Pour la réhabilitation des fusillés pour l’exemple. Pau 11 novembre 2017

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Chers amis, camarades, SS et FF, citoyens,

La guerre de 14/18 est un évènement ineffaçable dans notre mémoire et dans la conscience collective des français. Un conflit interminable et dévastateur pour un enjeu de concernant en rien les soldats des deux bords… Souvenons de ce que disait Anatole France : « on croit mourir pour la patrie, et on meurt pour les industriels »….

Aujourd’hui au pied de ce monument, ont été prononcés des discours saluant l’héroïsme de millions de soldats anonymes, morts au combat, et, dit-on, dans l’honneur et pour la France ».

Nous savons tous qu’ils ont été envoyés à la boucherie, à une mort certaine pour servir des causes purement matérialistes, pour servir les intérêts de consortiums industriels, et encore d’autres causes plus politiques pour la plupart inavouées… Ces hommes qui ne demandaient qu’à vivre, à aimer, à construire, mais qui crevaient dans les tranchées ou sous l’effet d’assauts imbéciles exigés par un Etat-Major aux abois ou aux égaux surdimensionnés !

Le GODF qui a, pour sa part, commencé à se mobiliser dès 1935, est présent avec toutes les associations citoyennes, laïques, pacifistes pour exiger la réintégration dans la mémoire collective des fusillés pour l’exemple français et étrangers volontaires de la guerre de 14/18 ;

Au cours de cette guerre monstrueuse qui a fait tant de morts au fond des tranchées et détruit autant de vies, 2500 soldats pris au hasard ont été condamnés et 639 d’entre eux furent fusillés après des simulacres de procès. Et ne sont pas comptées toutes les exécutions sommaires qui n’ont jamais été recensées et les déportations massives de ceux qui échappaient aux pelotons d’exécution

Cette vague de ce qu’il convient de qualifier d’assassinats légaux de poilus a commencé dès septembre 1914 lorsque le front craque sous la pression des armées allemandes. La répression s’abat sur les troupes françaises pour les faire tenir par la         terreur, sur ordre de brutes galonnées soigneusement à l’abri à l’arrière…. Cette sauvagerie barbare fait aussi des ravages dans les armées du Royaume UNI où 306 soldats seront passés par les armes. Eux seront réhabilités en 2005 avec une « loi de pardon de la Nation».

Si nous sommes présents aujourd’hui, et j’ajoute « encore là aujourd’hui », c’est que nous voulons toujours établir, faire reconnaitre et honorer que tout homme a le droit d’avoir peur, le droit de refuser de tuer sans même savoir pourquoi, de se révolter contre la barbarie de la guerre, de refuser de se faire massacrer pour des intérêts qui ne sont pas les siens !

Car ce combat vise à faire reconnaitre le droit à la désobéissance quand sa vie ou celle des autres en dépend. C’est cela aussi un combat pour le respect de la liberté absolue de conscience, à laquelle nous sommes viscéralement attachés.

Notre présence, cet après-midi, ne constitue donc nullement un affront à la mémoire de ceux qui sont tombés au combat, que cela soit bien compris, mais bien un appel solennel aux pouvoirs publics pour qu’ils réparent ainsi l’ignominie d’actes commis pendant cette guerre sur des français, par d’autres français, un appel au président de la république, parce que c’est lui qui en a le pouvoir, pour qu’il respecte l’engagement pris devant les français : la réhabilitation pleine et entière de tous ces fusillés pour l’exemple ! C’est une œuvre de justice pour les victimes, pour leurs familles, pour leurs descendants.

Alors, oui, Nous exigeons. Nous ne réclamons pas le pardon des fusillés, ni celui de l’Etat, nous exigeons tout simplement « la justice »…

La justice, c’est la réparation, c’est la réhabilitation collective, pleine et entière des soldats tombés sous les balles d’autres soldats commandés par des généraux fusilleurs !

Permettez-moi de reprendre cette formule, si dure, mais si explicite, si forte de sens : Ces soldats fusillés ne sont pas « morts pour la France », ils sont « morts par la France ».

Nous le répétons inlassablement : le pardon ne peut être la solution à cette situation car nous sommes en République, et donc seuls les rapports à la légalité et à la justice peuvent être les références. Il est plus que temps que la France fasse montre de justice et de sa solidarité envers tous pour panser les plaies et apporter secours à ses enfants, à son prochain…Ce prochain qui n’est jamais rien d’autre qu’un autre lui-même…

Le 11 Novembre, ce jour de commémoration décrété dès 1919, est loin d’être une glorification du sacrifice comme on tend à nous le faire croire, encore moins celle de l’alliance du sabre et du goupillon comme on peut l’entendre ici et là , mais bien et seulement une journée du souvenir pour le citoyen soldat, le paysan, l’ouvrier, l’instituteur, votre voisin, votre fils… le souvenir des meurtrissures d’une guerre vécue comme une terrifiante boucherie humaine… le souvenir du partage de la boue, du sang, de la mort et des quelque 140 000 conseils de guerre qui se sont tenus, uniquement utilisés comme méthode de commandement pour tenter de tenir coûte que coûte les lignes….

C’est l’expression d’une mémoire et d’une conscience collectives, neutres, marquées du sceau de la peine, du malheur, du rejet de la Guerre et de toute forme de tuerie, d’un appel vibrant à la Paix.

La presse quotidienne a consacré, fait exceptionnel, une page aux fusillés pour l’exemple en citant notamment un cas :Tout près d’ici à AYDIUS en vallée d’Aspe, la petite nièce du paysan soldat Jean louis LASPLACETTES a réussi après des années de luttes et de démarches à faire apposer son nom sur le monument aux morts du village le 17 Mai 2009 sur décision unanime du Conseil municipal. L’histoire est simple, avec 300 autres soldats, il a refusé de repartir au front alors qu’il était en repos après la terrible bataille de la colline de Craon début 2017. une centaine furent jugés et 5 condamnés…il a été fusillé avec 2 camarades le 12 juin après le refus de grâce de Poincarré .

Cela montre bien que la lutte pour leur réhabilitation n’est pas vaine et sans résultats, mais cela montre également combien le chemin est difficile, mais nous leur devons bien ces efforts !

Combattre pour la réhabilitation de tous ces fusillés pour l’exemple, ce n’est pas qu’un simple devoir de justice pour le passé, c’est aussi un formidable message pour le présent et pour l’avenir.

Mes chers amis, camarades, frères et sœurs, la conscience de sa réalité historique ne diminue pas un peuple ou un pays. Au contraire, elle le rend plus fort et plus grand pour faire face à son devenir.

Les Francs-maçons sont convaincus qu’il ne faut jamais désespérer de l’humanité. Le monde ne souffre pas de trop de libertés, alors, tous ensemble, refusons qu’on mette encore et toujours plus de chaînes aux pieds des Etres humains !

Nous avions espéré qu’en ce jour de la centième année de commémoration, le Président Macron consentirait à une réhabilitation totale… il s’est content de saluer Clémenceau. Nous continuerons donc notre combat sans baisser les bras !

Permettez-moi enfin d’avoir une pensée pour les nombreux Francs-Maçons qui sont tombés au cours de cette guerre. Je vous remercie.

Pour le GODF, à l’Orient de Pau, J’ai dit.

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