie universelle.
A partir du moment où la Maçonnerie se voulait le fer de lance de l’émancipation de l’Humanité, il était de plus en plus difficile d’exclure la moitié de celle-ci de l’initiation maçonnique. Tant à la Grande Loge qu’au Grand Orient, les débats sur l’entrée des femmes en Franc-maçonnerie vont se multiplier entre 1880 et 1920. Deux solutions apparaissent. En 1893 se crée une obédience accueillant hommes et femmes sur un pied d’égalité: l’«Ordre Maçonnique Mixte International Le Droit Humain». En 1901, la Grande Loge de France refonde les loges d’adoption ne réunissant que des sœurs. Ces loges d’adoption prendront leur indépendance et constitueront par la suite la Grande Loge Féminine de France. A côté du «Droit Humain» se sont formées d’autres obédiences mixtes comme la G.L.M.U. ou la G.L.M.F.
L'entre deux-guerre ou l'ère des interrogations
Les lendemains de la «Guerre de 14» sont une période de doutes et d’interrogations pour la conscience européenne. Le progrès, la science, la démocratie n’ont pas empêché l’horreur des tranchées qui a englouti sauvagement toute une partie de la jeunesse. Les maçons n’échappent pas à cette ambiance de remise en question. D’autant que si la République, fermement installée au prix de combats et de sacrifices, a apporté beaucoup –libertés publiques, enseignement, début de protection sociale– l’usure du pouvoir commence aussi à se faire sentir. Le «Cartel des Gauches» sera le dernier grand combat politique dans lequel les loges s’engageront directement.
De ces interrogations, la personnalité d’Arthur Groussier est emblématique. Issu de la politique militante –parlementaire socialiste, il est le créateur du Code du Travail– il invite les maçons à se pencher sur leur histoire et à revisiter leur patrimoine symbolique. Oswald Wirth et sa revue «Le Symbolisme», Edmond Gloton et «La Chaîne d’Union», témoignent du retour d’un intérêt pour les questions spécifiquement maçonniques. Dans cette perspective, le Grand Orient réveille le Régime Ecossais Rectifié. Toujours soucieuse de la place de l’homme dans la cité, la démarche maçonnique se veut cependant plus philosophique que directement politique. Ce recentrage s’accompagne d’une active politique internationale. Grâce à l’«Association Maçonnique Internationale», la maçonnerie française établit des relations d’amitié avec la plupart des grandes obédiences européennes.
Si l’antimaçonisme est contemporain de l’apparition des loges au XVIIIe s., il connaît une véritable flambée à partir de 1870. Rome et les prélats français voient dans la maçonnerie «La Synagogue de Satan» et –professant aussi un antisémitisme virulent– ils dénoncent le «complot judéo-maçonnique». De la Révolution Française à l’avènement de la IIIe République, les loges sont accusées d’avoir été le fer de lance de l’humanisme et du modernisme. Dès que l’extrême-droite prend le pouvoir –en Italie, en Allemagne et en France à l’occasion de l’occupation nazie– les loges sont interdites et les maçons pourchassés. Le régime collaborateur de Vichy édictera des lois antimaçonniques, pillera les temples; de nombreux frères mourront en camps de concentration. La Franc-maçonnerie sera l’une des composantes importantes de la Résistance.
L’article premier «concernant Dieu et la Religion» précise en effet: «quoique dans les temps anciens, les Maçons fussent obligés, dans chaque pays d’être de la religion du pays ou nation, quelle qu’elle fût, aujourd’hui il a été considéré plus commode de les astreindre seulement à cette religion sur laquelle tous les hommes sont d’accord, laissant à chacun ses propres opinions, c’est-à-dire d’être des hommes de bien et loyaux ou des hommes d’honneur et de probité».
Tout au long du XVIIIème siècle les loges vont se multiplier en Grande Bretagne, elles se rangeront sous l’obédience des Grandes Loges d’Ecosse (fondée en 1736) ou d’Angleterre (celle de 1717). Celle-ci verra apparaître une rivale en 1751, une nouvelle Grande Loge dite, bien que plus récente, «des Anciens».
