« Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre »
Winston Churchill.
Un de nos membre, qui n’est pas un historien de profession, s’inspirant, peut être, de cette sentence de Winston Churchill, entreprends de commencer une histoire du monde ouvrier. L’auteur interviendra sur ses motivations ultérieurement.
Histoire du monde ou ouvrier
1 le Moyen Age
Je vous propose de commencer cette « histoire du monde ouvrier », faite, nous le verrons, de combats et d’espérances pour la conquête et la défense de la liberté et de la justice sociale par un regard sur la condition ouvrière et paysanne au Moyen Age.
Ce qui caractérise essentiellement le Moyen Age, c’est sa structure féodale, fondée sur l’institution des privilèges, du servage, de l’oppression et de l’exploitation démesurée des faibles.
Nous sommes sous le règne de la royauté de Louis IX et sous le régime politique et économique de la féodalité absolue.
Deux classes composent la société : les riches et les pauvres. Les premiers ont accumulé des fortunes considérables par les pillages et les brigandages, les seconds, paysans, ouvriers et artisans vivaient de leur labeur et étaient assujettis à verser des impôts au roi sous forme de taille, gabelle ou dîme.
Les paysans vivaient dans la servitude, attachés aux hobereaux, les ouvriers vivaient dans la dépendance presque complète des seigneurs sans disposer des droits élémentaires de liberté ou de condition de vie. Les droits individuels, dits « humains » n’existaient pas encore dans les canons et les édits de la royauté. Paysans et ouvriers n’étaient que des « parias », méprisables mais corvéables jusqu’à l’épuisement au nom de la patrie, de la foi religieuse et au nom de Dieu.
Car, ne l’oublions pas, la religion d’Etat, au cours du Moyen Age, était le catholicisme tout puissant, avec sa fausse doctrine morale, l’allié de la royauté, servile et inconditionnel pour l’oppression et l’exploitation du peuple. Son sinistre instrument, l’inquisition, était érigé en « tribunal divin » et, avec toutes les formes de tortures était au service de la persécution des athées, des païens, des cathares et des juifs…
Ainsi, au XIIIème siècle, l’ouvrier comme le paysan étaient à l’entière merci des « patrons ». De ce fait, toute association pour défendre leurs droits, leurs intérêts vitaux, était interdite. S’ils s’insurgeaient contre leur condition misérable, ils perdaient aussitôt leur travail et étaient immédiatement passibles d’emprisonnement ou de condamnation à mort.
Ils n’avaient naturellement pas droit à l’instruction, leur ignorance étant une des forces de la féodalité royale, seigneuriale et religieuse.
L’église catholique était là pour maintenir l’ouvrier, le paysan dans l’ignorance. Elle leur apprenait uniquement les « bienfaits » de la pauvreté, l’humilité devant les « grands » et que courber l’échine jusqu’à la mort délivrait de la douleur et de la faim.
Saint Louis, même s’il a introduit le principe du « droit » dans la Charte royale, et recommandé l’affranchissement des serfs, n’arrivera pas à ébranler l’organisation féodale, rigide et hermétique. Tout ceci explique les continuelles agitations et émeutes dans les villes ou la liberté relative des bourgeois étaient sans cesse menacée.
Au XVeme siècle, les pays du Languedoc se plaignirent amèrement mais sans résultat à Charles VII de « l’extrême misère du peuple qui est si pauvre que plus ne peut ». La royauté resta pendant des siècles complètement insensible à toutes les doléances venant de toute la France.
Pendant la guerre de cent ans, l’état de dénuement de la population avait pris une dimension effroyable. Pis encore, au XIV et XVème siècles, la France fut envahie par des milliers de mendiants, d’oisifs, de pillards et d’assassins.
Enfin au XVIème siècle, des associations ouvrières créées dans le cadre de Compagnonnage, commencent à faire entendre leurs premières revendications : les ouvriers boulangers à Paris, les compagnons typographes à Lyon se mettent en grève pour obtenir le relèvement de leur salaire et de meilleures conditions de travail, malgré l’interdiction royale et la menace de poursuites judiciaires.
La conscience ouvrière était maintenant en marche. Rien n’arrêtera plus ses révoltes, sa volonté de devenir à part entière un facteur déterminant de la Société, qui devra, bon gré, mal gré, compter désormais sur elle. Car, même si depuis des siècles, les classes dirigeantes veulent nous convaincre que ce sont les rois, les généraux et quelques « grands hommes » qui ont fait et font progresser l’humanité, elles oublient l’immense masse des travailleurs… Elles oublient que si le peuple n’avait pas lutté et ne s’était pas révolté contre ses seigneurs, ses patrons, jamais n’auraient été reconnus tant de droits et de libertés !
JCF
Pour connaitre les motivations de l’auteur cliquer ici.