Etre Maître

Etre Maître
Les impressions d’un nouveau maître

ETRE MAîTRE

T. R.M.. et vous tous V.M.mes FF.

Je suis parti à l’aventure pour réaliser cette pl. et j’ai laissé mon esprit divaguer, se laisser
aller au gré de sensations parfois confuses. En fait, j’ai circulé autour de ce grade de M., non pas sur
les aspects symboliques, mais sur les réalités de notre engagement. Je pense à toi Christian mon
F.qui ne peut être là ce soir !

Ayant compulsé le Ligou, le Bayard, le Boucher, … je me suis retrouvé devant une montagne
de références de définitions et en fait, rien de tout cela ne me convenait.
A titre d’information j’ai découvert 53 appellations maç.de Maître, avec des titres tels que :
M.Bon, Pasteur, un berger peur-être ?

M.Bleu ? Un schtroumf assurément? M .des M . au 119ème grade de l’université ! Et pour
clôturer, M .« ad vitam» au 99ème grade du rite Memphis ! Tout un programme.
J’ai donc jeté mes premiers travaux, ignoré tout ces mélanges ésotériques pour laisser parler
mon coeur ; donner ma vision sur ce qui est pour moi « être F.M .», mon approche sur les sens
positifs de la maç.et ce soir sur les responsabilités et les obligations du M..

Je n’ai aucun testament à léguer aux autres, je ne me sens investi par aucune prédominance
sur qui que ce soit et c’est avec la plus grande honnêteté que je vous livre ces pensées.
Je ne puis, que donner mon sentiment sur ce que je vis dans notre L., sur ce que je reçois de
vous et sur notre vie commune.

Nous sommes entrés dans ce T.ballottés, chahutés et secoués lors de notre initiation. Rédiger
le testament, suivent les épreuves, le soutien, la nuit, puis les yeux embrumés et soudainement ouverts
la lumière intense dans ce temple, plus petit que nous ne l’avions imaginé et découvrir des visages
souriants, accueillants.

Alors vint le temps des embrassades, la salle humide… la fête et le réveil, le lendemain, avec
cet éclair de joie dans la journée, fugace et puissant « je suis Franc Maçon ». Ce souvenir persiste en
ma mémoire et j’en garde une impression de fierté et d’humilité.
Le jour de mon initiation, mon jumeau me dit qu’il était content d’entrer en F.M., moi j’avais la
peur au ventre, peur de rédiger mon testament, peur des épreuves … je n’avais rien lu auparavant, ni
rien su de ce qui allait se passer…

J’ai été surpris, comme aujourd’hui encore, par la chaleur qui règne entre nous, par cette
fraternité qui m’avait impressionné, quoi que surpris par les gueules qu’il y avait lors du repas. Je fus
impressionné par ces hommes qui étaient devenus des FF.et notamment impressionné par un gros
F. qui le soir de mon initiation me dit :
« T’inquiète pas petit, ce soir il y a 50 personnes à table, la plupart tu ne les verras plus et qui
plus est c’est pour ton jumeau qu’ils sont venus. En, attendant finis ton assiette sinon je vais la finir »
Ce F. était Albert qui m’a légué un patrimoine d’amour et de rigueur.

Le rituel d’élévation au grade de comp . est le plus riche dans ses composantes symboliques.
Naissance agraire, possession de nouveaux outils qui permettent de mieux servir, richesse infinie de
nouveaux symboles : le labyrinthe, de nos esprits, de nos coeurs ; l’étoile flamboyante qui semble
porter en son sein un foetus, des symboles d’une richesse infinie.

Encore une fois je me rends compte que ce n’est que lorsque nous avons passé un cap, que
nous sommes prêts à étudier ce que nous venons de quitter. C’est en s’éloignant du quai, que du
bastingage nous pouvons au mieux voir la cote dans son ensemble.

C’est cette communion tribale qui nous emmène à revivre les rituels et mieux comprendre à
chaque fois un peu plus, l’ensemble ésotérique de chaque passage déjà vécu.