Les origines de la franc-maçonnerie par Roger DACHEZ
Roger Dachez, né en 1955 est chargé d'enseignement à l'Université Paris Diderot, et président de l'Institut Alfred Fournier à Paris. Il est médecin, historien et franc-maçon.
Également président de l'Institut maçonnique de France (fondé en 2002), il est aussi membre du Comité scientifique du Musée de la franc-maçonnerie à Paris. Parallèlement, il dirige la revue d'études maçonniques Renaissance Traditionnelle.
Il est l'auteur de nombreux articles de recherche sur les origines historiques et les sources traditionnelles de la franc-maçonnerie.
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Franc-maçonnerie et monde protestant
Depuis son origine, la maçonnerie a entretenu avec le protestantisme des relations équivoques et contrastées, que la tolérance n’a pas toujours éclairées.
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On a souvent souligné le rôle joué, dans la genèse de la franc-maçonnerie spéculative et obédientielle moderne, telle qu’elle surgit au début du XVIIIe siècle en Angleterre, par certains ministres protestants au premier rang desquels, bien sûr, les Révérends Jean-Théophile Désaguliers, de l’Église d’Angleterre, et James Anderson, presbytérien d’origine écossaise. Au-delà de ces personnalités elles-mêmes, on a maintes fois souligné l’esprit qui s’exprime dans le fameux Titre Ier (« Concernant Dieu et la religion ») du Livre des Constitutions de 1723, édité sous l’autorité de la jeune Grande Loge de Londres, faisant de la maçonnerie le « Centre de l’Union » entre les « dénominations et confessions ». Il est facile d’y voir une manifestation de tolérance religieuse que des protestants tentaient alors d’imposer dans un pays déchiré pendant deux siècles par des querelles religieuses terribles et sanglantes.
Jean-Théophile Désaguliers (1685-1744)
On ne peut encore que relever le contraste existant entre l’extraordinaire destin de la maçonnerie en Angleterre - puis dans toutes les Iles britanniques et dans l’Empire - bientôt intimement liée à tous les dignitaires de l’Église d’Angleterre et de la Monarchie elle-même, et les avanies - car il n’y eut pas de vraie persécution - que durent subir les Frères en France, presque tous catholiques mais simplement « tolérés par le gouvernement » en tant que maçons, parfois embastillés et subissant dès 1738 les foudres de la condamnation papale et l’excommunication majeure - du reste sans effet pour eux en France, grâce aux privilèges de l’Église gallicane et à l’opposition des Parlements...
Or, malgré ces débuts favorables, l’histoire des relations entre les différents églises issues de la Réforme et l’institution maçonnique, à travers le monde, n’a pas toujours été simple ni constamment amicale. Depuis quelques années, notamment en Angleterre mais aussi aux États-Unis, plusieurs églises ont émis des jugements plus moins ou critiques, parfois franchement très hostiles, comme dans les milieux évangéliques, et formulé des recommandations défavorables à l’égard de la maçonnerie.
Malgré les apparences, une telle méfiance et parfois un tel rejet explicite peuvent se comprendre. L’une des caractéristiques majeures du monde protestant est en effet d’être éclaté, fragmenté en une multitude de dénominations qui, au cours de l’histoire, ont souvent montré plus d’hostilité les unes envers les autres, qu’envers leur adversaire commun, l’Église catholique. Il règne volontiers dans ces diverses églises, encore plus ou moins marquées par la mystique de l’élection, le sentiment diffus d’appartenir à une communauté retranchée du monde, marquée d’un sceau particulier, et porteuse d’une grâce spéciale. Ce sentiment peut du reste être vécu dans une certaine convivialité à l’égard des autres groupes religieux ou spirituels, et l’on a vu nombre de protestants s’engager en maçonnerie, et celle-ci entretenir des relations officielles courtoises avec plusieurs églises de la Réforme. Il n’en demeure pas moins que la tolérance envers ceux que l’on croit objectivement dans l’erreur, lorsque l’on appartient à une communauté qui est « possédée » par la vérité, ne peut s’étendre au-delà de certaines limites. Force est de le constater, et l’histoire le montre : le protestantisme a toujours revendiqué la tolérance pour lui-même, mais ne l’a pas toujours pratiquée à l’égard des autres lorsque le pouvoir lui a été donné...
