RL « Le Réveil du Béarn » n°4170 – Région 17 – Or de Pau Quelle Europe souhaitons-nous pour les générations futures ?

RL « Le Réveil du Béarn » n°4170 – Région 17 – Or de Pau
Quelle Europe souhaitons-nous pour les générations futures ?

L’énoncé même de cette question peut déjà prêter à controverse, car l’idéal ne serait-il pas de travailler à mettre en œuvre, non pas exactement l’Europe que nous souhaitons à ce jour pour les générations futures, mais plutôt ce que souhaiteront trouver les générations futures dans l’Europe. Cela parait plus exigeant, du fait que nous ne pouvons que nous baser sur nos connaissances actuelles et sur les projections que nous pouvons imaginer à ce jour. Mais pour le moins, cela ouvre au moins sur l’idée que nous ne devons pas travailler à la création d’UN futur qui contraindrait les prochaines générations, mais à DES futurs possibles, en leur ouvrant plusieurs chemins lumineux.
Pour nous projeter, il convient en amont de bien définir ce que nous entendons ici par « l’Europe » : Est-ce le continent européen et les nations qui le composent, est-ce l’Union européenne, appareil institutionnel regroupant les 27 États membres ?…
L’interrogation s’ouvre selon nous, bien plus sur un concept, une idée, un projet de civilisation qui s’est construit dans le passé, d’abord avec l’empire romain, puis la chrétienté, la Renaissance, les Lumières et l’épopée napoléonienne, enfin, l’Europe d’après 1945 qui intègre ce passé mais qui est d’abord une œuvre de raison : il s’agissait de rendre impossible un nouveau conflit entre les anciens belligérants, de trouver un avenir de paix, de prospérité et de respect des Droits de l’Homme. C’est sur cette base, à partir des idéaux d’humanisme, des valeurs que nous souhaitons voir porter haut, que va porter notre réflexion.
    Utopie nous direz-vous, mais ainsi que l’évoque Jean Christophe RUFIN, qu’aurait été l’idée de rouler en voiture, de communiquer par internet ou par téléphone, pour un chevalier du moyen âge, si ce n’est une utopie? Les utopies d’hier sont les réalités d’aujourd’hui, à nous d’œuvrer pour que les utopies d’aujourd’hui deviennent les réalités de demain. C’est bien de l’idée de l’Europe et de ses valeurs dont nous devons nous préoccuper, l’intendance suivra forcément si le citoyen est imprégné des valeurs et des principes qui sous-tendent l’ensemble. Mais comment faire pour que les quelques 800 millions de citoyens européens puissent collectivement se reconnaitre dans ce projet ? Comment donner confiance en l’Europe quand l’économie en place ne satisfait pas tous ceux qui la composent ?
Deux grands principes nous paraissent capables de rendre l’Europe plus attractive, plus intégrée chez ses concitoyens de toutes origines, plus exemplaire pour le monde en général :
    En premier lieu, la construction européenne doit regrouper les peuples sur une vision politique comprise et partagée.  L’Europe doit être une revendication, un espoir et une fierté et ne plus être perçue comme une difficulté ou une contrainte. Ses membres doivent la ressentir comme un vouloir vivre ensemble, fondé sur l’inébranlable conviction d’un destin commun et de valeurs partagées. Cette vision politique doit être claire et connue du plus grand nombre, si l’on veut qu’elle puisse jouer son rôle de façon optimale. Il est donc essentiel de développer la connaissance civique et le sentiment démocratique auprès de tous les citoyens européens. Il nous apparaît également qu’une forme fédérative doit être défendue, parce que l’Europe ne doit pas se faire contre les états nations mais avec ces derniers, en respectant leur identité culturelle et leurs particularismes séculaires, tout en les faisant se rejoindre sur des objectifs communs de légalité (lutte commune contre la fraude fiscale, le dumping, le terrorisme…), énergétiques et écologiques (développement durable,…), sociaux (solidarité, éducation), culturels (laïcité, libéralisation des médias,…) et de compétences ( programmes d’études ou de recherches internationaux en commun). Le Conseil de l’Europe, en particulier, doit faire l’objet de notre attention, car en son sein s’élabore l’avenir des citoyens, de la culture, des droits de l’homme,… L’esprit républicain et ses valeurs de progrès et d’humanisme doivent être notre ciment.
    En second lieu, l’Europe doit avoir à cœur de se garder ouverte et attentive, et s’enrichir des différences. En effet, si nos valeurs communes doivent nous lier, l’Europe doit savoir valoriser sa diversité, en favorisant les contacts et les échanges intra européens. Mais elle peut aussi aller plus loin, en un projet dynamique, capable de se tourner vers d’autres pays et d’autres nation, afin d’éviter l’immobilisme et le repli sur elle.  Il faut se resituer à l’échelle de l’histoire et, nous retournant sur notre propre passé, réaliser que la démocratie ne se construit pas en un jour. Certains États, après des décennies de totalitarisme, doivent pouvoir espérer notre soutien pour la conquérir. Les accueillir, d’un commun accord, pour progresser avec nous sur le chemin de la démocratie, ce doit être aussi cela l’Europe. Dans le respect de ses valeurs intangibles, l’Europe devrait donc se doter d’une politique d’immigration globale, et élargir les droits et obligations qui sont attachés à la citoyenneté (quid du droit de vote aux étrangers). Il faut faire de l’Europe un pôle de croissance, d’innovation et d’influences, qui se démarque notamment de l’influence nord-américaine. L’Europe doit renouer avec le dynamisme intellectuel, l’innovation et l’humanisme.
Nous avons mis beaucoup d’énergie à bâtir une Europe économique puis à instituer une monnaie commune, nous devons aujourd’hui mettre la même implication à bâtir une Europe culturelle qui rapprochera ses membres, grâce au partage des connaissances, des cultures et des particularismes de chaque pays.
Notre F∴ Jean Michel Quillardet, synthétise parfaitement cette vision, lorsqu’il écrit : « Pour nous l’Europe, ce n’est pas une fin, c’est une étape vers un monde sans frontières et ce n’est pas un continent, c’est une idée, une certaine conception de l’Homme fondée sur la culture, sur la liberté et le progrès ». Notre réflexion sur la nécessaire liberté qui doit régner, peut se porter plus loin : doit-elle déboucher sur un total libéralisme financier ? Ainsi, les universités libres le sont-elles vraiment lorsqu’elles doivent trouver des ressources financières pour perdurer ? La presse libre l’est-elle vraiment lorsqu’elle doit se financer via les annonceurs ? La liberté doit peut-être être un équilibre, évitant de tomber dans la bureaucratie mais aussi dans le libéralisme sans réserve.
 
