Discours de Françoise Michel Présidente de la Libre pensée 64

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Amis, citoyens, camarades,
Je vous apporte ici le salut fraternel de la Fédération nationale de la Libre Pensée et de la Fédération nationale laïque des monuments pacifistes.
Il y a 101 ans commençait la plus effroyable des guerres qui allait dévaster le monde, le continent européen et les peuples. Le bilan est celui d’une barbarie jamais égalée à l’époque et qui sera amplifiée dans les guerres suivantes.
Il y eut 70 millions d’hommes mobilisés sous l’uniforme, 10 millions de soldats tués, 9 millions de civils assassinés. Un soldat sur 10 a connu l’emprisonnement dans les camps pendant la guerre. En France, ce sont 1 400 000 de soldats tués, 300 000 civils assassinés et 4 300 000 soldats blessés. La saignée fut telle que la France a perdu un quart de ses hommes de 18 à 24 ans.
Il y a 101 ans, les économies et les pays furent ruinés dans cette gigantesque barbarie. Les dépenses de guerre représentaient, durant le conflit, un quart des budgets des Etats en conflit. Le paradoxe, mais en est-ce un véritablement ?, est que cette guerre fut d’abord européenne et déboucha sur la ruine de l’Europe. Deux géants allaient naître de ce conflit : les États-Unis et la Russie soviétique.
Le capitalisme portait en lui la guerre comme la nuée porte l’orage.
Dans le déclenchement du conflit les torts furent largement partagés entre l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie d’un côté et la Triple Alliance. Chacune des puissances voulaient gagner des parts de marchés et accroitre sa domination coloniale sur les peuples opprimés. On croyait mourir pour la Patrie, on mourait pour les industriels.
Le sang appelle toujours le sang. Il fallait d’abord une victime expiatoire, il fallait aux barbares terrasser d’abord l’homme qui se dressait pour empêcher la boucherie. Il leur fallait assassiner le grand Jaurès. « Pourquoi ont-ils tué Jaurès ? » On ne cesse de poser cette question, tellement elle est décisive.
Il y eut 639 Fusillés pour l’exemple durant ces années de guerre, victimes de la haine et l’injustice. . Leurs camarades et l’opinion démocratique combattirent inlassablement pour que l’honneur leur soit rendu. 40 furent réhabilités entre les deux guerres. Il en reste 600 dont il faut laver l’opprobre. Pour eux, pour leur famille, pour la République.
Le Président de la République s’est renié, une fois de plus. On n’a rien à attendre de lui. Il ne peut, en effet, envoyer la troupe aux quatre coins du monde pour les « opérations extérieures », et rendre justice à ceux qui ont dit non à la guerre.
C’est le peuple souverain qui prononcera la réhabilitation collective des 639 Fusillés pour l’exemple de 1914-1918. La République, c’est nous. La Libre Pensée a pris l’initiative d’ériger un monument sur la ligne de Front. Nous graverons dans le marbre de l’Histoire cette devise du Bureau international du Travail : « Si tu veux la paix, cultive la justice ».
Amis, Citoyens, Camarades,
Les militaires, les patrons et les curés veulent faire tourner la roue de l’Histoire. Ce sont toujours les peuples que l’on saigne et que l’on tue.
Ils ont tué Jaurès, mais ils n’ont pu tuer son enseignement. Voici ce que disait le premier exécuté pour l’exemple de la Première Guerre mondiale. Jaurès reprenait Victor Hugo : « La liberté commence où l’ignorance finit ».
« Quelle connerie la guerre » (Prévert)
Vive la sociale !

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