La franc-maçonnerie qui elle aussi est une société sinon fermée du moins seulement entrouverte, pas réellement secrète mais plutôt discrète sur sa vie interne, montre ici sa différence essentielle par rapport au particularisme protestant. La franc-maçonnerie a une vocation qu’elle qualifie elle-même d’universaliste, elle repose sur l’idée que sa méthode, son ambition, sont accessibles à tous les hommes de bonne volonté, et que la nature humaine est fondamentalement perfectible par le travail intérieur, moral, intellectuel et spirituel auquel elle l’invite. Une telle conviction qui laisse à chaque homme un espoir, une telle démarche volontariste qui invite chacun à œuvrer, à bâtir sa vie pour la rendre meilleure, peut heurter, on en conviendra sans peine, certaines sensibilités protestantes.
Au-delà même de cet aspect moral et théologique, aujourd’hui en recul dans le monde protestant - comme d’une manière générale toute formulation doctrinale claire dans les églises chrétiennes contemporaines - la simple appartenance maçonnique peut apparaître aux yeux de certaines communautés ferventes - notamment fondamentalistes - comme une sorte de reniement, ou du moins de manquement à l’égard de l’église, puisqu’on va chercher en dehors d’elle ce que la foi et l’Écriture seules, autour desquelles elle s’est structurée, peuvent apporter aux justes.
On peut noter enfin que la même ambiguïté, curieusement, marque aujourd’hui les réactions protestantes et catholiques à propos de l’engagement maçonnique. Il était aisé au siècle dernier de ne voir dans la maçonnerie, en France singulièrement, qu’une machine de guerre contre la religion - quelle qu’elle fût -, et les protestants pouvaient même secrètement se réjouir de voir leurs alliés objectifs, les maçons, attaquer sans répit l’Église catholique et chasser les congrégations. De nos jours, nombreux sont ceux, pourtant, qui ont saisi la dimension manifestement spirituelle et même presque religieuse de la maçonnerie, dans certaines de ses expressions. C’est alors cet engagement spirituel lui-même qui est dénoncé, par l’Église d’Angleterre en 1986, puis par l’Église méthodiste, comme elle l’est désormais dans un argumentaire renouvelé depuis 1983 par l’Église catholique : la maçonnerie est devenue une rivale aux yeux de toutes ces églises parce ces dernières voient en elle une sorte d’église concurrente. Singulier retournement d’alliance !
Cela n'a pas empêché, en Angleterre, d'honorables clergymen de continuer à fréquenter les loges dont ils sont souvent les Chapelains - un Office incontournable dans la maçonnerie anglo-saxonne...
Un document de travail du Synode de l’Église d'Angleterre en 1986 concluait de façon partiellement négative...
Il faut sans doute rappeler que le problème maçonnique n’est pas une préoccupation majeure pour la majorité des églises protestantes, singulièrement en France, que nombre de protestants – notamment dans la mouvance libérale encore bien représentée en France – fréquentent aujourd’hui les loges et parmi eux plus d’un pasteur. La plupart d’entre eux n’éprouvent aucune difficulté dans leur vie maçonnique, et ne ressentent aucune contradiction entre ces deux engagements, mais on pourrait, sur tous ces points, faire les mêmes observations à propos du monde catholique dont les fidèles, et parfois les prêtres, ignorent désormais sans inquiétude les réserves ou condamnations récemment renouvelées par le Vatican – on vient de le voir, récemment encore, avec le Père Vésin dont l’outing maçonnique lui a valu d’être exclu brutalement de son ministère !
