Communiqués et discours | Publié le 06/04/2018 | émis le 05/04/2018
Les associations signataires, membres du Collectif laïque national (CLN) expriment leur grande inquiétude et leur préoccupation et demandent instamment le retrait des dispositions adoptées le 13 mars dernier par le Sénat à l’occasion du débat sur l’article 38 du projet de loi « pour un Etat au service d’une société de confiance ».
La majorité sénatoriale vient en effet de rétablir, après que l’Assemblée nationale l’a rejeté, l’article 38 de ce projet qui modifie l’article 19 de la loi de Séparation des Églises et de l’État en permettant aux associations cultuelles de détenir et gérer des immeubles à objet lucratif, pour « renforcer leurs ressources » (art 38-I) en bénéficiant plus largement de subventions publiques indirectes sous la forme d’exemptions d’impôt. Cet article remet en cause l’équilibre même de la loi de 1905, qui limite strictement à l’exercice du culte l’objet et les ressources de ces associations.
Le Sénat a de surcroît protégé les immeubles des associations cultuelles contre toute préemption par une collectivité publique (art 38-III), considérant que ces associations seraient au-dessus de l’intérêt général.
Les associations signataires demandent également l’abandon d’une autre disposition (art 38-II) qui modifie la loi sur la transparence et la lutte contre la corruption en exemptant les associations cultuelles de l’obligation de déclarer leurs actions de lobbying auprès des décideurs publics. Cette mesure constitue un abandon manifeste du principe de séparation et laisse le champ libre, en toute opacité, à toutes sortes de pressions cléricales sur les pouvoirs publics.
Le vote et l’application de ces articles ouvriraient de larges brèches dans l’édifice de la laïcité républicaine. En conséquence, les associations signataires pressent les deux Chambres de revenir sur l’ensemble de ces dispositions contraires tant à la lettre qu’à l’esprit de la loi de Séparation de 1905, clé de voûte de la République laïque.
Par ailleurs, même si cette disposition ne concerne pas essentiellement la laïcité, les associations signataires, comme tous les citoyens, ne peuvent que s’inquiéter de voir les article nouveaux 38-IV et 38-V adoptés par le Sénat remettre en cause la loi sur la transparence et la lutte contre la corruption, en exemptant de son application tous les principaux élus locaux, ainsi que nombre de décideurs de l’État.
Pour le Collectif Laïque National
Grand Orient de France, Grande Loge Mixte Universelle, Grande Loge Mixte de France, Grande Loge des Cultures et de la Spiritualité, Union des Familles Laïques (U.F.A.L), Comité Laïcité République, EGALE, Laïcité Liberté, Fédération Nationale des Délégués Départementaux de l'Education Nationale (D.D.E.N), AWSA – France, Libres MarianneS, Femmes Contre les Intégrismes, C.A.E.D.E.L. – Mouvement Europe et Laïcité, Regards de Femmes, la Ligue du Droit International des Femmes (LDIF), Conseil National des Associations Familiales Laïques (C.N.A.F.A.L), Le Chevalier De La Barre, Observatoire de la Laïcité de Provence (O.L.P.A), l'Observatoire de la Laïcité de Saint Denis (O.L.S.D), Observatoire de la Laïcité du Val d’Oise – Forces Laïques, Association des libres penseurs de France (A.D.L.P.F), Comité 1905 de l’Ain, Agir pour la laïcité et les valeurs de la République.
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Il y a une poignée d’années, souvent j’entendais le qualificatif de « privilégiés » pour des classes sociales qui l’étaient sûrement… Parmi elles se trouvaient les présidents des entreprises du CAC 40, les Dassault, Arnaud, Pinault, etc. ; les dirigeants des multinationales comme Total, l’Oréal ; les P.D.G. des groupes financiers mondialisés. Leur fortune donnait et donne encore le vertige. Il fallait aussi compter avec les héritiers, « de tota traca » (1) !
Depuis peu, les cheminots sont devenus des « privilégiés » ! Cette manipulation langagière trouble volontairement nos concitoyens. Les tenants de la « doxa néolibérale » prétendent que leur statut serait la raison principale de la dette abyssale de la SNCF. Je crois plutôt que ce sont 30 ans de choix calamiteux de sa direction et de l’État qui en sont la véritable cause. Cette antienne culpabilisante exige des nouveaux privilégiés — les retraités, les chômeurs, « and so on ». — de nouveaux sacrifices, quand nos privilégiés ont vu leur fiscalité notablement allégée par le gouvernement de M. Philippe.
