Il a fait chaud. Une « calorassa » sans foi ni loi, comme en août 2003 dont on découvrit bien après ses milliers de victimes… « C’était inexorable » nous avait-on soufflé à l’oreille. Elle nous a accablés nuit et jour. Nous ne savions pas où mettre nos corps fatigués. Le vent d’ouest nous a sauvés dans la nuit de jeudi à vendredi. La bruine de l’aube était une caresse. Une vraie bénédiction. J’ai entendu, mercredi, dans une rue de Bordeaux, un jeune sdf me dire : « C’est pire qu’en hiver ! » Peu le voyait. Pourtant des centaines de citoyens passaient, s’arrêtant ici ou là, comme fait habituellement le chaland. 37°6 ou les prémices de la fièvre. Qui dit mieux ? Pau aura bientôt le climat de « Zaragoza » ou de Lleida, en Catalunya… Peut-être pourrions-nous conseiller les jeunes agriculteurs béarnais de planter massivement oliviers et agrumes ? Imaginez orangers, citronniers à perte de vue ; le gave à sec, et un soleil de plomb neuf mois sur douze ! Il n’en va pas de même pour le « changement politique ». L’abstention a été telle qu’elle a touché toutes les circonscriptions, même celle de Mélenchon. Il y a réussi son atterrissage, et se déclare marseillais « cap e tot » (1). De jeunes marcheuses ont réalisé des scores étonnants : « Le Canard Enchaîné » en a fait la liste. À faire enrager les députés hâtivement enlevés à leur circonscription. Jean Glavany, par exemple, qui représentait, depuis son très ancien parachutage mitterrandien en 1993, un coin de Bigorre. La lessive législative a été prompte et assassine. Des millions d’électeurs y ont contribué en s’abstenant. Ils ont adressé un message implicite à la nation et à la classe politique, toutes tendances confondues. C’est une noire colère qu’ils ont bredouillée. La mondialisation parle haut et fort. Elle frappe, blesse et tue. On le sait, nous la subissons. Elle a ses soutiens, ses gestionnaires, ses prédicateurs. Les dégâts sociaux et climatiques, entre autres, qu’elle provoque sont passés pour perte et profit. « Inexorables », comme la chaleur extrême qu’il nous faudra supporter, demain, quoi qu’en disent nos « climato-sceptiques ».

1. à part entière.