Déchaînées

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Déchaînées

Une des chaînes d’information continue a pour slogan « L’information qui ne s’arrête jamais ! ». Il y a peu encore, au corps tremblant, au corps horrifié de cette même information, j’ai désiré que ces médias cessent de nous taper sur le système, de nous abreuver, chaque seconde, des mots du voyeurisme, de leur vacuité et surtout de leur inconscience. À tel point que la radio m’a paru, très vite, une délivrance. J’ai voulu que ces chaînes arrêtent de courir, les yeux fermés, après l’insolente vérité qui se moque de leur stratégie économique : augmenter leur audience pour augmenter leurs recettes publicitaires ; qu’elles soufflent quelques instants, et prennent le recul nécessaire pour se remettre en cause. J’ai même imaginé qu’elles pouvaient s’émanciper enfin de leurs obsessions parisianistes et ouvrir portes et fenêtres pour regarder le grand ciel et ses tendres nuages que l’on appelle parfois le grand large… « Diu vivant ! », qu’elles cessent de s’auto-exciter et d’exciter leurs fidèles fascinés par le film ininterrompu de l’émotion et de la terreur. Sa musique et sa « dope ». Souvenez-vous de BFM Télé jetant en pâture les otages du supermarché Casher, cachés dans une de ses chambres froides, alors qu’Amédy Coulibaly était, lui, encore vivant, et donc capable de tuer ces mêmes otages. Coulibaly que l’on passait finalement à l’antenne et que l’on reconnaissait ainsi comme acteur d’un film noir. Très noir. Obscurantiste. Alors, il y a eu, dimanche dernier, la magnifique marche républicaine, les « Marseillaises », l’union nationale… Hélas, rapidement, comme je l’avais pressenti, la belle unanimité s’est vue bousculée et refusée par une partie de nos concitoyens, par le mensonge « complotiste ». La polémique enfle et on ne voit plus les mêmes images. On n’entend plus les mêmes commentaires. On découvre, effrayés, que nous n’avons pas fini avec cet odieux acte terroriste, et qu’il y a encore péril en la demeure.

P.S. Lire pour ce faire, Ce que phobie veut dire, d’Olivier Rollin, dans Le Monde daté du 16.01.2016

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