En un siècle où dépérissent les Églises constituées et prolifèrent à nouveau les sectes, la maçonnerie, par sa nature hybride, à la fois société de pensée et communauté spirituelle, n’est plus pour le monde protestant l’alliée presque privilégiée qu’elle fut sans aucun doute au siècle dernier. Rien, cependant, ne peut les opposer fondamentalement - pour peu que leur esprit fondateur y demeure.
Cette remise en cause peut même être profitable à ces Églises qui doivent aujourd’hui s’interroger sur ce qu’elles veulent être désormais, comme à la maçonnerie, songeant à ce qu’elle pourrait redevenir….
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L'histoire du Réveil du Béarn loge maçonnique du Grand Orient de France à Pau
Le 10 novembre 1888, la Loge Saint-Jean, à l'Orient de Pau, se dota du titre distinctif Le Réveil du Béarn.
La Loge ainsi désignée, conservait son vocable général Saint-Jean, abandonnait son titre distinctif Le Berceau d'Henri IV, continuait la construction maçonnique entreprise à Pau, plus d'un siècle auparavant, en 1775. La continuité maçonnique sur deux longs siècles, dont cent ans sous le titre distinctif Le Réveil du Béarn, doit cependant être tempérée par les longues périodes de sommeil que connurent les ateliers. En un siècle, le Réveil du Béarn n'a travaillé que quatre-vingt-neuf ans, et depuis la création-du premier Atelier, voici deux cent treize ans, il faut compter cent ans d'interruption, essentiellement au XIXe siècle.
1775-1888 Le long siècle des débuts de la Maçonnerie béarnaise
Si Bayonne vit en 1770, la naissance de la première Loge maçonnique régulière du bassin de l'Adour, c'est à Pau que naquit la seconde. L'Atelier compte alors vingt-trois membres régulièrement inscrits. En 1788, changement de nom de La Sincère Réunie pour Le Berceau d'Henri IV . En 1788, l'Atelier comptait trente-deux membres régulièrement inscrits sur le tableau de Loge
- Le Berceau d'Henri IV quatre-vingt-trois ans de sommeil et dix-neuf ans d'activité
La Révolution interrompit bien vite l'activité des Loges et le Berceau d'Henri IV cessa en 1791. En mai 1808, Le Berceau d'Henri IV renaît. En juin 1808, le second Berceau d'Henri IV compte soixante-cinq membres, mais se met en sommeil en 1810. C'est au cours de cette période que notre Frère Abd el-Kader est interné au château de Pau, mais il n'y fut point initié.
La Loge renaît une seconde fois, plus d'un demi-siècle plus tard, le 23 septembre 1863,. L'installation a lieu le 10 avril 1864. En 1869, on dénombre trente-six membres. Après douze ans d'existence, l'Atelier fut mis en sommeil le 5 novembre 1875.
Tour Eiffel en 1888
1888-1894 Le premier Réveil
Le 18 août 1888, les travaux reprennent à la Respectable Loge Le Berceau d'Henri IV, en sommeil depuis treize ans .
Ce n'est qu'à la tenue suivante, le 31 août, que le changement de titre est proposé le. Le 10 novembre suivant, le nouveau titre distinctif est accordé par Paris.
1901-1914 Une loge Républicaine en terre de mission
Le 28 décembre 1901, après sept ans de sommeil, Le Réveil du Béarn, reprend ses activités.