J’ai dévié de ma pl., mais je pense que la véritable initiation c’est la première, la suite
s’inscrit dans une continuité, non pas linéaire, mais sinusoïdale, avec des passages, des
franchissements d’obstacles intellectuels, des joies des déceptions. Nous découvrons de nouvelles clés
qui nous permettent d’avancer, de progresser pour soi certes, mais surtout et avant tout pour les autres.
Chaque passage s’effectue avec la communion de tous les FF .et ce soir, nous avons
ensemble et j’insiste bien sur le mot ensemble, participé au rituel du meurtre.

Nous avons en tant que spectateurs et acteurs assistés à la mort du père. Nous avons fait
apparaître l’homme dans ses penchants les plus abjects emmenant les trois compagnons jusqu’au
meurtre. Ils sont porteurs de 3 tares les plus ignobles l’ignorance, le fanatisme et l’hypocrisie. En clair
le refus du progrès, l’intolérance et le mensonge.

Mais qui est coupable ? Qui est le véritable meurtrier ? Le premier, le second ou le troisième
comp., tous pouvant se rejeter la responsabilité des coups portés. Y avait-il complot ou n’était-ce que
l’aspiration de chacun des assassins ? Chacun était posté à trois points précis du chantier donc isolés,
mais ils se retrouvent pour cacher le corps ! Responsabilité collective ! Ici rien ne se fait seul !
L’enterrement est collectif ainsi que la recherche. La parole a été perdue, mais l’oeuvre
continue.

Hiram est mort ! De cela nous sommes sûrs et il n’y a pas de résurrection. Alors, le M.du
chantier étant parti, qui a terminé les travaux du Temple de Salomon dont on parle dans l’ancien
testament ? Qui a continué l’oeuvre ? Que sont devenus les mauvais compagnons ? Pas de réponses !
Hiram personnifie l’honneur poussé jusqu’au sacrifice suprême. Il est le symbole de la
volonté, du respect des valeurs morales et de la fidélité à des engagements volontairement contractés.
Ainsi Hiram est reproduit, multiplié, dans les MM.que nous créons.

C’est une aspiration légitime pour chaque F. de vouloir accéder à la Maîtrise, puisque ce
grade existe et qu’il est nécessaire au bon fonctionnement de la L.. Autrefois le grade de M.
n’existait pas, seul le V.M. portait le titre de M.les autres FF.étaient app.ou comp.
La progression passe par trois stades Envie, Soif et Engagement pour chacun de nos trois
grades :
Envie d’entrer en Maç.: lumière pour l’apprenti,
Soif de connaissances : découverte pour le Compagnon
Engagement pour le M.: responsabilité individuelle et collective, avec l’impérieuse
Obligation d’être fidèle à ses engagements. L’action du M. doit s’établir dans le cadre du
fonctionnement de la L.et non pour le seul enrichissement personnel.

Voici ce soir, dans la chambre du milieu, deux nouveaux MM.qui maintenant vont rentrer
dans l’anonymat de la Maîtrise, c’est à dire pour notre at.et les FF.MM.la liberté de choisir
l’action ou l’endormissement, car vous êtes arrivés au troisième grade conféré par le Réveil du
Béarn ! Un aboutissement ou le début d’une mise en action. Nous pouvons oeuvrer en toute liberté.
Nous avons, à la maîtrise, la plénitude de nos droits maç.et éventuellement quelques
devoirs. Grâces à ces nouveaux décors vous pouvez aller visiter ou vous voulez sans que personne ne
sache si vous être M.depuis 1 mois ou 20ans. De plus vous aurez un avantage non négligeable en
prime de pouvoir vous asseoir ici sur les moelleuses banquettes.

Mais soyons sérieux ! !

Vous devez, avec tous les M., aider et instruire les compagnons et les apprentis, je pense
qu’en toute humilité nous nous devons d’être proches d’eux par la fraternité et l’affection plutôt que
par orgueil ou condescendance. De nouveaux FF.viennent vers nous, ils vont obligatoirement nous
apporter une vision nouvelle, un enrichissement supplémentaire.
Il me souvient qu’étant tout nouvel apprenti un F.me dit « n’oublie pas que tu parles à un
vieux M. » c’est vrai qu’il avait 4 ans de maîtrise… ça lui faisait plaisir… Soyons humbles et
pensons que nous avons beaucoup à apprendre des autres FF. et que notre diversité est notre
enrichissement.

