L’Afrique d’aujourd’hui

Afrique
Une vue décapante de l’Afrique

L’Afrique d’aujourd’hui

V.M.et vous tous mes FF.en vos GG.et QQ.

Dans l’ordre du jour, cette planche est intitulée « Afrique ». Je l’ai intitulée « l’Afrique
d’aujourd’hui », en fait son titre pourrait être « l’Afrique qui meurt », tant elle parait pessimiste.

L’idée de sa rédaction, je pourrais presque dire le besoin de m’exprimer sur ce sujet, m’est venu en
premier lieu bien sûr des douze années que j’ai passé en Afrique, des nombreuses expériences que
j’ai vécues là-bas, des centaines d’africains, vivant en Afrique (je le précise), que j’ai rencontrés.
J’ai vécu et travaillé (c’est une approche totalement différente de celle d’un voyage ) dans quatre pays
africains (le Cameroun, le Nigéria, l’Algérie et le Gabon) . J’ai voyagé dans quelques autres. Cela ne
me donne certainement pas le droit de dire que je connais l’Afrique. Au contraire, j’aurais tendance à
dire que plus j’y vais moins je comprends, tant est immense la complexité, tant est riche la diversité,
de ce continent et des ses habitants. Mais ça me donne le droit de penser que cette expérience peut
éclairer quelque peu ceux qui y sont allé moins souvent..
.
J’ai eu envie de réagir aussi à un certain nombre d’écrits que j’ai pu lire ou de films que j’ai pu voir.
Je m’y référerai dans la suite : le livre de Stefen Smith (journaliste au Monde et à RFI), « Négrologie,
pourquoi l’ Afrique meurt », chez Calman-Lévy, et son opposant direct « Négrophobie » co-signé par
Boubacar Boris Diop (écrivain et journaliste sénégalais), Odile Tobner (veuve de Mongo BETI ,
intellectuel camerounais longtemps exilé) et François-Xavier Verschave ; le petit recueil de
l’association « survie », co-signé également par F.X . Vershave et intitulé « les dictateurs amis de la
France », le film « le Cauchemar de Darwin » du réalisateur autrichien Hubert Sauper. Ces références
sont à votre disposition auprès du F.secrétaire.

Ce n’est donc pas à un récit de voyage exotique qu’il faut vous attendre. Ni à une image d’Epinal,
mélange de langue de bois larmoyante et de politiquement correct sur l’unique responsabilité de
l’héritage du colonialisme dans la situation de l’Afrique. Nous ne sommes plus au temps de J.J.
Rousseau ni de « Tintin au Congo ».

Je n’ai pas non plus, évidemment, la prétention de vous livrer un balayage exhaustif de l’ensemble des
paramètres qui font que l’Afrique est aujourd’hui ce qu’elle est : il faudrait des heures, voire des
jours, à un conférencier bien plus calé que moi; je souhaite juste survoler quelques aspects parmi ceux
qui me paraissent essentiels.

Les thèmes que j’aborderai successivement sont : tout d’abord, de quoi l’Afrique meurt-elle ?,
comment elle est « gérée » et ce qu’on en dit aujourd’hui
L’Afrique meurt (elle crève pourrait-on dire, si l’on considère l’indifférence que cette mort suscite!)
Stephen Smith nous dit qu’elle se suicide.

Aujourd’hui, selon , le secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, ganhéen, l’Afrique souffre
d’un « trio mortel » de handicaps : « insécurité alimentaire, VIH/sida et réduction de la capacité à
gouverner et à fournir des services de base » autrement dit, mauvaise gouvernance.
La faim, plus exactement l’insécurité alimentaire : calamités naturelles, déplacement colossaux de
populations en raison de la guerre (16 M de déplacés au Congo, ont fait passer le taux de malnutrition
de la population de 35% à 64% en 10 ans). En début d’année, environ 25 millions d’Africains ont dû
recevoir une aide alimentaire d’urgence et environ 200 millions d’Africains souffrent de la faim de
manière chronique.

Les causes de l’insécurité alimentaire en Afrique sont structurelles, insiste M. Annan. La plupart des
agriculteurs africains cultivent de petites parcelles dont la production suffit à peine aux besoins de

leur famille. Le problème est encore aggravé par le fait que les agriculteurs ne disposent d’aucun
pouvoir de négociation et n’ont accès ni aux terres, ni aux financements, ni à la technologie. Étant
donné que les petits agriculteurs et autres populations rurales africaine ont des stocks alimentaires très
réduits et des revenus insuffisants, une période de sécheresse peut rapidement entraîner la famine.
Mais la faim tue essentiellement en tant que conséquence de la guerre, comme c’est le cas en
Ethyopie et au Darfour.

