Ecce Homo

Ecce Homo
Ecce homo oui mais lequel?

Ecce homo

Ben, oui, mes frères, je vais vous parler de l’homme de Cro, l’homme de Ma, l’homme de Cro-Magnon, en espérant que ce ne soit pas trop du bidon. Cela c’est pour le morceau de musique que l’on vient d’entendre. Le second, à la fin de la planche, il faudra faire très attention aux paroles, surtout aux dernières, et vous comprendrez ce qu’est pour moi l’humanité et ce qu’elle n’est pas.

« Ecce homo ! Mais lequel ? » Tel est le titre de cette planche. Voici l’homme ! Mais quel homme ? Mais qu’est ce que l’homme ? Et quid de l’humanité ? Evidemment mes frères, quand je vous annonce que je vais vous parler pendant quelques minutes d’humanité, il ne s’agit en rien du journal, du canard, du même nom : « L’Humanité »… que je connais assez peu d’ailleurs pour ne l’avoir lu que deux fois : la première fois, c’était pour le départ des affaires de notre ami Pol Pot, en plein travail inachevé : à peine trente pour cent de la population cambodgienne exterminée. Dieu n’a pas voulu qu’il termine, il faut dire qu’il ne croyait pas en lui, ce benêt…

La deuxième fois que j’ai lu « l’Huma », c’était pour conserver dans mes archives un article, afin de montrer à mes futurs enfants, ce que pouvait être un vrai journalisme honnête, objectif d’investigation. Cet article disait en substance, que notre ami Brejnev était un démocrate qui s’ignorait en Afghanistan… Mais, comme dirait un imam de banlieue intégriste mais amateur de pastis : « autre tempora, autre mauresque » : le même article pourrait reparaître, peut être dans le Figaro d’ailleurs, en remplaçant Brejnev par Poutine, et l’Afghanistan par la Tchétchénie…où les statistiques les plus optimistes font état de dix pour cent de la population anéantie, les plus alarmistes, cinquante, ce qui nous fait une moyenne de 30 %, comme Pol Pot, un partout, la balle à Bush…
D’ailleurs, « L’humanité », comme nom… pour un canard, c’est assez ridicule… Même pour la feuille de choux de l’amicale des rescapés des purges staliniennes. Il y a une dichotomie maladroite entre les deux termes. Humanité- canard…homme-palmipède, n’importe quoi… Quoique… N’arrive t-il pas à la femme jalousée, qui a le privilège tant envié de partager mes jours, et tenez-vous bien, mes nuits aussi, ne lui arrive t-il pas, au sortir d’une nuit trop courte, insuffisante pour dissiper les restes de vapeurs d’alcool indispensable à notre harmonie conjugale, affalée dans nos draps douteux, témoins des folies de nos corps avachis tels deux tas de viande enveloppés dans des peignoirs de bains par un boucher enfin lucide, collée à cette litière chèrement acquise lors des portes ouvertes chez Dunlopillo, ne lui arrive t-il pas de me supplier, inassouvie : « Montre-moi que tu es un homme, mon canard !! »…Oui, bon, on peut rêver non ? Puis de toute façon, c’est mieux que «mon lapin »…Non, il s’agit surtout, ce soir, de vous parler de ce qui fait de moi un homme, et je ne désigne pas seulement par là le détail anatomique qui fait mon charme et qui fît perdre la tête à Eve : elle ne tournait plus rond, bref, ce détail rendit tétraèdre, la tête à Eve… Et quand je dis détail, c’est par pure modestie, afin de ne gêner personne dans cette assemblée,
essentiellement masculine.
Je voudrais vous parler de l’homme, de l’hominisation, de l’humanité et de sa négation. Qu’est-ce qui le rend, selon moi, cet homme, si différent des bêtes, et parfois si semblable à elles ?
Je ne suis pas philosophe, je ne suis pas anthropologue, pas davantage ethnologue, quant à la préhistoire, seul Henry Emmanuelli m’y fait penser…La paléontologie évoque pour moi la classe politique soixante-huitarde encore en place, guère plus. Et la première fois que l’on m’a parlé d’« homo erectus », j’ai cru que c’était le dernier long métrage de Rocco Zifredi, avec Brigitte Lahaie dans le rôle du fossile…