Dans le rituel au 1er degré, avant de débuter l’initiation, le V.M.propose au profane de venir
à nous en s’engageant à travailler sans cesse à s’améliorer, à se surmonter afin de tendre de plus en
plus à la perfection.

Nous nous engageons à assister à deux tenues par mois. Tout le monde s’y engage, lors des
enquêtes, se disant qu’une réponse négative crée un risque de refus à notre entrée en maç.. Il en est
de même pour la capitation. Nous pouvons constater au fil du temps, que l’engagement s’émousse, que
la routine s’installe. Pourquoi tant d’oubli de la parole donnée !

Le travail et l’assiduité sont les seuls garants de notre efficacité.

Dans les recommandations au début du rituel d’initiation le V.M.dit au profane :
« Le Grand Orient De France entend associer tous les groupes humains qui composent
notre société, origine, fortune, profession, instruction, opinions quelles quelles soient, rien ne
compte que la haute valeur morale. »

C’est bien la raison pour laquelle, quelques années plus tard, certains de nos FF.confondent
Maç.et club service, passant leur temps à fureter pour garnir leur carnet d’adresse, car on ne sait
jamais… Un P.V. un passe droit, un avantage…C’est le « F.aux affaires » que l’on rencontre
partout et qui court de L.en L.pour savoir qui fait quoi dans le monde profane. On se téléphone et
on se fait une bouffe …Ce sont les MM.fureteurs ou affûteurs car à l’affût d’une bonne info, un bon
tuyau. Ou est passée la haute valeur morale ?

Il fut un temps ou j’assumais quelques fonctions électives, avec des responsabilités
financières, combien de FF.d’obédiences qui ne nous reconnaissent pas comme maç., m’ont
courtisé me disant « tu sais mon obédience ne te reconnaît pas, mais pour moi, tu es un F.» c’est
beau ! Surtout lorsque l’on sait qu ces FF.ne nous acceptent pas en ten..
Bien sûr lorsqu’ils ne décrochaient pas le marché, j’étais devenu un individu pas fraternel. Fini
les appels téléphoniques pour prendre soin de ma santé… adieu la grande fraternité.

Bien sûr, cela n’existe pas au Grand Orient de France
C’est la course au passe droit, à l’enrichissement supplémentaire pour obtenir le plus du plus
pour son propre compte.

Voilà le mal qui peut nous atteindre et qui se termine souvent par des querelles, des histoires et qui au
comble du comique finissent en justice maç..

Un F., qui fut Président à l’échelon national de la chambre de justice maçonnique m’a
expliqué que les affaires qu’ils avaient à traiter se composaient de :
45% de querelles d’argent mettant en cause un ou plusieurs FF.
45% d’histoires de fesses ( la F.M. est, parait-il, un excellent terrain de chasse, en toute
fraternité bien sûr et jamais avec la femme d’un F.il y a un minimum à tout).
et éventuellement de 10% de griefs que l’on peut attribuer à un manquement à la règle maç.
Il existe dans le monde profane des Maçons sans tabliers c’est vrai, des hommes et des
femmes emplis de bonté, d’altruisme et d’amour qui seraient bien chez nous. Des hommes qui savent
conjuguer le verbe partager.

Il existe aussi des tabliers sans maçon, des FF.constitutionnels comme disait Albert, qui se
sont trompés ou d’adresse ou de philosophie ; des FF. qui ont cru que la F.M. ouvrait toutes les
portes, faisait s’effacer toutes les fautes, et qui trouverait même du travail aux plus fainéants.
Notre F.Auguste Gelff, passé à l’Or. et.il y a quelques années, après avoir survécu aux
camps de concentration, avait une formule vraie « Les angles des équerres ne sont pas arrondis »
Pour moi, la rigueur est ma devise, je n’ai pas le droit de dévier. Je suis au service de mes
FF.