Certains pays africains, tels que le Sénégal, commencent à s’attaquer aux besoins de « modernisation »
de l’agriculture. Il s’agit d’offrir aux agriculteurs démunis : la sécurité, des infrastructures essentielles
telles que des routes rurales et un meilleur accès au crédit, à l’eau et aux technologies adaptées. Grâce
à de meilleures semences, aux engrais, à l’irrigation et à l’emploi d’animaux de trait, l’agriculteur
moyen africain peut multiplier plusieurs fois sa production agricole.

De nombreux programmes de culture de la Spiruline, algue extrêmement riche en protéines et
relativement facile à exploiter, sont en également en cours de développement, essentiellement menés
par des ONG.

Le nombre de morts lié au SIDA est souvent cité également comme un facteur de déclin de la force de
travail en milieu rural : 57M de travailleurs agricoles seraient déjà morts du SIDA en Afrique
Subsaharienne. (j’emploierai souvent le conditionnel à propos des chiffres que je citerai, et si ce n’est
pas le cas, prenez le comme tel car suivant les sources, ils varient souvent largement en raison du peu
d’organismes ou d’études statistiques fiables).

Du SIDA : sur 40 M de personnes atteintes aujourd’hui dans le monde, 29 M sont des africains. A la
conférence France – Afrique, tenue le 21 janvier 2003 au Palais des Congrès à Paris sous l’Egide de
l’ONU, Kofi Annan a exhorté les présidents africains à agir, en réclamant, je cite « des mesures
révolutionnaires pour sensibiliser les populations et lutter contre les préjugés » . Il visait entre autre
Thabo Mbeki, le président de l’Afrique du Sud, qui depuis de nombreuses années niait la
responsabilité du VIH dans la transmission du SIDA, l’attribuant à des causes plus sociales que
médicales : la pauvreté, le sous-développement, l’apartheid, etc.. On peut constater sur les cartes que
c’est dans la partie la plus australe de l’Afrique que la progression du virus est la plus forte.
Pourtant des avancées sont possibles quand les dirigeants prennent les mesures appropriées : en 15
ans de campagne anti-sida très volontariste et de promotion des préservatifs, l’Ouganda a pu ramener
son taux de prévalence (nbre de personnes malades) de 30% à 6% (certes, selon des statistiques
nationales, jugées toutefois optimistes par les organismes internationaux, mais la tendance est là).
Ceci reste un cas malheureusement exceptionnel.

Enfin, quelques espoirs résident dans la nouvelle trithérapie générique en un seul comprimé, dont le
coût est actuellement quand même de 20 dollars par mois, et qui commence à être largement diffusée
en Asie. Les responsables sanitaires africains se l’approprieront-ils ?

Du palu : première cause de mortalité en Afrique, qui emporte chaque jour 3000 enfants de moins de
5 ans mais l’usage des moustiquaires imprégnées, qui réduisent d’au moins 60% sa propagation et
divisent par 5 la mortalité infantile due au paludisme, ne rentre pas dans les moeurs africaines, sans
doute par manque de campagne de sensibilisation. Elles ne sont commercialisées qu’environ 5 euros
mais ne sont pas exonérées de taxes dans 26 des 47 pays subsahariens. Pourtant les médicaments
coûtent bien plus cher et sont de moins en moins efficaces.

Les guerres civiles : 20 en Afrique subsaharienne (sur 47 pays) sans compter la guerre civile
algérienne ni la guerre du Sahara occidental. Voir la carte des conflits de 74 à 2003. Difficile
d’évaluer le nombre de morts, civils et militaires (rapport de 10 à 1 entre les deux) directs et indirects
(famines / sida véhiculé aussi par la guerre) mais quelques ordres de grandeurs : 800 000 morts aux
Rwanda, 3,2 M de morts au Congo, entre 1998 et 2003, soit autant que dans tous les conflits en
Afrique pendant les 40 ans de guerre froide. Plus le Liberia, plus la Sierra Leone, plus l’Angola, on
arrivera vite à la comparaison avec le nombre de morts de la seconde guerre mondiale. Ces guerres
civiles sont le plus souvent des guerres ethniques, menées par des chefs de guerre, lançant les
populations les unes contre les autres dans le seul but d’obtenir un pouvoir absolu et de faire main-
basse sur les ressources naturelles ou les productions locales. Guerres extrêmement sales, donnant
lieu à des scènes de cruauté insoutenables, (massacres, esclavage, mutilations, viols, anthropophagie
et j’en passe ..) parfois réalisées par des enfants.

