Où va l’Europe 66 ans après :
Le 09 mai 1950, il y a donc exactement 66 ans, Robert SCHUMAN, en complicité avec jean MONET, concevait l’acte fondateur de ce qu’est aujourd’hui l’union Européenne.
Il déclarait alors :
« La paix mondiale ne saurait être sauvegardée sans des efforts créateurs à la mesure des dangers qui la menacent. La contribution qu’une Europe organisée et vivante peut apporter à la civilisation est indispensable au maintien des relations pacifiques… l’Europe n’était pas faite, nous avons eu la guerre….l’Europe ne se fera pas d’un coup, ni dans une construction d’ensemble, elle se fera par des réalisations concrètes créant d’abord une solidarité de fait… »
C’est à la lumière de ces propos qu’il convient d’apprécier la situation d’aujourd’hui, en ces temps de graves turbulences en Europe et dans le monde.
Quelle serait l’approche des pères fondateurs de ce qu’est aujourd’hui l’ »Union européenne face aux situations dramatiques que subissent des femmes, des hommes, des enfants qui se retrouvent sur les routes pour fuir les guerres pour la plupart de ces populations ?
Ils inventeraient tout de suite avec courage et détermination des mécanismes de solidarité. Ils mettraient devant leurs responsabilités le couple moteur de la naissance de l’aventure européenne : l’Allemagne et la France pour qu’ils persuadent, entraînent, convainc les autres Etats membres à sortir de la politique trop facile et irresponsable, la «politique de l‘autruche » ! Ils interpelleraient les Etats membres de l’Europe centrale et orientale pour leur rappeler d’où ils viennent et pour savoir si oui ou non ils se considèrent de la famille européenne mettant en pratique la solidarité active…
Et bien entendu, ils n’iraient jamais négocier un accord avec la Turquie pour qu’en échange de trois milliards d’euros, l’on puisse refouler les migrants ayant survécu à la traversée en mer vers la Grèce. Ils ne construiraient pas des murs de barbelés entre la Hongrie et la Bulgarie pour empêcher les migrants d’entrer en Europe, ou encore, à Calais pour empêcher ceux qui sont entrés de rejoindre l’Angleterre. Ils ne pourraient pas tolérer de garder un enfant de 8 ans dans le « no man’s land » de la zone d’attente de l’aéroport de Roissy au prétexte qu’il a de faux papiers…
Il ne s’agit pas de charbon et d’acier comme en 1950, mais de femmes, d’hommes et d’enfants, d’Etres humains qui fuient des guerres, les persécutions, les pauvretés !
Il est vital et urgent de substituer le temps des discussions stériles et autres coups de menton à celui de l’action, de propositions concrètes. Une crise humanitaire s’installe en Grèce : près de 50 000 réfugiés sont bloqués dans des conditions déplorables sur la route des Balkans… Tout récemment, le Haut-Commissariat aux Réfugiés ( HCR) a estimé à près de 500 nouvelles victimes suite au dernier naufrage en mer méditerranée. Seuls 41 rescapés, le 16 avril dernier ont pu trouver refuge à Kalamanta ( Péloponèse)….
Les populations en errance ne méritent-elles pas respect et solidarité ? Débordée par l’arrivée d’un million de personnes fuyant pour la plupart la Syrie, l’Irak et l’Afghanistan, l’Union européenne, en contradiction avec ses valeurs du 9 mai 1950, de solidarité, de générosité, de respect des droits de la personne humaine, s’est profondément divisée sur les réponses concrètes à apporter pour tenter de remédier à cette situation innommable !
Evidemment, tout cela se passe loin de chez nous. Ces choses là n’arrivent jamais chez nous entend-on ici ou là… Car tout le monde le sait : notre histoire nous a appris la leçon, nous ne commettrons pas à nouveau la même erreur… et puis, il suffit d’éteindre le bouton de la télé pour retrouver le calme et la sérénité, bien calés dans nos pantoufles !
Je me demande si nos politiques, finalement, ne sont pas si loin des discours du candidat Donald TRUMP… avec ses rêves d’expulsion des immigrés, de construction d’un mur entre Mexique et Etats Unis, et autres « trumperies » !
Le devoir des dirigeants politiques, associatifs, syndicaux, et bien sûr de tous les F.M, c’est d’expliquer, de faire barrage aux diverses attitudes xénophobes, d’agir, de ne pas se laisser aller au gré des opinions publiques (souvent orchestrées) mais d’avoir le courage de prendre leurs responsabilités.
Ce n’est pas de forteresse, de barbelés ou de murs dont l’Europe, la Paix a besoin, mais de ponts pour qu’elle retrouve ses fondamentaux de respect de la dignité humaine et de solidarité entre les peuples… ceux de 1950 que les Etats membres de l’UE n’auraient jamais dû oublier.
66 ans après, j’ai dit.
JC.F
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