La Loge se fait représenter, à l'automne 1902, au congrès du Parti Radical à Marseille, par lson président et à celui du congrès Radical-Socialiste de Lyon. Le 26 mars 1904, notre Atelier participe au congrès des sociétés pour la Paix, qui se déroule à Paris et, en juillet, un Frère représente la Loge à Rome, lors du congrès sur la Libre-Pensée. Le ressac politique parvient à l'Atelier le 26 juillet 1902, celui-ci envoie ses félicitations au Frère Émile Combes, président du Conseil des Ministres. Les documents font aussi mention d'attaques de la part des Jésuites, d'un soutien à l'action de la Ligue des Droits de l'Homme créées pour réhabiliter le capitaine Dreyfus. La lutte contre les congrégations revient souvent. En mars 1904, l'Atelier s'étonne que celles-ci ne soient pas exclues des colonies et préconise, en avril, des missions laïques pour « combattre le rôle néfaste des congrégations. » En novembre 1904, l'Atelier émet des avis pour préparer la loi de Séparation des Églises et de l'État. Il se trouve partie prenante en 1905 et 1906 dans l'affaire des fiches qui provoqua la chute du ministère Combes..
Mais c'est par les vœux envoyés au Convent ou émis par des Frères que le Réveil du Béarn de ce début de siècle révèle sa personnalité. On y relève toute une série de propositions résolument novatrices et dont le modernisme subsiste, comme la suppression des conseils de guerre (1903), l'inamovibilité de la magistrature, l'abolition de l'Ordre des avocats, la suppression des décorations gouvernementales (février 1905), la suppression de la revue du 14 Juillet « à cause de la chaleur... et pour la liberté du soldat » (juin 1905). Le 14 novembre 1906, plusieurs Maçons socialistes, à l'époque opinion très à gauche, demandent une aide pour renforcer le journal l'Humanité fondé par Jean Jaurès en 1904.
1914-1939 Le Réveil du Béarn aux années de maturité de la IIIe République
Le 13 décembre 1914, la vie maçonnique reprend dans un nouveau local, notre Temple actuel. Au moment de cette installation, sur les trente-huit Frères de l'Atelier, treize seulement sont présents. C'est déjà la guerre.
En février 1915, l'Atelier émet un vœu contre la guerre, pour un tribunal international et demande à toutes les puissances maçonniques des pays belligérants, mais aussi neutres, d'œuvrer pour arrêter la guerre..
Les Maçons de Pau continuent leur combat anti-clérical, demandent davantage de gratuité dans l'enseignement secondaire, assurent la promotion de la laïcité.
Vient l'année 1940, l'invasion et le début des années noires pour la Maçonnerie. Notre local est investi par un service administratif gouvernemental.
En juin 1940, le Vénérable est destitué de sa fonction d'inspecteur primaire et, certainement bien informé, demande à tous les membres de lui remettre leur démission puis décide de brûler les archives de la Loge, afin que celles-ci ne tombent pas aux mains de nos ennemis.
Vitrail
1940-1947 Une loge dans la tourmente
Le Réveil du Béarn entre dans la clandestinité en 1940. La loi du 13 août 1940 interdit les associations secrètes dont la Franc-Maçonnerie. A Pau, quelques Frères du Réveil du Béarn se réunissent dès le 20 juin 1940 et décident d'agir contre la débâcle. Dans les Basses-Pyrénées le mouvement Combat joua un rôle primordial. Il fut fondé en 1941 par 4 Frères . À partir de 1943 et jusqu'à la Libération, trois Francs-Maçons s'affirment comme les chefs de la résistance départementale. A côté de ces trois responsables qui personnifièrent la Résistance dans notre département, de nombreux Frères occupent des fonctions importantes dans la Résistance. Par ailleurs, de nombreux résistants devaient entrer en Maçonnerie au Réveil du Béarn, après la guerre.
