Planche exaltation à la maîtrise 20 mars 2015

Planche exaltation à la maîtrise 20 mars 2015

MTCVVMM soyez les bienvenus en chambre du milieu.
Eh oui, vous pensiez seulement passer M et vous voilà d’un coup propulsés  VVMM. C’est quand même une sacrée promotion, bravo !
En réalité – et vous aurez, je l’espère, d’autres occasions de le constater – le chemin maçonnique aime bien brouiller les cartes et changer les repères. Et peut-être faut-il n’y voir que le caractère dérisoire des titres, car il est bien évident que seules les valeurs de l’homme comptent.
C’est en L bleue que vous porterez désormais le titre de M.
Dans la vie profane ce titre impressionne et impose un certain respect face à l’avocat, au notaire ou à l’huissier. Il reconnait la réelle compétence du maître de musique ou du maître de conférences. On le retrouve aussi dans les relations maître-esclave réservées, du moins dans les pays civilisés, à certains boudoirs très privés, ou cela peut encore traduire des liens – plus ambigus me semble-t-il – entre le maître et ses disciples. J’ai aussi toujours été très étonné de constater que dans les relations extraconjugales la femme a le privilège d’accéder au rang de maîtresse alors que l’homme ne reste qu’amant mais vous comprendrez que ce soir je n’aie hélas pas le temps de m’étendre sur le sujet.
En franc-maçonnerie c’est tout autre chose. Le M ne s’impose pas, il est reconnu comme tel. Non pas par sa poignée de main un peu particulière mais par ses actes, par l’exemple qu’il donne.
Au stade de la maîtrise, il n’est plus question d’outils, de sciences, de savoir-faire et de savoir-dire, puisque, et nous l’avons tous ici constaté, vous avez déjà acquis tout cela pendant votre parcours d’App puis de Comp. Votre travail portera désormais sur vos comportements humains,  votre esprit critique, votre exemplarité, votre engagement dans la transmission.
Ce grade vous confère la majorité maçonnique, c’est-à-dire la plénitude des droits en loge et dans l’obédience mais, comme toujours en maçonnerie, la plénitude de vos droits maçonniques, mes FF, s’accompagnera là encore des devoirs qui y sont associés. Les principaux ont été cités dans le rituel de ce soir : le travail incessant, la tolérance la plus large, la loyauté parfaite, la transmission.
On y revient toujours à cette transmission. Le M doit devenir un passeur entre les générations.
Quoi que… ça peut peut-être se discuter.
On nous dit que le M est celui qui sait et qui transmet. Que le M doit transmettre afin que nul savoir ne se perde. Soit. Mais Hiram savait et il n’a rien dit, il n’a pas transmis. Il a préféré mourir quitte à mettre en péril tout le chantier. Alors son silence était-il vraiment une vertu ?  N’était-il pas plutôt une faute ?
Vous le verrez, le mythe d’Hiram pose ainsi plus de questions qu’il n’apporte de réponses et vous avez déjà sur celle-ci une réflexion intéressante à mener. Car on peut aussi considérer qu’Hiram n’avait peut-être pas tort de se taire. Certes, il faut transmettre mais pas à n’importe qui, seulement à ceux qui s’en sont montrés dignes, et pas forcément tout, pas forcément tout de suite.
Les Mauvais Comp, eux, ils n’ont pas voulu attendre et c’est leur ignorance, leur fanatisme, leur hypocrisie qui a provoqué la mort d’Hiram, cette mort qui nous laisse tous démunis à rechercher la parole perdue.
Gardons cependant bien à l’esprit que cette mort d’Hiram, comme sa vie probablement, n’est qu’une légende, une légende devenue au début du 18ème siècle un mythe fondateur à l’intention des Francs-maçons. Ce très beau mythe, cette belle légende, elle est susceptible d’être lue à plusieurs niveaux. Elle a pour mission essentielle de vous guider, de vous aider à vous remettre une fois de plus en question au moment d’accéder au grade de M.
Il vous faudra pour cela un petit peu de temps car, comme lors de votre initiation, vous n’avez sans doute pas tout compris ce soir et c’est bien normal. Vous saisirez mieux ce mythe lors d’une prochaine cérémonie lorsque vous serez confortablement assis sur les colonnes et non plus au cœur de l’action.
La reconstitution du meurtre vous permettra alors d’en percevoir tous les éléments. D’en comprendre en particulier la dernière phase, quand vos FF ont relevé Thierry, traduisant ainsi qu’Hiram renait symboliquement en vous par les cinq points de la maîtrise. Elle vous permettra donc de comprendre que de ce fait c’est vous qui allez devenir le patron sur le chantier.
Dans la vie profane on entend souvent que le patron c’est celui qui a le pouvoir de dire non. C’est une grosse erreur. Ou alors on ne parle que des « petits patrons », des « petits chefs », de ceux qui gardent jalousement leurs compétences afin que nul ne les leur vole. Mais le « grand patron » c’est bien au contraire celui qui a le pouvoir de dire oui.
Et à vous mes FF ce titre de M va donner un grand pouvoir : Le pouvoir de transmettre et de Servir. « Servir » avec un « S » majuscule. C’est ce pouvoir qui fait la grandeur de la maîtrise.
Vous avez maintenant les bonnes bases mes FF. Mais comme Hiram, il vous faudra travailler, encore et toujours, notamment pour savoir choisir ceux qui seront dignes de recevoir votre enseignement, ceux auxquels vous transmettrez votre parole afin que celle-là au moins ne soit jamais perdue.
Vous continuerez aussi à travailler… pour la suite. La plupart du temps, l’étudiant qui obtient son bac ne s’arrête pas là. Son diplôme est juste une étape, une condition nécessaire à la poursuite de ses études supérieures.
De la même manière, ça y est, vous êtes M, l’acacia vous est maintenant connu, mais ce grade n’est pas forcément un aboutissement. Il peut n’être qu’une étape, le début du reste du chemin, d’un chemin qui peut être encore très long, riche et varié.
Bref, vous l’avez compris mes FF, il faudra continuer l’œuvre.
Alors encore une fois, soyez les bienvenus en cette chambre du milieu.

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