Néo credo ce que je crois ce que je crie.
Néo credo, ce que je crois, ce que je crie
Vénérable Maître et vous tous mes frères en vos grades et qualités.
A chaque fois que je monte ici, une question m’assaille… quand je dis «m’assaille », je ne vais pas vous parler kenyan, hein ! Ce n’est pas le guerrier Massaï du « Lion » de Joseph Kessel, c’est le verbe « assaillir »… Je précise cela parce qu’il est tard… Alors voilà cette question qui ne cesse de m’assaillir : comment se fait-il que je sois capable de jouer au théâtre pendant deux heures, devant 300 personnes que je ne connais pas, sans avoir le moindre trac, et que je sois mort de trouille pour parler une douzaine de minutes devant tente personnes en qui j‘ai
confiance ? Je pense que j’ai encore du travail sur moi à accomplir… La pierre est encore brute
à bien des égards…
C’est en répondant à une sollicitation de notre V.M. que je vais vous reparler de laïcité. Remarquez la laïcité pour un atelier du Grand Orient, ce n’est pas très original ; mais pour une fois que notre V.M.ne se distingue pas… Oh ! on peut le taquiner un peu, dans quelques jours, il sera trop tard… et ce n’est pas la dernière fois dans cette planche. Vous savez que l’année dernière j’avais déjà planché sur le même thème à la tenue inter obédientielle et que je n’ai pas eu beaucoup de temps pour travailler cette année. Et comme je constate que certains FF. présents ce soir, ne l’étaient pas ce soir là ; … je vais donc, à leur intention, faire une deuxième lecture de cette superbe planche de l’an passé… et tout le monde sera content… Non, rassurez-vous, ce n’est pas vrai, je vais vous improviser une planche, totalement improvisée, mais alors totalement… non, en fait, je vais plutôt vous lire mes notes, cela vaudra mieux pour tout le monde.
On accuse la laïcité, entre autres maux, de nous détourner, nous autres citoyens, des valeurs essentielles,fondamentales, fondatrices, de notre civilisation dite judéo chrétienne. Bref, on ne croit plus au Credo. Je me suis donc interrogé et je me suis demandé : « Mon bon Xavier, (oui, nous sommes assez intimes tous les deux), en quoi crois-tu ? », et en prolongeant un peu cette question, « en quoi aimerais-tu croire ? » Puis par un désir d’hégémonie bien naturelle, « en quoi aimerais-tu que nous croyions, tous, ici ? » Je nous ai donc, je vous ai
donc, écrit un credo que je vais vous soumettre. Oh! , évidemment je suis lucide, il est possible qu’il ne soit pas promis au même avenir glorieux que son prédécesseur : « Le Credo ». Mais sait-on jamais: les apôtres n’étaient que douze, et nous sommes plus nombreux ce soir…
Evidemment cette planche, vous l’aurez compris, ne serait-ce que par le choix des musiques, n’est pas à prendre au premier degré, ni même au second, pas plus au troisième d’ailleurs… en fait ceci n’est pas à prendre du tout, mais à laisser de coté et à écouter, (comment dirais-je ?) avec les oreilles critiques et iconoclastes d’un inquisiteur espagnol, en stage de remise à niveau à l’Agence Nationale pour l’Emploi de Pallavas les Flots…
Texte libre, libre pensée, libre penseur… libre de dire ou de ne point dire, libre de cette liberté qu’offre le silence, loi du silence, force de loi… , force de notre union, union de nos forces… Liberté, Egalité, Fraternité.
J’ai nommé ces lignes, avec un peu de perfidie :
« Néo Credo, ce que je crois, ce que je crie. »
« En ces trop tristes temps, où on manque de repères
Où ces jeunes, délinquants, n’écoutent plus leurs pères… »
Ha si, si !! Je l’ai vu, à la télévision :
Ce monde ne va plus dans la bonne direction !
Celui qui disait ça, c’était Poivre d’Arvor
Ne me dis pas que ça, ce n’est pas un cador !
Ah! tous ces gens paumés, il faut montrer la route,
Leur dire ce qui est vrai, pour leur ôter le doute,
Moi, je vais vous dire, je sais ce qu’ils leur faut,
J’ai voulu leur écrire, un tout nouveau credo. »
« Notre Père qui êtes aux cieux, que votre nom soit »… je ne crois pas en vous. Je ne crois plus…
« Que votre volonté soit faite »… Je ne crois pas que ce soit elle : la souffrance desuns, la souffrance des autres… La puissance des uns au service de leurs propres caprices, la famine des autres mourant dans l’ignorance. «Que votre volonté soit faite », je ne peux le croire, qu’avons-nous fait de vous ? Qu’avons-nous fait de nous ?
