Nationalismes

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Nationalismes

Ils sont donc pour partir. Mais étaient-ils arrivés ? Depuis leur adhésion, il y a 43 ans, les sujets d’un royaume aujourd’hui désuni, n’ont jamais accepté ce mariage de raison. Les gouvernements conservateurs et travaillistes y trouvaient plus d’avantages qu’ils ne le disaient. N’avaient-ils pas gardé leur sacrée « livre sterling» ? Ils n’ont jamais cessé de se plaindre et d’exiger nombre de privilèges. La City, devenue première et mondiale, en a tiré plus que des bénéfices, une incroyable influence, soutenant sans faillir un libéralisme insupportable aux yeux de millions d’exclus britanniques et européens. Peut-être l’électorat « brexit » a-t-il voulu signifier aux pays fondateurs qu’ils étaient encore habitants d’une île ? Pourtant, leur isolement a toujours été plus que fluctuant : leur fidélité au grand large américain a souvent été préférée aux solidarités continentales. Les Anglais les plus modestes ont sans doute signifié à l’Europe, qui est surtout Bruxelles où siège la Commission toute puissante de Jean-Claude Junker, leur ras-le-bol. « Per aquò » (1), lorsqu’on regarde de près les résultats on constate que les Écossais et Irlandais du Nord ont exprimé clairement leur volonté de rester dans l’Union. Pour ce faire, ils demandent un référendum qui les ferait indépendants. Depuis notre très lointain Béarn, on pourrait imaginer le pire. Déjà, Marine Le Pen réclame son dû. Dupont-Aignan s’en félicite. Mélenchon demande, à juste titre, la plus grande transparence sur le nouveau traité. Une très forte secousse tellurique que l’échelle de Richter ne saurait enregistrer, frappe la France. Des ripostes viendront demain et après-demain. Longtemps. Que feront la France et l’Allemagne qui ont portés jadis la Communauté Européenne sur les fonts baptismaux ? Vont-elles tergiverser ? Céder aux lobbys multinationaux ? Plus grave, verrons-nous les nationalismes — voyez comment on les travestit en agitant l’étendard trompeur du « patriotisme » ! —submerger une Europe humaniste et ouverte que la défaite du nazisme avait préservée, tant bien que mal, des vieux démons qu’ils ont toujours réveillés ?

SJ

1. Ceci dit.

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