.Pour construire l’Europe de demain, il parait évident qu’il faut nous adresser dès aujourd’hui aux générations qui la vivront. Et afin qu’elles puissent jouer pleinement leur rôle dans une Europe d’avenir, il est important qu’elles soient ouvertes culturellement, humainement et économiquement à son histoire, à ses réalités et à ses valeurs. L’éducation laïque leur donnera les clefs de la lutte contre l’emprise des mouvements sectaires, des dictatures, en en faisant des esprits libres. Mais cet enseignement devra leur être accessible, ce qui n’est pas forcément évident, l’Europe étant parfois pour les jeunes une nébuleuse bien éloignée de leurs préoccupations quotidiennes.  Il existe toutefois des idées pour y palier :
        

– « vulgariser l’Europe » en s’assurant, par des formations dédiées, de la capacité des enseignants à l’expliquer de façon simple et concrète, et en mettant à leur disposition une sorte de kit de découverte de l’Europe, facilitant ainsi la compréhension des élèves et générant un niveau identique de diffusion de sa connaissance dans tous les pays membres.
Ceci en demeurant toutefois à l’écoute de voix discordantes afin de rester ouverts et ne pas générer des comportements monolithiques, dépourvus de sens critique positif.
          

–      Intégrer dans les programmes scolaires des moyens de faire vivre la citoyenneté, en créant des classes coopératives, des projets à dimension citoyenne (par exemple en relation avec des organismes humanitaires), et en utilisant les moyens de communication d’aujourd’hui (internet, réseaux sociaux, webcam,..) pour ouvrir à tous des contacts inter-régionaux ou internationaux.
Enfin, notre devoir envers les générations futures est de leur transmettre une Europe de paix et de liberté, où les valeurs que nous souhaitons qu’ils y trouvent plus tard soient déjà ancrées.
Nous avons donc chacun un rôle à jouer, qui est au moins de diffuser autour de nous les valeurs républicaines et d’humanisme, parce que nos amis, nos relations, sont non seulement les citoyens européens d’aujourd’hui, mais aussi sont les parents, les familles, les voisins, des générations futures, et qu’il serait regrettable de réserver l’enseignement et la réflexion au seul milieu scolaire. Nous devons chacun avoir à cœur d’éclairer dès aujourd’hui les chemins que nos enfants choisiront d’emprunter pour l’Europe de leur avenir.

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