« Donnez-nous aujourd’hui notre pain quotidien »… donnons leur, au moins, aujourd’hui, leur pain hebdomadaire. Paradoxe de ces ventres gonflés par la famine… affamés par ces ventres gonflés de suffisance.
Coluche ! Lève toi et marche ! … « Pardonnez à ceux qui… » Oh, oui ! Je leur pardonne volontiers pour tout ce qu’ils m’ont fait. Je ne nous pardonne pas, ce que nous n’avons pas fait. Si vous existez, mon Dieu, punissez mes offenses, mais comprenez-les… dites-moi que ce n’est pas vrai, que ce n’est pas vous. Dites-moi que nous sommes libres… qu’ils ne peuvent accepter d’être les derniers pour être, un jour, peut être, les premiers. Non, en vérité je vous le dis, nul besoin du malheur, pour un monde meilleur.Poussières d’étoiles demain disparues. Etoiles trop pales d’injustices endurées, étoiles déjà mortes d’être trop épuisées… Soleils trop fertiles de descendance condamnée… Enfants déjà morts, à peine sortis des lèvres ; lèvres de leurs mères pour un dernier baiser, humide de leurs larmes, dans la terre déposés.
Soumettez-moi à la tentation, mon Dieu, à toutes les tentations. Tentation de la chair dans ses bras accueillants, tentation de ces rêves partagés en dormant… Je veux désirer, je veux tous les désirs. Je veux l’envie, je veux toutes les envies, et même l’envie d’avoir envie. Ne me soumettez pas à la lassitude. Je veux la passion… chaleur de ces coeurs chauds dans ces corps en douleur, chaleur de ces corps encore chauds, de ces coeurs en bonheur. Je ne veux pas de cette tendresse de merde, pas cette merveille défigurée par la routine… visage de l’être aimé qu’on ne reconnaît plus, masqué par l’habitude… Je veux vivre dans la crainte de son départ… menace de mort, d’une vie de remords. Je veux la pomme, je veux le serpent, je veux le serpent tortueux, tumultueux, vertueux, de la vie. Je veux la nuit pour aimer la lumière, je veux sa lumière pour adorer nos nuits. Je veux serrer les poings plus fort que les fesses. Même les vilains se rendent à confesse. Je veux la révolte avant toute récolte… Mériter par ma vie les choses qui ont un prix.
Je veux comprendre la chance qui, à moi, a souri. Je crois en un seul Dieu, tout puissant : Vous, nos Pères, nos Fils, nos Frères… je crois en toi, je crois en lui. Je crois en l’homme quand il rêve, je crois en lui quand il t’aide. Je crois dans les mains entremêlées… celles du mariage, celles de l’amitié… celles de la solidarité. Unions sacrées, anneaux échangés, agneaux de dieu, anneaux d’adieu.
Je crois en toi quand tu l’aimes. Je crois en moi quand je t’aime. Amour de l’autre, amour du prochain… même lointain. Amour de l’étranger, de celui qu’on accueille, de celui qu’on recueille.
Etranger sans faute, que celle d’être l’autre. Celui qui fait peur, responsable de la nuit, responsable de la peste, responsable des morts. Bûchers expiatoires de cités sans espoirs, de croyances bien noires… souffles brûlants destructeurs, des hommes, des femmes, des livres, des traces de libertés. Tas de cendres sans phénix et sans gloire. Hier inquisition, aujourd’hui crématoires.
Je crois en l’esprit sain, sain de corps et d’esprit. L’esprit de Liberté, à la conquête du monde, de celui qui est libre de croyance après mort, afin que du vivant il améliore le sort. Je veux avoir peur, peur de rencontrer la mort, pour de la vie savourer chaque instant. Mais je veux fuir l’ennui pour ne pas craindre la fin, se dire qu’après tout, la vie est bien remplie. N’avoir point de regret, mais tout d’inachevé.
Je crois en mon bonheur, avec elle, avec eux, lucide, complet, construit au quotidien, réfléchit, partagé, fruit de tant de tempêtes et de morts et de larmes.
Je crois aux sept jours comme aux cinq doigts de la main, au septième de repos comme à celle qui tient chaud.
Je crois en Adam, je crois en Eve, lui sorti du néant, et elle, née de mes rêves.
Je crois en Jésus pour « aimez-vous les uns les autres », pour les marchands du temple, et pour Marie Madeleine. Je crois en Jésus, pour sa haine de la haine.
Je crois en Marie, en ces larmes, en ses cris, mais aussi à sa couche par le sang rougie. Sang de larmes, sang de femme, sang de mère qui accouche, femme qu’on dit vierge et femme qu’on oublie.