La répression qui s'abattait sur tous les résistants n'épargna point nos Frères .certains furent internés. D'autres furent inquiétés à cause de leur engagement maçonnique,. D'autres furent déplacés d'office, À la Libération, le Réveil du Béarn joua un rôle important dans l'insurrection nationale. Les décorations pleuvent sur cette poignée de Résistants de la première heure, sept sont décorés de la Légion d'Honneur, dix de la médaille de la Résistance, treize de la Croix de Guerre. Couvert d'opprobre en 1940, le Réveil du Béarn sort la tête haute de la tourmente, La reprise d'activité et la liquidation des années noires occupèrent l'après-guerre. Le 21 novembre 1944, les feux renaissent au Réveil du Béarn. Ce jour-là, vingt-cinq Frères se réunissent. Ce n'était pas encore une Tenue, le Cahier d'Architecture indique une « réunion », parle d'un « comité ». Le Temple a été réquisitionné, le mobilier vendu aux enchères par les Domaines, pour la somme de quatre mille quatre cents francs,. Le Réveil du Béarn fut, semble-t-il, la seule Loge du Sud-Ouest dont le mobilier fut ainsi dispersé aux quatre vents. Parmi le noyau des vingt-cinq repreneurs, la plupart furent Résistants. Au cours de cette première réunion, fut par ailleurs évoquée la possibilité de fusion entre les deux principales obédiences maçonniques, la Grande Loge de France et le Grand Orient de France, qui avaient de fait travaillé en commun dans la clandestinité. Les réunions suivantes eurent lieu une fois par mois, le plus souvent au Club Anglais, mais aussi à la maison Justin-Blanc, ou bien au Parlement de Navarre, jusqu'au mois de juin 1945. En mars 1945, était arrivée l'autorisation de reprise des activités émise par le Grand Orient, Le 24 juin 1945, débute la première Tenue dans notre local remis à peu près en état par le travail acharné des Frères. Ils sont vingt-trois présents.
De nombreux Frères s'émeuvent de l'interdit que fait régner le Parti Communiste Français sur l'adhésion des communistes à la Maçonnerie. Les Frères se déclarent aussi solidaires des persécutions en Espagne. Fidèle à la ligne suivie depuis sa création, le Réveil du Béarn reste partie prenante de la vie, politique, économique, sociale de la Cité.
Assiette
Ces 20 dernières années
Nous pouvons décliner les activités du Réveil du Béarn en cinq rubriques :
- L'extériorisation vers nos Frères Ibériques
- Les travaux sur l'immeuble
- La dynamique des effectifs
- Les manifestations exceptionnelles
- Les thèmes de réflexion
L'Ibérie
Le point de départ fut le colloque de 1987 , " L'apport de l' IBÉRIE à la construction européenne " une approche politique, économique et maçonnique durant 2 jours. Plus de 500 personnes participèrent à ce colloque au théâtre St LOUIS. Il s'en suivi la mise en œuvre de relations continues avec nos Frères d'Espagne et du Portugal.
Ainsi chronologiquement à partir de 1988 , VALLADOLID et SARRAGOSSE en 1989 et création d'un lien permanent avec nos Frères et nos Sœurs qui ont généré des échanges annuels, MANGUALDE 1990 , MADRID , MALAGA (allumage des feux) , LISBONNE ( cinq voyages et jumelage officiel avec la loge Obreiros do Trabalho) ,MONDRAGON ), BARCELONNE, GIJON . Car telle est notre vocation de porter à l'extérieur... Ajoutons qu'un bon nombre de Frères de notre Orient sont d'origine Ibérique et parlent couramment le castillan.
Colonnes
Les travaux dans les locaux
En 1945 l'immeuble de la rue Lapouble nous fut restitué, il restait la structure, bâtie sur le nombre d'or, mais vide et délabrée. Un réaménagement symbolique fut réalisé.
Dans les années 1980 nos Frères prirent conscience de la nécessaire obligation d'entretenir l'immeuble d'où au fil du temps : 1983 construction de la salle humide et de ses dépendances , grâce à une souscription des Frères du Réveil et un emprunt.
1991: réfections de la charpente et de la toiture et création de la salle de réunion du rez-de-chaussée.