La mauvaise gouvernance :
L’Afrique est riche (autrement pourquoi aurait-elle suscité et susciterait-elle encore tant de
convoitise ?) les africains sont pauvres.
Mais ce n’est pas aussi simple : toute l’Afrique n’est pas riche, tous les africains ne sont pas pauvres.
Les ressources naturelles de l’Afrique, c’est bien connu, sont phénoménales : minerais en tout genre,
bois, pétrole, cultures spécialisées, poisson, possibilité de tourisme, etc. Mais ces ressources sont
inégalement réparties, certaines régions étant particulièrement démunies (le centre subsaharien
notamment). Et surtout, les revenus que ces ressources procurent ou pourraient procurer ne sont pas
redistribués, les populations n’en recevant quasiment rien, que ce soit en revenus directs ou sous
forme d’infrastructures ou de développement de services.

Certes, une douzaine de pays ont connu ces dernières années un taux de croissance d’au moins 5 %, et
le revenu par habitant a progressé nettement depuis 1995 pour quelques uns des cinquante-trois Etats
du continent. En tête du palmarès, l’Afrique du Sud, avec plus de 100 milliards de dollars de produit
intérieur brut, en dépit d’un ralentissement récent ; la vitalité des économies nord-africaines (y
compris de l’Egypte), quelques « miracles » (comme l’île Maurice ou la Tunisie), et des pays
performants : Botswana, Ouganda, Ghana…

Mais globalement, l’Afrique s’appauvrit : le PIB moyen par habitant y a perdu près du quart de sa
valeur -en dollars constants-durant les deux dernières décennies du 20eme siècle. La question à se
poser est bien sûr : « de quoi ça vient ? » Guerres civiles ? Baisses des coûts des matières premières ?
Accaparement des richesses produites par une infime minorité, en Afrique et hors d’Afrique ?

Je n’ai pas retrouvé les chiffres actuels, mais au début des années 90, lorsque j’étais au Nigéria, dans
la liste des 10 plus grosses fortunes du monde figuraient sept chefs d’état du tiers monde, dont quatre
africains : Boigny, Mobutu, Biya, Bongo.

Le Gabon, justement, parlons-en : on peut comparer par exemple le PIB du Gabon, et de celui de la
République des Seychelles (6 KUSD / hab environ pour les deux) : les Seychelles ! quel rapport ? et
bien ce sont deux petits pays d’Afrique, situés sur les deux faces opposées du continent, à la même
latitude. Oui mais me direz-vous, les Seychelles vivent du tourisme ! Idée reçue ! la principale
ressource des Seychelles est la pêche au thon, le nombre de touristes par an étant seulement de
130000 environ, (environ 3M de touristes par an dans le 64 !). La pêche au thon est exploitée sous
licence par des bateaux de l’U.E. (j’ai surtout vu des espagnols et quelques français). Et bien aux
Seychelles, contrairement au Gabon, il n’y a pas de gosses qui mendient dans les rues, la scolarisation
fonctionne à plein, on trouve des dispensaires équipés un peu partout, etc. Il ne s’agit pas d’être naïfs,
l’ex président des Seychelles , Mr René, qui vient de passer la main après 26 ans de pouvoir et des
élections démocratiques, a sans doute ses vieux jours assurés. Mais les revenus de la pêche sont
inclus dans le budget du pays (ce qui n’est pas vraiment totalement le cas du pétrole au Gabon), et les
populations bénéficient de leur redistribution. Et pourquoi le tourisme n’est-il pas plus développé au
Gabon ? Ce ne sont pourtant pas les attraits qui manquent (réserves de faune sauvage, plages, forêt
équatoriale, etc.), ce sont les infrastructures.

Ceci m’amène à évoquer la responsabilité des autorités locales dans la situation que connaissent bien
des pays d’Afrique, qui disposeraient par ailleurs de tous les atouts pour se développer.

