Les murs
Mais qu’est ce qu’un mur et pourquoi ?Pourquoi les murs ?Et maintenant peut-on se passer de murs ?Pour nous, Francs-maçons, où sont les murs ?Cette planche tente de répondre à ces questions
Les murs
» V. M et vous tous mes frères (et sœurs) en vos grades et qualités »
Un mur représente une barrière mais qui peut être intellectuelle, psychologique, comme par exemple le mur du silence, le mur de l’intolérance ou de l’incompréhension.
Dans cette planche, je ne traiterais que des murs physiques, c’est-à-dire solides, murs séparant les Etats ou des idéologies.
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En ce jour anniversaire, il y a 64 ans une Armada se lançait depuis l’Angleterre sur les plages de Normandie, à l’assaut du Mur de l’Atlantique. Mur construit et érigé le long des côtes françaises avec des constructions et blockhaus considérés comme infranchissables par l’occupant allemand.
Tout au long des siècles, des murs ont été construits, le plus impressionnant est sans aucun doute la Grande Muraille de Chine, construits au III ème avant J-C pour se protéger des invasions barbares. Tout pareillement le mur d’Hadrien construit par les Romains entre l’Ecosse et l’Angleterre.
Mais qu’est ce qu’un mur et pourquoi ?
Un mur est une construction solide, verticale plus ou moins épaisse, fait soit en pierre mais aussi en grillage et barbelés. Ces murs délimitent une frontière, offrant un espace de sécurité contre les intrusions ou restreignant la libre circulation des biens et des personnes. Une des plus importantes en France furent tous ces bastions ou citadelles construites sous Louis XIV par Vauban. Citadelles quasi imprenables que la politique des siècles suivants rendit sans objet et utilité, si ce n’est qu’ils sont devenus maintenant des lieux touristiques très appréciés.
A Paris, des murs furent érigés pour l’impôt, le mur des Fermiers Généraux. Une formule populaire de l’époque (je cite : « Le mur murant Paris rend Paris murmurant ») Mais ce mur ne fut que de peu d’efficacité en 1870, bien qu’il fut amélioré en 1840, cela n’empêcha pas la défaite face à l’armée prussienne.
D’ailleurs Paris, même sans fortification a toujours un mur. Il existe et je pense que beaucoup d’entre vous l’on utilisé car il s’agit d’une autoroute périphérique, et qui de fait constitue un mur infranchissable pour les piétons entre la Capitale et la Banlieue ; On distingue comme cela le Paris intra-muros et extra-muros. Ainsi parle t-on de mur quasi inexistant voire invisible mais qui délimite la ville.
Il y eu d’autres exemples comme la ligne Maginot ou la ligne Siegfried et ce fameux mur de l’Atlantique qui fut pour moi un espace de jeux et plus tard de drague d’adolescent.
N’oublions pas le Mur de Berlin. Construit en 1961 pour séparer l’Allemagne en 2 visions politiques. Mur qui fut abattu à partir du 9 Novembre 1989 après 38 ans de malheur.
A l’heure actuelle on peut recenser 9 murs si je peux m’exprimer, toujours en activité.
– Le mur entre les 2 Corée
– Le mur à Chypre
– Le mur de Belfast en Irlande
– Le mur du Sahara occidental
– Le mur entre les Etats-Unis et le Mexique
– Le mur des 2 enclaves espagnoles de Ceuta et Meillila au Maroc
– Le mur au Cachemire
– Le mur entre Israël et le Liban
– Le mur séparant la Cisjordanie et Israël
Et d’autres sont en préparation.
Pourquoi les murs ?
Construit pour se protéger d’un ennemi venant de l’extérieur, je m’enferme pour ne pas être exposé à l’autre. Pour preuve aujourd’hui tous ces lotissements-bunker qui fleurissent un peu partout dans notre monde occidental. Lotissements fermés par des grillages avec des gardiens, en armes comme aux USA. Ces habitants redoutent le mélange avec d’autres populations (un peu comme à Padoue) et pour d’autres ils se sélectionnent la plupart du temps par l’argent.
Il y a ceux de mon enclave résidentielle et les autres. Il faut montrer « patte blanche ». Cela correspond à la peur de la différence.
Et que dire de ces hauts murs qui entourent d’autres murs où sont des hommes encore entre quatre murs que sont les prisons. Où se situe l’espace de liberté ? A l’extérieur car pour nous protéger la société a créé les prisons. Certes pour sanctionner et éviter que des criminels et autres délinquants restent en liberté. C’est un autre système de protection individuel, un système pour éviter la peur d’une mauvaise rencontre.
Comme le dit J.Christophe Ruffin, écrivain et actuel ambassadeur de France au Sénégal : je cite « Ceux qui construisent ces remparts pensent qu’ils accomplissent un acte de puissance, que le mur est une manifestation de force. En réalité, il est un signe de faiblesse. La raison d’être d’un mur, c’est la peur. »
Je le répète ces murs sont le fruit de la peur et souvent de la haine et plus rarement fait par un calcul rationnel. Construit pour être éternel, à l’exception de la Muraille de Chine, ils résistent à tout sauf au temps. Ils symbolisent la fermeture contre l’ouverture.
Chaque Etat a des limites juridiquement tracées et il n’est pas nécessaire d’y ériger un mur. Bien qu’en y réfléchissant le poste frontalier est un mini mur. Plus en Europe semble t-il !!!
Autrefois les murs furent des fortifications qui remplissaient une notion stratégique et qui visaient à assurer la protection de l’Etat contre des tentatives d’agression.
Aujourd’hui, ils tendent davantage à entraver le passage des populations civiles. Dans certains cas le passage de petits groupes armés menant des actions terroristes comme à la frontière israélo-libanaise. Et donc pour ce qui est de ces murs modernes, je pense que c’est une autre logique. Ils cherchent plus à protéger l’espace public et une population civile contre l’infiltration d’une autre population civile, comme la frontière américaine ou les enclaves au Maroc.