Ce n’est pas ce que nous sommes qui est important, ni ce que nous paraissons, mais ce
que nous faisons. Nous avons le devoir d’être conforme à nos engagements.
Je ne peux m’empêcher de penser aux FF.anonymes qui nous ont précédés, qui ont sans
gloire participé à l’établissement d’une humanité plus éclairée.

Quelle tâche nous reste-il à accomplir ?

Pour moi elle est simple, sans complications. Je suis là mon FF.si tu as besoin de moi, si tu
es dans la panade appelle-moi, je t’écouterai avec attention, j’essaierai de te porter secours. Notre
obligation d’entraide ne doit pas être confondue avec l’entrisme qui n’est qu’égoïsme, nous sommes là
pour les autres, c’est ce qui rend la tâche plus vivifiante.

Mes FF.nouveaux V.M.vous assumerez des tâches pour la L., vous vous devez de
devenir officier de la L. c’est dans la nature des choses. Ici les V.M.restent 2 ou 3 ans et c’est une
équipe qui tourne. Vous serez ou vous ne serez pas V.M., je suis mal placé pour le dire, mais cela
n’est pas important, si ce n’est que la place est difficile à gérer et que la charge est énorme. Il y a 12
offices dans une L.et chaque poste est important. Il n’y a pas de solistes, le V.M.n’est que le chef
d’orchestre.

Que la place de V.M.ne devienne pas la pomme de discorde de la L., que ce trône de
Salomon ne soit pas celui de la destruction de notre at.

Je ne profère ni conseils, ni recommandations, c’est la crainte qui me guide, protégeons notre
at. des attaques du monde profane, continuons à créer un havre de paix ou il fait bon se retrouver.
Nous sommes différents certes mais c’est ce qui nous rend plus tolérant.
Le seul ferment du centre de l’union c’est l’amour fraternel, c’est la préoccupation permanente
du bien être de chaque F.qui doit nous guider.

Nous sommes les héritiers de 250 ans de maç.et de milliers de MM.qui nous ont précédés.
Le 17 septembre 1863 ; 16 FF. se sont réunis à Pau pour décider de relancer pour la troisième fois la
L.« Le Berceau d’Henri IV ». Ils décidèrent de louer un local situé à la maison Planté place du
foirail à Pau, firent une souscription interne pour assumer les charges locatives et la L.fut installé le
10 avril 1864.

Deux ans plus tard le Berceau d’Henri IV disparaissait, pour renaître le 18 août 1888 sous le
nom du « Réveil du Béarn ». En 120 ans le Réveil du Béarn n’a travaillé que 89 ans. Que s’est-il
passé ? Relisez le livre du centenaire du Réveil, plongez-vous dans les archives de la L .et vous
trouverez les clés de la discorde et de la désunion.

Combien de FF.de haute valeur nous ont précédé sans que pour autant leur nom reste à la
postérité ? Ils ont été bons et généreux, prêts à aider les FF.dans la tourmente de la maladie ou du
désarroi. Ce sont eux qui ont protégé l’immeuble qui nous abrite et pour lequel reviennent
régulièrement des convoitises.

Ainsi le nom de ces FF.de valeur a été effacé par les vagues du temps et pourtant ils furent
apprentis aveuglés par la grande lumière, puis comp. et enfin M..
Ce soir tous ensemble nous avons revécu le meurtre du M.et comme nos FF .nous avons
renouvelé nos obligations avec nos nouveaux MM.

Dans nos cahiers d’architecture apparaissent les dissensions dues la plus part du temps à des
poussées d’orgueil, de pouvoir ou de destruction. La loge a été mise en sommeil plusieurs fois
pensons-y !

Ce soir il est entré de nouveaux MM.dans la chambre du milieu c’est une joie partagée, nous
avons en commun refait l’assassinat, revécu la traîtrise, l’orgueil, l’aveuglement et la douleur. Nous
nous retrouvons encore plus solidaires pour continuer notre oeuvre.

A la fin des travaux au 1er degré le V.M. dit ; « A toute heure rappelons la grandeur
des devoirs que nous sommes imposés, à toute heure soyons prêts à les remplir. »

Je suis prêt

j’ai dit T.R.

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