Pas seulement la responsabilité des élites, mais la corruption à tous les niveaux, dont j’ai été témoin
quotidiennement (j’insiste, tout cela, je l’ai vu): du flic de quartier qui loue son uniforme et son arme
lorsqu’il est en repos, de l’enseignant qui demande une commission pour inscrire les enfants dans sa
classe, de l’infirmier qui ne fait pas la piqûre (dont la famille du malade doit fournir le contenant et le
contenu) sans backshish, du fonctionnaire qui empoche directement les sommes qu’il est censé
percevoir au nom de l’état, du député qui détourne les fonds destinés à la mise en place d’une
infrastructure, du ministre qui s’engraisse en acceptant qu’une matière première soit bradée sur le
marché international, du président qui détourne sans vergogne l’aide internationale ou les fruits de la
vente du pétrole pour alimenter ses propres comptes bancaires en Suisse.
Deux exemples vécus ?
A Douala, en 1988, le directeur de la Régie des Transports locale (des bus pourris !) se fait construire
en plein quartier pauvre une somptueuse villa avec rotonde et colonnes de marbre, que les africains
appelaient « La Maison Blanche » ! tellement elle ressemblait à l’original ! Avec sa paie de
directeur ?

A Libreville en 2003. Le gouvernement émet une loi créant l’Agence de Régulation des Télécoms. A
l’instar des pays où l’industrie des Télécoms est florissante, cette institution aura la charge de la
réglementation du secteur, et de la détermination et de la perception des taxes sur les réseaux. Je suis
leur correspondant pour mon entreprise. Huit mois après la création, je constate lors d’une visite dans
leurs bureaux qu’une dizaine de gros 4X4 rutilants neufs, avec toutes les options visibles, sont garés
sur le parking. Cette honorable institution était composée de 10 directeurs, et voila ce qu’étaient
devenues les taxes perçues ! Faut bien vivre !
Un exemple, plus dramatique, montré par le film « le cauchemar de Darwin », que certains d’entre
vous ont peut-être vu. Résumé en bref pour les autres :
En Tanzanie, sur les rives du lac Victoria, un scientifique suisse implante, dans les années 60, à titre
expérimental, une espèce de poisson, connue sous le nom commun de la perche du Nil. Ce prédateur
vorace a ravagé en quelques années tout un écosystème, en décimant peu à peu toutes les autres
espèces aquatiques. De son développement rapide est apparu un commerce florissant voué dans sa
totalité à l’importation européenne et japonaise, et que l’on retrouve aujourd’hui commercialisée sous
forme de filets dans nos supermarchés alors que la population locale tente de survivre avec moins
d’un euro par jour.

Le film construit comme un documentaire nous montre une partie des acteurs de ce réseau qui inclut
évidemment un trafic d’arme en sens inverse. La misère gravitant autour de ce système est montrée de
façon insistante, quasi obscène à mon sens, -pilotes russes risquant leur peau à chaque rotation,
pêcheurs locaux dépensant leurs maigres salaires dans l’alcool et la prostitution, filles mourrant du
Sida ou de violence, villageois devant se contenter des carcasses des poissons, enfants sniffant de la
colle, etc. Utile. Mais le reproche que je fais à ce film est de ne pas montrer la part de responsabilité,
énorme à mes yeux, des autorités locales, qui se sucrent sans aucun doute dans ce double commerce
(celui du poisson et celui des armes), qui seraient les seuls à pouvoir le réglementer, en organiser le
contrôle et en redistribuer les bénéfices sous diverses formes, infrastructures, services, salaires
décents, etc. à la population. Et pourquoi ce film ne le montre-il pas, et au contraire, pose l’Europe
comme seule responsable de la situation ? J’ai une réponse à vous proposer, je vous la donnerai plus
tard…
Le livre de Stephen Smith (Négrologie) d’une part, montrant la responsabilité des élites africaines
dans les conflits, la gestion économique, la situation sanitaire et sociale du continent, et son opposant
direct (Négrophobie) d’autre part, reportant cette responsabilité sur l’héritage du colonialisme et du
néo-colonialisme et traitant le premier de raciste, sont une illustration remarquable de notre pavé
mosaïque : outre l’évidence de l’opposition noir/blanc, il me semble clair que ces deux positions sont
complémentaires, en ce sens que placées dans le contexte à la fois historique et géo-politique, elles
sont toutes deux indispensables à la réflexion sur ce qui se passe aujourd’hui en Afrique. Le problème
est qu’elles sont antagonistes sur la place publique, cet antagonisme ne faisant sans doute pas avancer
les idées.

La position de Smith, sans doute volontairement provocatrice, est partagée par des intellectuels
africains , qualifiés d’afro-pessimistes, et qui sont conscient du problèmes et tentent d’éclairer leurs
frères : Achille Mbembe l’un des rares intellectuels du continent à appeler le désastre par son nom,
Axelle Kabou, Yambo Ouloguem.

