Histoire du monde ouvrier 12: Les lois sociales
Au lendemain de la première guerre mondiale, un nouveau contexte nait avec la révolution ayant éclaté en Russie. Cette révolution «victorieuse » constitue un formidable appel à la mobilisation des travailleurs. Côté politique, des dirigeants du Parti socialiste croient pouvoir trouver à l’Est un guide. Certains d’entre eux n’avaient d’ailleurs pas véritablement admis la charte d’Amiens (par laquelle la CGT avait signifié qu’elle entendait garder sa liberté de comportement et, par ailleurs, l’assassinat de Jean Jaurès avait également affaibli ce parti). En votant son adhésion à l’Internationale communiste en 1920 (lors du fameux congrès de Tours), le parti
Socialiste adopte le nom de « Parti communiste » et en même temps les directives selon lesquelles il doit prendre le contrôle de la CGT.
Une minorité refuse et se maintient comme « section française de ‘linternationale ouvrière -SFIO ».
Dans le mouvement syndical, la scission se produit également, mais avec des résultats inverses : lors du Congrès de Lille en 1921, une motion qui confirme la charte d’Amiens obtient la majorité (avec 1582 voix contre 1325 et 66 abstentions). La minorité refuse le verdict du vote et provoque la scission qui donne naissance à la CGT-U (le U signifiant par antithèse : unitaire).
Rien d’étonnant à ce que dans les organisations ouvrières d’après guerre, certains mécontents de l’action de la CGT pendant la guerre et de son adhésion à l’Union Sacrée, soient gagnés à l’idéologie communiste et acceptent de subordonner le syndicat au parti, pensant trouver dans Marx, interprété par Lénine, la solution de tous les problèmes !
Pour autant, la situation sociale et politique du pays est contrastée, tant cette dernière est incertaine : s’il n’y avait que la révolution russe, lointaine quand même, tout irait bien, mais les troubles qui sévissent aussi en Allemagne et dans toute l’Europe centrale prouvent que la lutte ouvrière existe toujours. La grande bourgeoisie française espère alors trouver une solution dans l’exploitation de l’immense empire colonial et dans le pillage de l’Allemagne vaincue, et se grise : c’est l’atmosphère des « années folles »…
Comme on peut aisément l’imaginer, la situation est toute autre dans le monde ouvrier : les salaires sont inférieurs à ceux de l’avant guerre.
Le logement est rare et cher pour les ouvriers, peu confortable (c’est l’époque des premiers bidonvilles de banlieue), l’hygiène y est déplorable. Le droit syndical est absent et la protection sociale inexistante (la médecine est plus qu’un luxe pour l’ouvrier). Toutes ces questions redeviennent naturellement au cœur de l’action syndicale, puisqu’au lendemain de la guerre, plus aucune disposition ne subsiste.
Les dirigeants de la CGT organisent des campagnes massives en faveur des « assurances sociales ». Et celles-ci aboutissent à deux lois : la première votée le 5 avril 1928, complétée par une seconde le 30 Avril 1930, qui organisent les premières assurances maladie, maternité, vieillesse, invalidité (détailler ici le contenu serait trop long…).
Toutefois, l’assurance chômage ne figurait pas dans la loi.
Il s’agit d’un bouleversement considérable pour des millions de familles ouvrières, que la maladie, la maternité ou l’invalidité condamnait à la misère totale. A peu près à la même époque, les premières lois organisant les allocations familiales étaient mises en place.
Le vote de ces lois ne se fit pas sans peine, la résistance patronale fut vive et il fallut surmonter les restrictions gouvernementales, négocier pas à pas chacune des dispositions.
Autre obstacle surprenant : la résistance du PCF
JCF