Plus d’humanisme aurait-il pu sauver Hiram

Planche commune des jeunes Maîtres 24 02 2017

Plus d’humanisme aurait-il pu sauver Hiram

 I/ Hiram assassiné : chemin de fer

Jérusalem Today :
Hiram, architecte en chef du roi Salomon, assassiné sauvagement en plein Jerusalem (terroristes, Pénélope, complot, pognon, définition humanisme)

Ce sont des ouvriers qui ont donné l’alerte ce matin. Surpris de son absence à l’appel, ils ont rapidement découvert sa dépouille, sommairement ensevelie, à quelque distance du chantier. Depuis, les rumeurs vont bon train. Jalousie d’architectes juifs déboutés de ce projet au profit d’un étranger, conflit social larvé, haine religieuse, aucune piste n’est pour le moment écartée par la police.

Il est vrai que malgré sa grande renommée, Hiram n’avait pas que des amis : « Nous  avons beau travaillé avec lui depuis des années, nous n’avons jamais eu accès aux plans » dit un maître qui veut garder l’anonymat. Les ouvriers interrogés, très affectés, reconnaissent que malgré le grand respect qu’il inspirait, le fouet et la maigre pitance générait aussi quelques rancœurs. Mais ce sont les compagnons surtout qui en voulaient au vieux maitre. « Bien sûr nous avons droit à la parole, mais pour être si peu entendu… » Nous dit l’un d’eux. Ce point de vue est tempéré par un maître très triste : « étranger ou pas, des architectes aussi compétents, aussi sages, aussi magnanimes, j’en ai rencontré très peu, et les apprentis venaient de toute la région pour travailler avec lui! ». Propos confortés par ses collègues : « certains apprentis, et surtout des compagnons se croient tout permis! Ils sont trop protégés par le droit! On aurait viré quelques fortes têtes sans discussion, ça aurait calmé les autres ».

Très rapidement sur les lieux, le roi a déclaré qu’il perdait son meilleur architecte et que les coupables seraient sévèrement punis. Quoiqu’il ait indiqué qu’un nouvel architecte reprendra les travaux très vite, l’inquiétude est grande que le chantier soit définitivement arrêté. En effet, comment terminer un bâtiment dont les plans n’existaient que dans le cerveau d’Hiram! « Si encore ils y étaient… » Ajoute ironiquement un autre maître.

Les obsèques sont prévus demain et le Roi a décrété un deuil national de trois jours. Nul doute que l’origine étrangère d’Hiram ternira pour certains l’hommage général que la nation vouera à ce grand homme.

« Hiram était un grand homme, c’est sûr, mais un peu seul! Et la transmission, alors, et l’apprentissage ??? »

Antony : « …maître Hiram aurait bien fait de s’inspirer de notre organisation pour achever son œuvre quitte à commettre un petit anachronisme ».

Ce serait trop simple, mon frère! L’humanisme est un chemin qui demande du temps pour le parcourir.

Bertrand : « …un présent sans temps ou nous ne serions mus que par le narcissisme de notre cerveau reptilien n’aspirant qu’à la facilité »

Un peu d’Éducation, peut-être, pour faire société…

Fred : « dans la société actuelle… Elle doit être une reconquête perpétuelle de tous les instants, elle doit être une victoire précaire de l’homme sur lui-même ».

Tomber et se relever toujours! C’est ça?

Yves : « l’homme à la différence d’autres mammifères se tient debout…

Peut-être est-il temps de mettre un terme au maître!

II/RESUME

Dans la société actuelle, lorsque une ou plusieurs personnes commettent un méfait il est fondamentalement utile pour la justice, les associations d’aide, les psychothérapeutes,  les familles, etc. d’en connaître les raisons.

Chercher le « pourquoi » permet, en théorie, d’en connaître les causes. Ceci dans un but très précis : établir une politique de prévention pour éviter la survenance des mêmes événements.