Mais cette position est aujourd’hui politiquement incorrecte : il est politiquement incorrect de mettre
en évidence les responsabilités Afro-africaines.
On ne peut pas dire aujourd’hui que des africains, et pas seulement des élites, portent une part de
responsabilité considérable dans la situation du continent, sans être taxé de raciste.
C’est la principale critique faite à l’ouvrage de S Smith par les intellectuels africains (j’ai entendu un
débat plus que houleux sur RFI lors de la sortie du livre, qui m’a donné envie de le lire ..) et par
certaines bonnes consciences de gauche en France. Il ose dire que les guerres civiles sont d’origine
ethniques, ont un caractère raciste, que des massacres d’africains sont perpétrés par des africains, que
des scènes d’anthropophagie, dans ces circonstances ne sont pas exceptionnelles, donc c’est un
raciste. On ne peut pas dire ces choses là.

Mais les nier, ou les taire, n’est ce pas les excuser, les encourager, et que dire alors du devoir de
mémoire auquel ont droit les victimes.

Alors que, FX Vershave (l’un des co-auteurs de Négrophobie…) nous donne par ailleurs dans la
publication de l’association « Survie » des informations particulièrement intéressantes et éclairantes
sur le soutien des différents gouvernements français (de droite et de gauche) depuis l’indépendance, à
certains dictateurs africains, et c’est indéniable. Il montre en quelques pages l’influence des réseaux
montés par Jacques Foccart à la demande de de Gaulle, les ramifications de la « Françafrique »,
incluant les industriels « elf bien sûr, pilier de la politique africaine de la France jusqu’à sa
privatisation, mais aussi Bolloré, la BNP, etc.) et la « Corsafrique » des réseaux Pasqua-Chirac. Et
encore, les soutien de F Mitterrand aux dictateurs Mobutu, Eyadema, Idris Deby, et le rôle peu
glorieux qu’il a fait jouer à l’armée pendant le génocide de 94 au Rwanda, sans parler de son fils et de
ses commerces douteux. Même M Rocard en prend pour son grade à propos de son soutien à Sassou, à
Eyadema, et de ses liens avec Bob Dénard. L’influence surprenante aussi de la GLNF, qui
regrouperait en son sein tout ce beau monde et serait un pilier de la françafrique, information que je
ne peux évidemment pas confirmer, si l’un d’entre vous a des informations à ce sujet, la parole va
bientôt circuler …

Tout ceci est sans doute vrai, plutôt moche, mais n’explique à mon avis pas tout.
Alors que faire ? Et comment parvenir à ce que nos valeurs fondamentales puissent commencer à être
déclinées un jour sur le continent ?

Je n’ai évidemment pas la réponse, mais il me semble qu’une pression constante des peuples et de la
communauté internationale pour que cesse l’aide au dictateurs, pour que cesse l’encouragement de la
corruption serait déjà un minimum (en supprimant par exemple le versement de l’aide sans contrepartie
de transparence financière et d’avancées démocratiques).

La dénonciation véhémente et sans concession de la part de responsabilités qu’ont les autorités
locales, à tous les niveaux, doit sortir du « politiquement incorrect ».
Ce n’est pas rendre service à l’Afrique que de laisser croire à l’opinion publique, africaine et
mondiale, que l’héritage du colonialisme est seul en cause.

Le problème de l’Afrique est avant tout selon moi (et quelques africains, heureusement, que j’ai
rencontrés !), un problème de prise de conscience des élites africaines, au sens large. Quiconque
exerce une responsabilité de quelque niveau que ce soit en Afrique devra un jour se convaincre qu’il
est un élément essentiel du développement collectif, autrement dit, qu’il ne fait que porter sa pierre à
la construction d’un édifice. Et que cette pierre ne peut manquer.

Si nous avons une responsabilité, elle ne se situe pas dans le passé, mais dans le présent : elle est que
nous devons aider l’Afrique et les africains à changer, à effectuer enfin cette prise de conscience, pour
que le berceau de l’humanité cesse d’être un tombeau pour tant d’hommes de femmes et d’enfants.

J’ai dit V.M.

Références :
Les dictateurs amis de la France de l’assos « Survie » : www.survie-France.org

Négrologie de Stephen Smith chez Calman Levy
Négrophobie de Boubacar Boris Diop, Odile Tobner et François-Xavier Verschave chez Arènes
« Le Cauchemar de Darwin », film de Hubert Sauper.
Le document téléchargeable comporte une carte.

 Lu le 01/07/2006 | Apprenti

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