Il y a peu, « Le Canard enchaîné » épinglait les hauts fonctionnaires du Quai d’Orsay dont les salaires stratosphériques me laissent rêveur. Faisaient-ils partie, eux aussi, de cette classe privilégiée ? J’ai lu, il y a longtemps, « La Noblesse d’État » (2). Bourdieu, notre illustre béarnais, y décrit et analyse les comportements monarchiques de notre « technostructure ».
Elle gère, depuis 60 ans, les grands corps de l’État, mais aussi la majorité des entreprises du CAC 40. « La noblesse d’État qui dispose d’une panoplie sans précédent de pouvoirs, économiques, bureaucratiques et même intellectuels, et de titres propres à justifier son privilège […] est l’héritière structurale — et parfois généalogique — de la noblesse de robe. » écrit-il. Je croyais avoir entendu que les privilèges avaient étaient abolis un certain 4 août 1789. « C’est de l’histoire ancienne ! » me direz-vous. Nous serons donc tous un jour des nantis, sans l’avoir voulu. Cela va sans dire…
1. De tout ordre.
2. Pierre Bourdieu, éd. de Minuit, 1989.
S.J
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La Démocratie a intronisé Ubu à la Maison Blanche, Néron s’amuse au Kremlin ; sous le ciel de Carcassonne, tandis que le jour se lève comme on lève le gibier, un délinquant prétend avoir reçu une révélation ; il sort son arme et court à sa perte. Un héros donne sa vie pour sauver un otage, l’otage culpabilise et la nation entière est endeuillée. L’effroi et l’émoi marchent au pas pour cadencer le pouls d’une époque tourmentée, livrée sans ambages à ses propres démons. Mercredi dernier, au théâtre de Liège, le père d’un kamikaze me confie : « Je vis un enfer ». Il pose sur moi des yeux aux abois, chargés de ténèbres, de honte et de résignation. A la gare de Munich, une semaine plus tôt, un contrôleur s’interdit de me regarder. « I was wondering if you could help me, sir », lui dis-je dans un anglais béquillard. Arc-bouté contre un chariot, il fixe un point au loin et fait comme si je n’existais pas. Son attitude m’a renvoyé au livre de Primo Levi, Si c’est un homme. Pourtant la veille, au Kammerspiele où j’ai été convié à la première de l’adaptation théâtrale de mon roman L’Attentat, un public enthousiaste m’a fait un bel accueil. Que retenir de mon séjour bavarois ? Si j’ai choisi de ne frémir qu’aux ovations d’un public acquis, d’autres s’attarderaient sans doute sur l’attitude du contrôleur parce que la veille personne ne les a célébrés comme moi. Une tête brûlée pourrait mettre le feu aux poudres de toutes les colères et de tous les rejets. Ainsi naissent les amalgames et s’accélèrent les raccourcis. Que faire ? Comment se situer dans un monde d’illusionnistes où l’on s’évertue à nous faire prendre un canasson pour une licorne, où les diatribes sont élevées au rang des prophéties et les consciences savamment muselées ? Que dire d’une humanité ayant confié son destin à une énormité foraine qui a une main dans chaque conflit et le doigt sur le bouton nucléaire ? Qu’attendre des lendemains faits d’exodes massifs, de guerres absurdes et d’extrémismes claironnants lorsque le racisme se découvre une légitimité et la discorde un hymne ?... L’éveil ! Tout simplement. L’éveil, nécessairement... L’éveil à soi-même, à la responsabilité de tout un chacun, à l’importance de notre libre arbitre au lieu de déléguer nos angoisses et nos doutes aux manipulateurs de tout poil. L’éveil à la nature des choses, immuable et souveraine : si le monde est imparfait, à nous de savoir négocier ses imperfections. L’éveil à cette vérité éternelle : nous sommes les seuls artisans de nos rêves et les seuls fossoyeurs de nos quiétudes, et il nous appartient, à nous, et à nous seuls, de décider de notre sort. Rien ne nous interdit d’aimer de chaque folklore un pas de danse ; rien ne nous empêche d’aller au bout du monde nous faire des amis. En dressant des remparts chimériques autour de nos hypothétiques abris, nous ne faisons qu’étouffer l’essentiel de notre audience puisqu’il n’est de frontières entre les Hommes que dans l’étroitesse des esprits. Ecartons nos œillères et nos bras, et nous soulèverons les montagnes ; écoutons nos cœurs et nous les entendrons battre la mesure de nos prières pour que la vie n’ait de sens que lorsque tous les bonheurs seront partagés. Aura vécu pleinement sa vie celui qui a compris que le plus grand des sacrifices est de continuer d’aimer la vie malgré tout. Tournons le dos aux gourous de malheur, ne prêtons l’oreille qu’aux appels fraternels, n’élisons nos idoles que parmi ceux qui nous font rêver car ce qui nous émerveille nous grandit, et sachons, une fois pour toutes, que nous n’avons pour destin commun que la portée de nos choix.