Concernant le meurtre d’Hiram dont vous venez de vivre ce soir la reconstitution rituelle, il est légitime de se poser plusieurs questions.
Au-delà de l’humanisme, ne peut-on pas se demander si l’éducation sociétale, culturelle et cultuelle des agresseurs a été défaillante ?
Ne peut-on pas se demander si l’instruction que HIRAM a prodigué lors des différentes phases d’apprentissage aurait pu être perfectible ?  

Autrement dit, Hiram n’est-il pas passé à côté de certains critères lors du recrutement et plus encore, n’a-t-il pas failli lors de l’instruction  dévolue aux apprentis et compagnons ?

Cette problématique soulève beaucoup de questionnement.

Les apprentis ont été recrutés sur des critères aléatoires. Rien ne nous dit que l’un d’entre eux ou les trois étaient des malfrats. Quelle était leur origine sociale, quelle a été leur éducation parentale ? Ont-ils eu seulement des parents pouvant apporter un cadre ? Quel culte vénéraient-ils ?
Leur dessein n’était-il pas d’obtenir ce secret avant même leur recrutement ?

Il est très possible d’imaginer aussi qu’un des compagnons, manipulateur hors pair, a pu entraîner les deux autres dans cet assassinat. Peut-être que la quête du secret, du pouvoir n’avait de valeur qu’aux yeux d’un seul. Ses propensions à la persuasion et la manipulation emmèneront les deux autres à commettre l’irréparable.

Il n’existait aucun formalisme pédagogique lors des faits. Pas de progressivité, d’adaptation ou de recherche de difficultés chez l’apprenant. La Connaissance était réservée à une élite ce qui aurait pu quelque peu « agacer » les compagnons. « Pourquoi eux et pas nous ? » faisant fi du temps et de l’évolution de leur enseignement.

Hiram n’a-t-il pas fait miroiter des « étoiles », suscitant ainsi trop impatience et une curiosité dévorante chez ses futurs agresseurs ?

A postériori, nous ne pourrons affirmer avec certitude ce qu’il s’est vraiment déroulé au pied de ce Temple en construction. Nous ne pouvons que supposer et c’est tant mieux. Cette incertitude nous permet même encore aujourd’hui de supputer toutes les éventualités.

Nous pouvons aller encore plus loin dans notre réflexion : faire le parallélisme de ces événements avec l’actualité Maçonnique et sociétale telle que nous les vivons.

Dans les questionnements précédents, il a été évoqué le recrutement.  Sommes-nous toujours sûrs d’avoir choisi les bons futurs Maçons ? Une Sœur ou un Frère n’est-il pas passé au travers des mailles du filet des enquêtes ?
Le ou la salarié(e) choisi, est-il celui qui convient parfaitement au poste malgré toutes les précautions prises lors de sa phase de recrutement ?

Nul ne le sait. Malgré les tests de personnalité, les recherches diverses et variées, les enquêtes, personne n’aura la vérité en la matière. Personne n’est capable de connaître précisément quelle sera l’évolution d’un individu.
Est-il manipulateur au point d’entraîner avec lui des FF/ SS ou ses collègues pour devenir calife à la place du calife ?

Une grande responsabilité repose donc sur l’éducation et la formation.

En Franc Maçonnerie, l’instruction des apprentis est fondamentale dès le début. Elle doit faire apparaître quels sont avant tous leurs devoirs. Ces derniers doivent être en concordance avec le rite, certes mais pas que. Le respect du groupe mais également du temps doit leur être inculqués.

Vous, jeunes Maîtres cette partie a pour but de vous faire réfléchir.

Ne vous laissez pas aveugler par l’ignorance, le fanatisme et la jalousie. Ils sont ces défauts qui ont caractérisés les 3 compagnons meurtriers d’Hiram.

Ce sont principalement ces trois dangers que nous devons affronter au plus profond de nous- même.

Le récit qui vous a symboliquement été conté ce soir vous décrit le combat quotidien de l’Homme contre ses propres imperfections.

