Antoine Sfeir Président de L’ILERI (Institut Libre d’Etudes des Relations Internationales), politologue, journaliste, écrivain, et directeur des Cahiers de l’Orient


Que voulons-nous ?
Accepter l’islam ou intégrer les Musulmans ?


C’est cela la vraie question, sans hypocrisie, ni fioritures. L’islam est un système qui ne peut se fondre dans cet autre système qu’est la République.
Après plusieurs siècles de combat, la société française issue de l’Ancien régime a pu séparer les églises des états. Le système républicain primait sur toute autre idéologie en France. Les lois de la République ne sont pas anti-religieuses mais a-religieuses, car la République fait la différence entre la foi et la religion : la foi est une démarche de l’intime entre le croyant et son créateur ; la religion est une organisation temporelle qui a depuis fort longtemps mis les lois divines au-dessus des lois des hommes.
Toute organisation temporelle implique un pouvoir. Doit-on se souvenir des moines du Moyen-Âge, des diocèses qui ont suivi, des papes qui faisaient les rois, de l’alliance du sabre et du goupillon, de l’Inquisition où l’on se plaisait à mettre sur le bûcher des femmes suspectées de sorcellerie.
Le Res Publica donne à chacun de nous les clés de la cité et nous rend co-responsables, donc égaux et solidaires. Ce à quoi vous croyez ne regarde personne d’autre que vous, citoyen laïc. Si la laïcité se doit d’être partagée, ouverte et généreuse, c’est pour éviter que les religions ne soient agressives. Celles-ci ont envahi l’espace public. Ne créons pas une laïcité à son tour agressive pour refaire les combats du début du vingtième siècle. C’est parce que cet espace public s’est trouvé affaibli, que les tempêtes du Proche-Orient ont pu s’inviter aussi aisément chez nous.
Déradicaliser une poignée de terroristes issus du petit banditisme, en faire les oriflammes d’une religion monothéiste, les porte-drapeaux d’une civilisation millénaire, est une réduction indigne. Et si, les Musulmans des Lumières, nombreux dans la société française, n’arrivent pas être écoutés et entendus, c’est sans doute parce que nos médias préfèrent les trains qui n’arrivent pas à l’heure, à ceux qui sont au rendez-vous.
Que voulons-nous ?
Continuer nos querelles intestines, rendre tous les gouvernements responsables de nos petits malheurs quotidiens ou reconstruire le citoyen, le modèle français, en un mot la République ! 
Mais une main seule n’a jamais applaudi ; c’est à nous de nous mettre ensemble en commençant par se reconstruire chacun en tant que citoyen.