Yasmina Khadra
pour Boomerang
Pour en avoir plus: https://fr.wikipedia.org/wiki/Yasmina_Khadra
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Après l'attentat de Trèbes, compassion et détermination
Après l'attentat perpétré à Carcassonne et à Trèbes, le Grand Orient de France s'incline devant la mémoire des quatre nouvelles victimes du fanatisme islamiste et exprime sa compassion aux familles et aux proches des victimes. Il rend aussi un hommage tout particulier au lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, qui a sacrifié sa vie pour sauver celle d'une otage.
250 morts déjà. Et des centaines de blessés. A chaque nouvel attentat pourtant, les discours de déni, tendant à relativiser ce fléau terroriste, continuent à se propager dans certains milieux universitaires, médiatiques et intellectuels.
En affirmant les idéaux républicains de liberté, d'égalité, de fraternité ; en martelant que les principes universalistes sont une nécessité ardente face aux idéologies racialistes, différentialistes, ethnicistes ; en dénonçant la malsaine émulation des surenchères identitaires incarnées à la fois par l'intégrisme religieux et une extrême droite utilisant toujours les mêmes registres argumentaires, hélas électoralement payants.
Le Grand Orient de France, engagé avec constance dans le combat humaniste et universaliste, en appelle à la résistance face au fanatisme, à la fin de la complaisance et de l'indulgence face à la propagation du discours intégriste. Il rappelle que l'exigence laïque est la seule option pour garantir la paix sociale et civile et pour contenir les tentations concordataires qui s'expriment de plus en plus ouvertement.
Le 26 mars 2018
Contacts presse
Langage et Projets Conseils – 01.53.26.42.10.
Laurent Payet –
Audrey Daragon –
Ce jour nous savons aussi que nous avons perdu un Frère: le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, était membre de la Respectable Loge Jérôme Bonaparte de la GLDF à l’Orient de Rueil-Nanterre.
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Communiqué du 19 mars 2018 - La loi de 1905 menacée par le Parlement
Le Grand Orient de France exprime son inquiétude et demande le retrait des dispositions adoptées le 13 mars dernier par le Sénat à l’occasion du débat sur l’article 38 du projet de loi « pour un Etat au service d’une société de confiance ».
La majorité sénatoriale vient en effet de rétablir l’article 38 de ce projet qui modifie l’article 19 de la loi de Séparation des Églises et de l’État en permettant aux associations cultuelles de détenir et gérer des immeubles à objet lucratif, pour « renforcer leurs ressources » (art 38-I). Cet article remet en cause l’équilibre même de la loi de 1905, qui limite strictement à l’exercice du culte l’objet et les ressources de ces associations. Lors de sa première lecture à l’Assemblée nationale, le gouvernement avait accepté que cette disposition soit retirée.
De surcroît, le Sénat, non content de la rétablir, vient même de l’aggraver par un paragraphe nouveau protégeant notamment les immeubles des associations cultuelles contre toute préemption par une collectivité publique (art 38-III).
Le Grand Orient de France souhaite également l’abandon d’une autre disposition (art 38-II) qui modifie la loi sur la transparence et la lutte contre la corruption en exemptant les associations cultuelles de l’obligation de déclarer leurs actions de lobbying auprès des décideurs publics. Cette mesure constitue également un abandon du principe de séparation, elle ouvre la voie aux pressions cléricales occultes sur les pouvoirs publics, par exemple lors du débat sur la révision des lois de bioéthique.
Le vote et l’application de ces articles seraient des brèches dans l’édifice de la laïcité républicaine, dont l’élargissement pourrait être aussi inéluctable que mortifère.
En conséquence, le Grand Orient de France demande instamment au Parlement de revenir sur l’ensemble de ces dispositions contraires tant à la lettre qu’à l’esprit de la loi de Séparation de 1905, clé de voûte de la République laïque.
Le 19 mars 2018
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