La Maîtrise à laquelle vous accédez ce soir n’est pas un don. Elle est fonction de la temporalité et de l’instruction que vous avez reçues. Elle doit être une reconquête perpétuelle de tous les instants. Elle doit être une victoire précaire de l’homme sur lui-même.

III/ N’y a-t-il pas un déficit d’éducation de la part d’Hiram ? L’homme debout.

    L’homme à la différence d’autres grands mammifères se tient debout. Il peut refuser de courber l’échine devant la menace ou la puissance. Tel l’ours, il suit la route de la grande Ourse. Il est dans la puissance de la transmission pour se régénérer car il est conscient  que : « Tout ce qui est     meurt et tout ce qui meurt     revit », tout est cycle ou Ouroboros.

    Prenons une lecture kabbaliste de l’affaire « Hiram ». 3 compagnons Gibelos, Gibelas Gibelum ( Ghiblim dans la bible signifie maçons) tuent 1 Maître : Hiram, avec 3 outils différents. En fait ce sont les 3 qui font disparaître le 1, la parole du Maître Hiram. La perte de la parole (Daath sera le nom de la parole perdue), plonge l’humanité entière du monde de la Grande tradition (L’âge d’or) dans celui de l’âge de fer. (Pour mémoire les 4 âges de l’humanité correspondent pour l’Or à Grande Tradition Primordiale, pour l’argent aux traditions particulières, pour l’airain aux religions et pour le fer aux sectes).  Mais cette descente met en correspondance ce qui est en haut Keter (la couronne) avec ce qui est en bas le royaume (Malkhout). Ainsi, sur l’arbre de Vie c’est en descendant les 3 colonnes : la colonne de Droite Hochmah (la miséricorde), la colonne de gauche Binah ( la rigueur) et la colonne centrale la voie du milieu, en prenant les 10 couleurs des mondes des sephirot que la lumière s’incarne en matière. L’assassinat d’Hiram n’est donc pas qu’un acte destructeur mais bien aussi un acte créateur : le savoir du maître (LE Divin l’anagramme d’HIRAM est bien MARIE)  peut descendre parmi nous, nous sommes contraints de rechercher, de retrouver et par là même de progresser dans cette quête de nous même. Nous ne pouvons que grandir plutôt que de rester sous la coupe de….

    Donc le meurtre est une descente vers l’incarnation dans Malkhout. Il n’est point question de premier degré, mais de symbolisme de création comme dans tout MYTHE. Nous éprouvons de la gratitude envers ceux qui nous permettent la prise de conscience au lieu d’émettre une condamnation de mécréants assassins. Cette descente le long de 3 (colonnes) , issue de 3+1 (3 compagnons et 1 maître) nous renvoie à 3 + 3 + 1 = 7 (jours, branches de la Ménorrah etc…) mais aussi à 3 + 1 = 4 donc à la création à ses 4 mystères, aux 4 éléments (eau, air, terre, feu).  Continuons, en guématrie kabbalistique 3 + 1 peut faire 13 car le 1 et le 10 se valant, 1+3 =10+3. Or 13 c’est le nombre d’années pour construire le temple de Jérusalem, c’est la carte du Tarot « la mort Mat ». Il s’agit bien sûr de la petite mort, celle du cabinet de réflexion, celle de toutes les voies initiatiques, celle qui permet la renaissance. Nous sommes sur le cycle de l’Ouroboros, de la renaissance perpétuelle. Et Seule une lettre diffère Entre Emet (la Vérité) et Mat (la Mort) la première (Alef). La mort d’Hiram cache la Vérité. Nous sommes donc sur le chemin d’une vérité, sur le chemin de la création et du chiffre sacré du 13.

    Il a fallu relever 2 fois Hiram avant de trouver les 5 points d’appui permettant de le relever de son linceul. Or la valeur de 2 fois 13, 13 + 13 vaut 26 c’est à dire la valeur du tétragramme iod Hé Vav Hé. C’est le chemin de la création car 1X13 = l’homme, 2X13 = 26 Iahve Dieu, 3X13 = 39 soit Tal la rosée, 4X13 = 52 Elohim,    5X13 = 65 Adonaï mon seigneur,6X13 = 78 Lerhem le pain, 7X13 = 91  Amen .
    Ainsi dans ce mythe d’HIRAM toute la création est à l’œuvre qui mènera de HIRAM à MARIE, la créatrice, la mère de toutes les mères. Entendons dans marie la terre mère, GAIA ou la pacha mamma.