Mais d’autres murs sont là pour enfermer des populations, les réprimer tel le mur de Cisjordanie.
Ainsi lorsque ni la politique, ni la diplomatie ne laisse entrevoir la paix et que les violences menacent la population, les Etats prennent des mesures de protection. Le mur apparaît comme une solution nécessaire même si elle n’est pas totalement satisfaisante. Comme l’explique le Directeur des Etudes au Collège Interarmées de défense : Je le cite « Puisque les négociations se trouvent parfois dans l’impasse, que l’Etat est exposé à une infiltration durable et continue d’immigrés clandestins, de terroristes, des mesures radicales sont prises. C’est vrai que c’est normalement choquant et inacceptable, mais c’est une mesure sécuritaire » : fin de citation
Cependant la construction d’un mur, au lieu de régler le problème aggrave la crise. Il cristallise les tensions et renforce les rancoeurs nourries par la privation de liberté, l’humiliation d’être enfermé et les complications de la vie quotidienne (Il n’y a qu’à voir ce que les Cisjordaniens lorsqu’ils firent exploser le mur en janvier dernier ont acheté en Egypte : essence, nourriture, biens de premières nécessité).
Mais n’oublions pas aussi que les murs sont dans la tête avant d’être implantés dans le sol. En effet, c’est la xénophobie, la ségrégation, l’hostilité mutuelle. Mais d’un autre coté, la destruction est aussi dans la tête, suite à des changements intellectuels, ou d’ordre politique, moral ou technologique.
Les murs seuls sont-ils infranchissables ?
Bien sûr que non, il faut y ajouter des hommes, du matériel, des systèmes de détection, des mines. Pour le mur de Berlin, il y avait 14 000 soldats et près de 6 000 chiens. Entre l’Inde et le Cachemire, c’est 2 armées avec 30 000 pakistanais et 450 000 soldats indiens qui se font face.
Ceux qui veulent fuir cet enfermement usent de toutes les ruses et stratégies. (Tunnel, utilisations des points faibles) et tout dernièrement à l’aide d’explosifs pour le mur entre la Cisjordanie et l’Egypte. L’histoire nous a montré le Cheval de Troie pour pénétrer dans la cité ou les trompettes pour la chute du mur de Jéricho. Un autre moyen c’est l’utilisation de passeurs, en contournant pour certains par la mer, mais là cela fait appel à du trafic bien rémunéré mais tout aussi dangereux.
Je voudrais quand même apporter une lueur d’optimisme. Certains murs sont des murs de rassemblement, comme l’association « fête le mur » de Yannick Noah, association qui permet au jeunes des quartiers dit difficiles d’apprendre le tennis et le plus bel exemple est à Pau où le responsable a formé des arbitres dont au moins deux sont devenus internationaux.
Il est vrai qu’il y avait séparation voire ségrégation et grâce à cette association le mélange a eu lieu, des minorités sont sorties, le mur a été franchi.
Il y a aussi des murs mis à la disposition des jeunes pour taguer et encore à Pau en liaison avec le Commissariat de police. D’autres sont des espaces d’écritures avec les fameux « dazibaos » en Chine et que l’on peut aussi rencontrer dans d’autres villes.
Et maintenant peut-on se passer de murs ?
Il y a de bonnes raisons pour que les murs ne disparaissent jamais. Même si ceux déjà en place se fissurent pour disparaître, d’autres reviendront. La vie n’est qu’un éternel recommencement, les hommes meurent mais les idées restent. D’autres gouvernants seront prêts à relever ces idées et nul ne peut dire de quoi l’avenir sera fait.
Pour nous, Francs-maçons, où sont les murs ?
Le premier et qui représente un symbole, c’est le Temple d’Hiram dont t-il ne reste qu’un pan, qui est le Mur des Lamentations à Jérusalem. Mais il y a ces murs qui nous entourent, ici dans ces locaux et autres Temple. Murs qui font de nous des hommes libres, qui nous protègent du monde profane et n’avons-nous pas d’ailleurs aussi un gardien et de plus armé, en la personne du Fcouvreur. Ces murs nous permettent de parler librement, d’apporter quelquefois des solutions et à d’autres moments notre solution.
Il ne faut pas détruire ce qui nous entoure, mais passer par ces portes et ainsi défendre nos valeurs à l’extérieur, montrer que l’on existe, que la Franc-Maçonnerie est un monde d’ouverture et de défense des lois de la République, que nous pouvons nous aussi devenir les garants des libertés individuelles, libertés qui se réduisent, lois qui se transforment en risquant d’en modifier les fondements.
Je sais, se dévoiler n’est pas facile, mais sans aller jusque là, se rassembler sous une même bannière et engager des dialogues pour réveiller les consciences de certains.
En conclusion, le mur est donc un système archaïque car l’Histoire prouve qu’il a toujours été un échec et une illusion. Tous les murs ont été franchis ou contournés un jour ou l’autre. Et quand les sociétés civiles et autorités politiques sont prêtes pour faire la paix, les murs physiques tombent comme des fruits mûrs. Mais qu’en est-il des murs dans la tête ?
J’ai dit
Dernières conclusions après la circulation de la parole
Je ne vous livrerais que 2 citations.
La première d’Isaac NEWTON « Les hommes construisent trop de murs mais pas assez de ponts ».
Et la seconde de Victor HUGO dans les Misérables : « Le mur était bâti avec des pavés, il était droit, correct, froid, perpendiculaire, nivelé à l’équerre, tiré au cordeau, aligné au fil à plomb ».
J’ai dit
Lu le 01/06/2008 | Apprenti