Je crois en Saint Jean, en ses doutes, ses ténèbres, ses éclipses,Pas à ses hordes venues d’Apocalypse.
Elles répandent la peur, la crainte, elles nous rendent coupables Empêchent le bonheur, l’étreinte, elles nous font misérables.
Je crois à la recherche, au progrès, au risque, au sentier qui sinue. A vouloir pour tout trouver un responsable, et devant le juge, trouver un coupable, nous finirons immobiles, incapables, peureux, et bientôt nus. Galilée s’est rétracté, pour cause de religion, je ne veux pas céder au principe de précaution…
Je crois à la provocation et au déséquilibre, ce n’est pas dans la compromission qu’on peut devenir libre.
Tous les jours changer de chemins, tous les jours rester gamins. Face à l’échec, changer de cap ; dire à Sénèque qu’il fit le Pape : stoïque devant la mort, d’accord, mais pas devant l’injustice, ne pas confondre acceptation et résignation.
Je crois au perfectionnement individuel, au progrès, au cheminement particulier, à la construction… Je ne crois pas à la perfection : ces femmes trop parfaites et demi-nues, affichées aux coins des rues, ces golden boys trop montrés, portés aux nues, créent des frustrés et des déçus.
Je crois en ces mots : « Tous les hommes naissent libres et égaux en droits. » Droits de l’homme, Terre des hommes, mais aussi traite des hommes… Traite des noirs, noirs desseins, désirs noirs… droit de cuissage, droit de vie, droit de mort… meurtres noirs, noirs dans les champs, champs de cannes, champs de mines, jambes coupées, mutilées, vies brisées… en toute impunité. Esclaves d’ailleurs, esclaves des beaux quartiers, esclaves mineures des cités développées.Mépris des uns, mektoub des autres, On sait d’où vient la haine : le déséquilibre Nord Sud
Engendre Ben Laden et fait tirer les Scuds.Mettons au point cette taxe Tobin, avant qu’un beau matin, on n’sonne le tocsin.
Je crois en l’Eglise, en toutes les églises, la tienne, la mienne, la leur, si elles respectent les croyances, toutes les croyances, et même la non-croyance. Qu’elles prônent la tolérance, que leurs croisades soient pour la science ! Alors elles combattront l’ignorance. Je veux bien croire en elles si elles acceptent… l’insolence.
J’ai cru en toi mon Frère, en nos échanges nocturnes, riches, parfois arrosés, souvent passionnés, mais toujours avec respect. J’ai cru en notre histoire, commencée sur ces bancs, à peine débutante et déjà achevée. Urne, mortuaire, devenue océan. Mon frère, Christian… Je crois en toi notre Vénérable Maître, toi qui pendant trois ans fus notre raison d’être. Tu avais hésité, « être ou ne pas être ? » Mais grand tu l’as été, véritable décamètre.
Nous l’avions deviné à notre pifomètre.Ici nous le savons, il faut être géomètre, n’avoir point peur de plancher, à cause du trouillomêtre. Il ne faut pas parler ni de prêtre, ni d’endomètre, mais plutôt parler de mieux
être, de gens de lettres,… mais pas d’éthylomètre..
Parfois tu nous le dis : « on peut aller s’faire mettre », mais tu seras pardonner à notre applaudimètre.Tu vas redescendre centimètre par centimètre, rejoindre tous ces vénés, ces espèces…d’ancêtres, (oh ! là excusez-moi, j’ai dit ancêtre, mais ce n’est pas ce que je voulais dire, je reprends :)Tu vas redescendre, donc, centimètre par centimètre, rejoindre tous ces vénés, ces espèces de grands prêtres, (d’ailleurs ce n’est pas mieux, hein! …)Sur ces colonnes il te faudra renaître, car tu leur as manqué, il faut le reconnaître. (Ca, c’est déjà plus facile…)
Pour nous tous tu as été un véritable Maître.
Je crois en vous mes frères, en votre aide, en votre soutien. Je crois en nos tenues, pensées enrichissantes, rituels bienvenus. Je crois en elle mes frères, en cette maçonnerie. Servons la, aidons la, remuons la, bousculons la, mais restons-lui fidèles, mes frères, car elle est n’est pas à nous. Elle est de tous les ages et de toutes les couleurs, elle est pour le riche et elle est pour le pauvre, pour celui qui viendra et celui qui est mort, pour celui qui sait et celui
qui ignore, pour celui qui travaille et celui qui attend, pour celui qui marche et aussi l’impotent, pour celui qui est gai et pour celui qui pleure, elle est pour le confiant et celui qui a peur, pour celui qui est libre et pour le prisonnier, pour celui qui parle et puis… pour le muet.
J’ai dit.
Lu le 04/07/2006 | Apprenti