    En résumé, les 3 « mauvais » compagnons nous libèrent en nous condamnant à retrouver le chemin nous permettant de motiver une recherche constructrice. Beaucoup plus que l’histoire qui n’est que mythologie, c’est la numérologie est l’interprétation du mythe qui est intéressante. Rien à voir avec l’humanisme !

IV/Plus d’humanisme aurait-il pu sauver Hiram ?

Wikipédia : D’un point de vue général, l’humanisme est une [doctrine] morale reconnaissant à l’homme la valeur suprême (elle s’oppose ainsi tant au fanatisme religieux qu’à l’étatisme politique, qui voudrait sacrifier l’individu à la raison d’État). Son principe de morale est celui de la tolérance ; sa philosophie propre défend l’idée d’un progrès de la civilisation vers une forme idéale de l’humanité, où l’homme serait à la fois libre, grâce au progrès technique, à l’égard des contingences de la nature et libre à l’égard des autres hommes (société sans classes, sans luttes) grâce à une constitution mondiale (Emmanuel Kant et la paix perpétuelle). Quelle que soit la variante philosophique de l’humanisme (métaphysique, politique, épistémologique, etc.), elles ont toutes en commun d’accorder à l’homme une dignité absolue, qui ne saurait être dépassée (par Dieu ou par l’État par exemple).
L’humanisme constitue donc au travers de cette définition une utopie. Dès lors quel sens donner à la question posée par « plus d’humanisme » puisqu’elle sous-entend implicitement une échelle d’humanisme, une sorte de graduation représentative d’un indice d’humanisme qui nous renvoie à notre propre perception d’une distance ou d’un temps qui nous sépare et qui reste à franchir pour tendre vers cette utopie. Nous entrevoyons ou pouvons construire une certaine représentation du chemin qui nous même au but, cette société humaniste vouée par et pour l’Homme, mais comme ces chemins de montagne qui nous sont encore inconnus et dont nous pouvons distinguer et contempler l’arrivée, le but de notre randonnée, nous n’avons aucune idée du temps nécessaire pour rejoindre cette arrivée. Une carte avec le descriptif précis du dénivelé peut nous donner une indication sommaire sur cette information mais qu’advient-il lorsque la carte se modifie sans cesse au gré des évènements et contextes historiques changeants, lorsque ceux-là même qui détiennent cette carte, de par leur finitude temporelle, se succèdent d’âge en âge en se transmettant leurs visions et représentations du but, génération après génération ?
Notre représentation du monde est envahie de cette linéarité, linéarité de l’espace comme cette allégorie du chemin de montagne mais également linéarité du temps dont l’illustration la plus saillante est donnée par notre volonté d’humanisme, ce chemin de progrès qui doit nous mener à l’utopie, ce nouveau jardin d’Eden. Il nous semble que le mythe d’Hiram nous réinterroge sur cette image quelque peu idéalisée sur notre rapport au temps et au progrès. Derrière notre perception linéaire du temps se cache une forme de continuité, l’image d’un édifice se construisant pierre après pierre, chacun apportant un élément de l’édifice, une image où le temps s’efface derrière l’œuvre et parait immuable.
