Maçonnerie et laïcité par Daniel Keller.Huffington Post 07/05/2015 21h45

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Maçonnerie et laïcité par Daniel Keller
Huffington Post  07/05/2015 21h45
    LAÏCITÉ – Un député, Philippe Doucet pour ne pas le nommer, s’est permis de traiter, dans un grand quotidien, les francs-maçons de laïcards que la religion « emmerdait » (sic). Nonobstant la vulgarité du propos, une telle affirmation traduit une méconnaissance assez profonde de notre franc-maçonnerie. Le Grand Orient de France rassemble des hommes et des femmes de toutes convictions, croyants ou libres penseurs. C’est parce que nous avons des ateliers qui travaillent sur l’évangile selon Saint Jean tandis que d’autres scandent à la fin des tenues « Ni Dieu Ni Maître » que la maçonnerie du Grand Orient de France manifeste force et vigueur. La maçonnerie n’exige pas d’adhérer à une ligne politique, elle rassemble toutes celles et tous ceux pour lesquels le contrat social est une construction de tous les jours qui nécessite de rassembler ce qui est épars. Parce que la société que nous voulons n’est ni une commune populaire encadrée par des gardes rouges ni un camp entouré de barbelés.
Toutefois chacun sait qu’il n’y a pas de société sans règle du jeu si l’on veut éviter la discorde et la guerre de tous contre tous. C’est le sens de la laïcité que de fixer de telles règles en équilibrant subtilement les droits et les devoirs de chacun. Dans une République laïque chacun a le droit de pratiquer sa religion, ailleurs que dans des caves, dans une République laïque, on n’a pas à ne pas respecter les interdits alimentaires dans les cantines scolaires, c’est la raison d’être des menus de substitution, dans une République laïque on n’a pas à régir les tenues vestimentaires des uns et des autres dans la rue, sous réserve de ne pas troubler l’ordre public, dans une République laïque, on n’a pas à transformer une communauté religieuse en bouc émissaire de nos problèmes politiques et sociaux.
Ceci étant rappelé, dans une République laïque, chacun doit aussi se mobiliser au service de la communauté des citoyens, la seule communauté dans laquelle nous puissions dépasser nos appartenances singulières pour concrétiser un véritable « être ensemble ». C’est ainsi que l’on fait société. On peut craindre que la démultiplication des revendications confessionnelles qui traversent le monde aujourd’hui ne traduise un renoncement implicite à cette ambition de bâtisseur et la tentation du retour voire de la régression vers des groupements communautaires.
Veut-on faire communauté ou société ? Le débat est ancien. La tentation communautaire est la conséquence des impasses dans lesquelles notre temps semble nous précipiter et la réponse diffuse d’un monde en désarroi. C’est aux politiques de nous sortir de l’ornière et cela repose sur une ambition : rassembler tous les hommes et les femmes aujourd’hui en déshérence dans la construction d’un nouveau projet de société. Les Francs-Maçons peuvent y aider !

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