1993: Réfection de l'éclairage du temple
1995: Création de la bibliothèque
1998: Mise aux normes de la salle de remise en température des plats 2002. Début des travaux de la salle de réunion du premier étage
2005: Finition de la salle de réunion du premier étage, informatisation et connexion Internet 2006 Réfection des parvis, de la salle des vestiaires et mise en sécurité et conformité de l'immeuble
En 2008, nos Frères ont fait une recomposition totale du temple avec nouvelle décoration, éclairage, sécurité , utilisant la méthodologie et l'esthétique du début du 21ème siècle. Le financement est assuré grâce à une souscription des Frères du Réveil du Béarn et un prêt bancaire, comme en 1983.
En 2012 nous avons refait la "salle humide" appelation maçonnique de la salle à manger.
Il nous paraît important de signaler qu'au 6 de la rue Lapouble en 1980 travaillaient : Une Loge du Grand Orient de France " Le Réveil du Béarn " Une Loge de la Grande Loge de France " Progrès et Humanisme " Une Loge du Droit Humain " Les Enfants d'Hiram " Une loge de La Grande Loge Féminine de France " Miressoo " Aujourd'hui, vingt huit ans après, neuf loges dites bleues et six ateliers dit des hauts grades utilisent ces locaux.
La dynamique des effectifs
Il y a vingt ans, l'arrivée à la maturité de la génération du baby boom, à insufflé à la maçonnerie béarnaise un élan nouveau en terme d'effectifs. Ainsi, le Grand Orient de France a vu la naissance à partir des Frères du Réveil du Béarn de deux nouvelles loges " FEBUS " et " HARMONIO ". Aujourd'hui le Grand Orient de France se compose de quatre loges à l'Orient de PAU, la loge " TOLERANCE " est la dernière création. Une autre loge"Les Frères Reclus" se réunit au temple de Lecar.
Il en est de même pour les autres obédiences, ainsi quatre loges de la Grande Loge de France sont installées à l'Orient de Pau. Le Droit Humain est aujourd'hui composé de deux loges. Plus récemment la Grande Loge Mixte Universelle a allumé les feux d'un nouvel atelier. En 2006 un nouveau temple se construisait à LESCAR sous l'égide du Droit Humain.
Au bilan, en 2014, notre Orient se compose de treize loges bleues, toutes obédiences confondues, bien entendu des obédiences libérales qui se reconnaissent et se reçoivent mutuellement, ainsi que les ateliers des hauts grades du Grand Orient de France , de la Grande Loge de France et du Droit Humain . De cette dynamique nous a conduit à développer les échanges interobédienciels avec le Droit Humain, initié en 1985 et tenues annuelles avec nos Frères de "Progrès et Humanisme " de la Grande Loge de France, ainsi qu'une tenue annuelle de toutes les obédiences de PAU.
Manifestations exceptionnelles
En 2000 nous avons pu fêter les 80 ans de maçonnerie d'un frère pour ses 100 ans, ce qui a posé un problème à notre obédience, en effet il n'existait pas de médaille pour commémorer 80 ans de maçonnerie !!! Notre atelier grandissant en nombre et se rajeunissant il ne fallait pas oublier nos Frères anciens, ainsi en 1995 fut institué une tenue annuelle spéciale en leur honneur.
Les échanges avec nos Frères portugais et espagnols ont engendré la réalisation de voyages familiaux sur plusieurs jours et la rencontre avec nos Frères du bassin de l'Adour faisant partie des visites normales. Il faut signaler les prises de positions sur la cité , en relation avec le Grand Orient de France , par les Frères du Réveil du Béarn. A titre personnel les Frères sont très impliqués dans la société civile en tant qu'élus ou dans les cadres associatifs.
C'est ainsi qu'en 2008 les quatre loges du Grand Orient de France ont organisé toujours au théâtre St LOUIS , une conférence sur la laïcité, avec la venue de trois orateurs mandatés par le Conseil de l'Ordre. Enfin, le " Réveil du Béarn " reçoit de plus en plus souvent, lors de ses tenues , des Sœurs et des Frères d'obédiences amies avec lesquelles le Grand Orient de France entretient des relations fraternelles.Et cette activité se renforce.