Mais quel temps sommes-nous prêts à consacrer pour obtenir une chose ou une reconnaissance, nous sachant par là même fini et mortel ? Notre perception de la rareté, issue de notre évolution et encore fermement ancrée dans notre cerveau reptilien nous pousse à réduire le temps nécessaire pour acquérir une expérience, un bien ou une richesse, ce qui se traduit par cette illusion de pouvoir obtenir tout instantanément, par un simple clic dans notre société de consommation. Il est facile d’imaginer que les trois compagnons étaient confrontés à cette insatisfaction, impatients de ne pas encore connaître le mot de passe, de ne pas recevoir le salaire des maîtres, de ne pas connaître la finalité de l’œuvre que seul Hiram semblait détenir, de voir l’œuvre voire de vouloir acquérir une reconnaissance à la fin des travaux du temple de Salomon comme ayant fait partie de ceux qui ont fait.
Le mythe d’Hiram nous indique que cette vision de l’histoire nous mène à une impasse car à force de vouloir compresser le temps, envie mue par une représentation erronée du temps, nous nous perdons nous même en nous enfermant dans un présent sans histoire et sans futur, tel le monde décrit par Orwell dans 1984, et nous finissons par commettre l’irréparable, incapable de prendre conscience des conséquences de nos actes.
Cette belle utopie qu’est l’humanisme, nous nous la représentons bien pour chacun d’entre nous, pris individuellement, mais quel effort, quelle énergie et implicitement quel temps sommes-nous prêts à y consacrer pour construire ensemble cet idéal commun et quel est le mode d’emploi nous permettant de bâtir collectivement cette Humanité meilleure, où chacun pourra s’y reconnaitre tout en restant soi-même. Il nous semble alors que temps et humanisme ne constituent que les deux facettes d’un même processus, l’un et l’autre jouant respectivement le rôle de comburant et de carburant et qui vise à bonifier l’individu en le mettant en relation avec les Autres du groupe et par là bonifier le groupe en s’enrichissant de chacun des maillons entrants et sortants. Ce processus n’apparait alors plus sous une forme linéaire mais cyclique et c’est cette cyclicité, orchestrée par le temps, du lien entre l’individu et le groupe qu’il nous convient d’animer et de transmettre et qui doit nous permettre de faire coexister notre égoïsme et notre altruisme qui sont les deux facettes irréconciliables de chacun d’entre nous. Le temps n’est plus alors cette dimension à l’extérieur du monde physique représenté par notre espace commun mais convient de faire partie intégrante de notre représentation symbolique du monde au même titre que notre espace commun.
Finalement qu’importe la nature même de la finalité de l’œuvre, ce qui compte c’est la définition et le partage d’une œuvre commune pouvant être incarné par un mythe, c’est le sens que chacun de nous donne à l’instant qui passe dans le but de toujours grandir et de faire grandir ceux que nous accompagnent au cours de notre éphémère vie d’Homme. Il nous est possible de faire un pas de côté mais à condition d’en prendre conscience et de revenir sur le chemin de la construction de l’œuvre.
Alors avec ce regard, oui, plus d’humanisme aurait pu sauver Hiram et c’est ce que nous espérons inconsciemment pour nous-mêmes et ceux qui nous suivront en nous racontant inlassablement ce mythe tel un jeune enfant demandant chaque soir la même histoire pour que nous ne nous enfermions pas dans un présent sans histoire et sans futur, un présent sans temps où nous ne serions mus que par le narcissisme de notre cerveau reptilien

