L’année ne restera pas dans les annales du temps comme celle d’un excellent cru dans la longue évolution de l’homo sapiens…

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Ce que bien d’autres ont  connu, les français en ont souffert à leur tour sous différents formats de cruauté. En fait, c’est toute l’Europe qui tend à ressembler de plus en plus aux autres régions du monde. Ce ne sont pourtant plus des Etats qui s’opposent, de même guerroyer n’est plus l’affaire de seuls militaires : les belligérants habitent les mêmes villes, les assassins sont des « nationaux », nés dans le pays de leurs forfaits !
Les tueurs, souvent jeunes, exercent leurs crimes contre tout ce qui fait de la vie sur terre un espace de communication, d’échange et de liberté. En fait, cette sauvagerie inculte attaque d’abord notre civilisation fondée sur ses fondements que sont la Démocratie, la cohésion sociale… et la Laïcité !
Pour s’en convaincre, il suffit de constater que s’il est un sujet qui revient régulièrement dans les médias et chez nos politiques, la Laïcité est assurément  celui là !
Régulièrement ringardisée, témoin d’un passé révolu, vouée au dépoussiérage… elle retrouve ses vertus, sa modernité selon les évènements, et en particuliers ceux où une religion (quelle qu’elle soit) est en cause (ou est la cause). Inutile de citer un exemple : l’actualité du moment suffit…
Depuis la séparation des Eglises et de l’Etat en 1905, au gré de l’Histoire, il a fallu sans cesse redéfinir ce que recouvre le concept de Laïcité, et inlassablement démontrer que son application, au moins au plan législatif à défaut de celui de l’esprit, a réussi dans notre pays à préserver tant la paix civile que la liberté de pratique religieuse, ainsi que l’émergence de pratiques communautaires si dangereuses pour les droits de l’Homme.
Et pourtant, nos débats de société tournent toujours autour de ce qui peut diviser et ce qui peut rassembler !
S’est-on posé la question de savoir si ce n’est justement pas la non-application de la laïcité qui entraine tant de questions et surtout tant de problèmes ?
Ainsi donc, positions tranchées, incompréhensions, débats vifs et acharnés…voilà le quotidien qui s’offre à cette Loi qui se veut être « le Centre de l’Union »…
Si les mots ont un sens – et même parfois plusieurs-, il convient pour se comprendre de les identifier clairement pour que chacun puisse en saisir la définition appropriée à commencer bien sûr par le mot « laïcité » : il vient du grec ancien « laos » qui signifie « peuple »au sens universel.
On a vu le mois dernier que  la Laïcité a trouvé une partie de sa source dans la civilisation gréco-latine, elle s’est nourrie en particulier des origines de  la démocratie en Grèce. Et c’est bien de la « démocratie » - c’est-à-dire la souveraineté du peuple- qu’il s’agit également.
« Venant du peuple » et «  indépendante de toute confession religieuse », la Laïcité est un « principe » car elle marque la source, le commencement, l’origine, la manière de voir, un principe  qui signifie aussi l’égalité des droits pour tous.
N’oublions jamais que lorsqu’on parle de Laïcité, ce n’est pas de religion qu’il s’agit, mais bien de l’organisation de la vie en société. D’ailleurs aucun texte sacré n’en définit ou contient les secrets. Elle n’a pas été donnée à l’Homme comme une révélation : elle a été construite par des Hommes libres qui ont confronté des opinions et des convictions, manifesté des choix, mais réunis autour d’un même projet : construire une société harmonieuse et ouverte aux idées différentes dans un respect mutuel.
Tel est l’idéal porté par la Laïcité.
Dans la période plus que troublée aujourd’hui, socialement, économiquement, confrontée à une véritable fracture sociale qui ne fait que s’aggraver, où d’aucuns s’évertuent à exploiter les souffrances et les révoltes des plus démunis, d’autres, fanatiques, intégristes, tuent au nom d’un absolutisme religieux et d’un « juste combat » contre notre Laïcité.
Mais si les religions portent aujourd’hui en elles la quasi responsabilité des conflits entre les hommes, elles ne sont assurément pas responsables de tous les maux !
Sans aller plus loin dans ce débat, disons d’une manière générale que greffer des mauvaises solutions à des vraies questions (sociétales) apporte tous les ingrédients pour faire exploser un système !
Aucun Dieu, aucun prophète n’apporte du travail, ne produit des ressources suffisantes pour nourrir tous les Hommes, pour les soigner, les faire vivre décemment…c’est bien une société humaine qui organise, correctement ou pas, le marché du travail, répartit bien ou mal  les richesses naturelles ou produites collectivement. C’est la représentation de notre citoyenneté commune qui ne va pas bien, qui génère de l’injustice, des incertitudes, des angoisses, des rejets…
C’est par l’affirmation dans notre pays, dès 1789, que les femmes et les hommes sont des citoyens libres et égaux et non des sujets soumis à telle ou telle autorité, temporelle ou confessionnelle, que la Laïcité s’est imposée comme l’opinion permettant la coexistence plutôt que la division.
C’est parce que les femmes et les hommes s’organisent entre eux pour construire la société dans laquelle ils souhaitent vivre qu’ils ont pu trouver les garanties aux croyances individuelles (dès lors qu’elles ne revendiquent pas une part de pouvoir).
La loi de 1905 est l’aboutissement et la concrétisation de cela en définissant deux sphères distinctes : la sphère publique qui représente la vie en société qui nous unit, et la sphère privée où chacun peut exercer librement ses choix individuels. L’ensemble pouvant et devant coexister harmonieusement en respectant les règles définies, qui sont devenues « les lois de la République ».
C’est aussi  chacun et chacune d’entre nous qui, « par une action incessante et féconde », par l’exercice de la démocratie et la bonne pratique des principes laïques fondamentaux qui viennent d’être évoqués, peut faire changer ou évoluer la société !
Une laïcité non pas d’incantation, mais de contenu…une théorie des devoirs avec une pratique claire des comportements dans le respect des consciences…Une laïcité qui rassemble … le Centre de l’Union.
Et puis,
L’émotion, quelle qu’elle soit ne doit jamais obérer la raison !

JCF

Un petit livre dont on peut ne pas tout partager mais qui rapelle, utilement, le texte et le contexte de la loi de 1905. A lire!