Le 11 octobre 2010 nous avons organisé une tenue blanche ouverte sur le thème " l'influence de lobbies dans les institutions européennes" avec pour conférencier le frère Guy LENGAGNE, suivie d'une conférence " publique", avec un collectif d'associations laïque, sous l'intitulé: "Sciences et Religions: le retour de l'obscurantisme".
Le 20 avril 2012 une tenue blanche ouverte sur le thème « Franc-maçonnerie et handicap » avec pour conférenciers, la soeur Francine CARUEL et le frère Jean MOREAU. Elle a rassemblé un large public pour un débat plein d’émotions.
Nous avons, cette année là participé pour la seconde fois, aux journées du patrimoine. 2100 personnes ont pu découvrir notre temple. L'objectif n'était pas de faire du prosélytisme mais plutôt de dire ce que nous ne sommes pas. Des soeurs et des frères de loges amies, ont eux aussi grandement participé à cette organisation. Il y avait cette fois moins de curiosité malsaine et, une notable représentation d'un public jeune et féminin.
Le 07 DECEMBRE 2013 a eu lieu le 125ème anniversaire du Réveil du Béarn en présence du Grand Maître Daniel KELLER. Un hommage fut rendu à 238 ans de présence maçonnique en Béarn par la lecture d’un extrait du tracé de la tenue du 10 novembre 1888 au cours de laquelle il est actée que notre Atelier, précédemment connu comme « Le Berceau d’Henri IV », aura désormais comme nouveau titre distinctif « Le Réveil du Béarn ». Cette célébration sera suivie d’une conférence publique à l’ESC-PAU.
Enfin nous avons co-organisé, le 10 Avril 2014, avec la MJC du Laü, un colloque sur les prisons avec la participation du frère Jean Michel QUILLARDET, des témoins directs et des chercheurs. Un débat avec trois collèges, une table ronde, ainsi qu'une conférence en soirés, ont eu lieu ce jour là.
Principaux thèmes travaillés en loge
En vingt ans nos Frères ont traité en loge des grands problèmes de notre société : chômage, partage du travail et des richesses, poursuite de la réflexion sur la laïcité de plus en plus nécessaire d'où la proposition de thème par les Frères du Réveil " L'école de la république, pourquoi faire ?", puis la recherche de ce qui fonde l'universel.
La présence de bon nombre de nos Frères travaillant tant en France qu'à l'étranger nous a permis de prendre en compte les grands problèmes mondiaux. Nous avons traité les problèmes éthiques, non moralisateurs, insistant sur droits et devoirs.
Nos Frères ont toujours attaché une grande importance à la vie de groupe. Souder la fraternité et la convivialité en salle humide conduit à la mise en commun de moments lumineux (fêtes, naissances...) mais aussi temps noirs (décès, hospitalisation, problèmes économiques..).
Sceau
Conclusion
L'Atelier fut de tous les combats pour la démocratie, surtout aux heures troubles de 1958, pour la Laïcité en s'opposant aux lois Marie, Barangé et Debré, pour la Paix, aussi bien en dénonçant la force de frappe que la guerre d'Algérie. Enfin, dans le combat mené par les femmes pour leur libération, le Réveil du Béarn s'est prononcé sans ambages pour l'égalité des droits et la liberté de procréer. À la fin des années 60, le planning familial, qui n'avait pas encore pignon sur rue, était installé au domicile du président.
Depuis plusieurs années Le Réveil du Béarn a évolué accompagnant et souvent précédant les évolutions de la société. Il s'est développé au point d'être à l'origine de la création de deux autres loges qui elles aussi se développent harmonieusement. Son recrutement s'est diversifié ce qui fait que tous les acteurs de la société civile se retrouvent et s'enrichissent de leurs différences et c'est bien là un objectif important de la maçonnerie. Fidèle à la tradition maçonnique, mais avec le souci de comprendre l'évolution du monde, nous tentons d'être à l'avant garde de l'humanisme, afin de rendre le futur possible.
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