V/Plus d’humanisme aurait-il pu sauver Hiram ?

Afin d’être promu d’une classe à une autre, Hiram se reposait sur le jugement des autres maîtres, ceux qui apprenaient aux apprentis et guidaient les compagnons, car devant le grand nombre d’ouvriers, il ne pouvait se rendre compte des qualités de chacun.
Pour passer d’un niveau à un autre, il fallait connaître les signes et les mots de passe – secrets – qui se donnaient lors de passages initiatiques, sous la surveillance et l’instruction des Maîtres.
 Pour être payé selon son grade, il fallait se faire connaître par ces codes acquis lors des promotions.
Aujourd’hui, le salaire découle d’un emploi protégé  par le  code du travail et  d’une convention collective, des accords de branche, permettent de favoriser la protection de l’employé et de définir une grille de salaire  qui comporte des niveaux des échelons.  
Pour apaiser tout le monde et obtenir un accord, Hiram l’humaniste aurait dit : « que chacun de vous soit satisfait, car vous serez tous rétribués de la même manière.
A savoir  qu’il il était donné en secret, un signe de reconnaissance aux maçons celui qui en avait connaissance était payé à son niveau du savoir sinon il percevait son ancien salaire.
Et comme  tout secret devient l’obsession des envieux  ,  Le « comment faire pour gagner plus » associé à la cupidité de l’homme,  finira  par tuer Hiram.
 Aujourd’hui,  dans l’entreprise, la gestion y est différente,   le  manque de considération vis-à-vis d’un  salarié, est punis par le code du travail et  l’usage du droit de retrait  permet de ne pas s’engager s’il existe un risque pour sa santé.
Le chef d’entreprise  est même  soumis à une obligation de RESULTAT  dans le cadre de l’intégrité morale et physique de l’ensemble de son   personnel, et si hiram est tué par ses compagnons pour ne pas avoir délivré des promotions, de nos jour, le salarié peut se suicider pour ce manque de reconnaissance et de sa surcharge de travail.
En 2017 ,  La reconnaissance au travail est un enjeu croissant dans les entreprises et devient l’un des vecteurs de leur performance économique. Elle passe par un nouveau comportement des managers L’âcre symbole de l’autorité patronale, pour les titulaires du pouvoir hiérarchique cède la place à des aptitudes où le manager est un entraîneur, convaincu que la confiance, les encouragements et les félicitations sont plus vertueux que la sanction systématique.
La direction par objectif, ou le management aux résultats, sont désormais remplacés par la récompense de l’originalité, de l’initiative, de la créativité et de la qualité des idées.

 

VI/ HUMANISME ET PROJET COMMUN :

C’est en refaisant le tracé de ce mythe, imaginant maitre Hiram au sol, étendu, mort, sous la voute étoilée de notre atelier, tué par ces compagnons indignes, que je ne peux m’empêcher une réflexion sur les maitres en charge de l’apprentissage de ces compagnons, qu’ont-ils bien pu manquer, comment n’ont-ils pas su insuffler l’importance du projet commun ?
L’apprentissage nécessite un investissement personnel,  qui se nourrit du sens que  l’on peut donner à cet engagement. Au tout début de sa formation, l’apprenti ne saisit pas forcément l’intérêt collectif de son engagement, il souhaite de manière individuelle, se former, s’améliorer, acquérir de l’expérience, du savoir-faire  comme la manipulation des outils propre à son domaine de compétence.
C’est au fur et à mesure de son implication qu’il va découvrir qu’il fait partit d’une chaine, d’un cycle, et que sa présence comme celle de ces ainés avant lui est indispensable à l’accomplissement de l’œuvre. Puis le temps passe, la transmission fait son chemin, les maitres de l’atelier insuffle l’importance du projet, à travers le labeur accompli, étape après étape, en mettant parfois leur vie personnel entre parenthèse, se mettant au service de cette même œuvre en sachant qu’ils ne pourront, dans certain cas, ne jamais la voir achevée de leur vivant.
Nous sommes bien là dans le projet commun, et le plus grand problème de notre société. Nous sommes perdus dans l’individualisme, le progrès censé nous ouvrir sur le monde nous enferme devant des ordinateurs, nous voyageons certes mais par procuration sur des pixels, les relations humaines qui sont la base de nos valeurs maçonniques s’étiolent peu à peu …Est-ce la conséquence de nos institutions politiques et économiques en panne, nous n’avons peut-être plus personne pour nous faire rêver et nous apporter ce projet commun..
Revenons à maitre Hiram et sur le sujet que je souhaite traité avec vous, le manque de projet collectif des compagnons assassins. Il semble que les maitres en charge de leur apprentissage ont failli. Ces compagnons ont choisi d’obtenir leur élévation par la force, et n’ont pas compris que seul, ils n’étaient rien, mais qu’ensemble,  ils étaient tout. Ne pas comprendre l’intérêt d’un tel projet, c’est ne pas comprendre le passage entre le monde de la contrainte et celui de l’engagement, ce manque de mise en perspective est la raison probable de l’assassinat de maitre Hiram. Le salaire d’un maitre, son statut, a-t-il plus d’importance que le projet commun, la cupidité, la vanité, prennent le pas sur la vision et la projection …
Ayant conscience qu’il me faut être concis pour ne pas alourdir notre planche commune, je souhaiterais aborder brièvement quelques clés sur la manière de donné du sens à un projet commun, comment fait-on pour y faire adhérer les autres ?  
Je crois qu’il faut mettre en avant l’importance de la cohésion, le rendu du projet lisible de tous, les objectifs, l’organisation, la responsabilisation des gens en leur donnant des tâches à effectuer, la mise en exergue des valeurs partagées du plus grand nombre,  l’écoute de chacun afin que tous se sentent  considérer …
Je suis surpris de voir que la franc-maçonnerie répond à tous les critères du thème que je développe avec vous, l’humanisme et le projet commun. Maître Hiram aurait bien fait de s’inspirer de notre organisation pour achever son œuvre quitte à commettre un petit anachronisme.

VII /Conclusions –  La mort d’Hiram nous rend-elle plus humains ?

L’approche kabbalistique nous a montré que l’assassinat d’Hiram n’était pas un acte destructeur mais bien un acte créateur. Cette allégorie devrait donc améliorer l’existence des maitres maçons en particulier, des maçons en général et par extension améliorer toute l’existence humaine. Mais la mort d’Hiram ne nous rendra plus humain que si elle éduque en nous la moralité. En toile de fond, Lucrèce dans son De rerum natura imagine que le premier qui se recouvrit d’une peau de bête fut assassiné par les autres pour le dépouiller…
A la question de savoir s’il y a un sens à penser que la mort d’Hiram nous rend plus humains, nous avons vu au travers d’une approche symbolique, d’exemples historiques et d’actualité, et par une approche sociétale s’appuyant sur la gestion de personnel que la diversité des interprétations ne permet pas de l’affirmer. Cette réflexion doit cependant nous faire prendre conscience de notre humanité et donc nous rendre plus humain.
Il existe encore sans nul doute de mauvais compagnons parmi nous, le mauvais compagnon étant à l’image de l’homme qui n’a pas encore atteint son potentiel, qui rôde encore dans l’erreur et l’ignorance. Une « chasse au sorcières » et donc aux mauvais FF et SS « passés au travers du filet des enquêtes » constituerait ainsi un acte destructeur et donc déshumanisant, en totale opposition avec nos valeurs. Le mythe d’Hiram nous rappelle que les hommes sont perfectibles et il nous met face à nos responsabilités morales d’êtres humains.
La mort d’Hiram est un acte fondamental de notre parcours maçonnique. Cette histoire joue le rôle d’une mémoire maçonnique collective et ancienne. Chacun peut tenter d’y voir et comprendre les erreurs qu’auraient pu commettre non seulement les compagnons mais aussi Hiram, afin de trouver des moyens d’actions qui permettent de ne pas les répéter. Notre connaissance et nos réflexions de l’histoire d’Hiram en particulier mais surtout notre connaissance et nos réflexions sur les grands troubles de histoire en général, cela fait-il de nous des hommes meilleurs, moins barbares et donc plus humains ? Les maitres maçons, malgré la connaissance du mythe d’Hiram ne répètent-il pas les mêmes erreurs ? En s’appuyant sur l’actualité, l’homme, malgré sa connaissance historique, ne répète t-il pas les mêmes actes de brutalité et de cruauté avec peut être un peut plus de cynisme et de violence ? La connaissance du mythe d’Hiram serait-elle alors un atout pour que l’homme s’humanise ?
Une chose est sûre, le mythe d’Hiram n’est pas une science et nous ne pouvons donc pas édifier des principes de comportements à partir de ce mythe. Mais nous pouvons cependant tirer une leçon de sa mort. Car il s’agit bien sûr de la petite mort, celle du cabinet de réflexion, celle qui permet la renaissance de l’homme vers plus d’humanité.

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