Alors pardonnez-moi mes erreurs, mes approximations. Je n’ai comme ambition que de vous faire partager les résultats de mes lectures, de mes pensées, le fruit plus ou moins mature, pas trop pourri, je l’espère, de mes élucubrations intellectuelles…
L’hypothèse d’un homme antédiluvien ne date que de 1849. Et c’est Darwin en 1871 qui affirme clairement l’ancestralité commune de l’homme et des grands singes actuels, en se fondant sur des travaux d’anatomie et de physiologie comparées. Travaux confirmés par la génétique : nous avons avec les singes 99 pour cents de notre matériel génétique en commun. Et sept mutations constantes avec eux, sur sept chromosomes. Sur 100 000 acides aminés, 7, 2 de différents… Sur ce plan là d’ailleurs, nous pensions au commencement de la génétique avoir plusieurs millions de gènes, puis il y a une quinzaine d’années 300 000, puis depuis très peu, il y en auraient 30 000, pas tous exprimés d’ailleurs, c’est à dire pas tous fonctionnels, dont 85 % en commun avec la mouche drosophile, vous savez la mouche du vinaigre que l’on voit l’été sur les fruits un peu passés. 85 % de 30 000 cela fait 4500 gènes qui nous différencient de la mouche. On n’est pas si loin du film de Cronenberg) Pendant des années, c’est en l’absence de fossile pré humain, que les théories sur nos ancêtres vont être proposées. Elles ne se basent en effet que sur des traces d’industrie lithique : silex, pierres taillées, etc, à la manière du Petit Poucet, quelques cailloux, semées volontairement, on pourrait le croire, pour que nous retrouvions la route tourmentée de nos origines.
On invente donc un être hybride, mi simiesque, mi humain : l’Anthropopithèque. Européen cela va de soi, les inventeurs du Jambon beurre, des chapeaux de la Reine d’Angleterre, du maillot jaune, de la « Star académie » et du four crématoire, ne pouvaient être qu’à l’origine de l’humanité, le doute n’était pas permis. Mais en 1894 on découvre, à Java, le Pithecantropus erectus, qui dans sa rigidité, si je puis dire, nous impose de penser dans un cadre spatial global : la terre entière. L’histoire de l’humanité n’est pas régionale mais mondiale, et est une suite de migrations géographiques extraordinaires. Ce pithécanthropus erectus s’érige droit comme un « I » devant nos certitudes : l’homme blanc, européen, dans son obésité naissante, suffisante et moustachue de la fin du 19 ième siècle, n’est plus le centre du monde : catastrophe psychologique copernicienne dans le monde des paléontologues…
Avec la datation radio métrique, dite « au carbone 14 », on finit par comprendre que l’homo habilis, nous précède de 1,8 millions d’années… 1,8 millions d’années… (trois jours, deux heures, et vingt sept secondes m’a précisé un agent de la SNCF, très à cheval sur les horaires), bref on ne s’est pas fait au sixième jour comme on voulait nous le faire croire dans les chapelles, mais par une succession de septièmes ciels, de plus en plus humains.

Voici les étapes les plus spectaculaires de l’hominisation : l’apparition de la bipédie (3,5 millions d’années, les choses sont imprécises), l’augmentation du volume cérébral ( qui s’en est suivi), la fabrication et l’utilisation d’outils (2 millions), la maîtrise du feu (450 000 ans), la naissance du langage articulé ( 250 000 mais totalement abouti à 35 000 ans), l’origines de l’art ( contemporaine), et très rapidement après au regard de l’échelle géologique : le radar automatique. Les fossiles d’hominidés les plus anciens, entre 7 et 2 millions d’années avant la naissance de notre V.M., ce qui n’est pas rien, viennent presque exclusivement de la vallée du Rift. Non, il n’y pas de chaînon manquant, clef de voûte d’un montage intellectuel trop beau pour être vrai : il n’y a pas de filiation directe, claire, linéaire et indiscutable, mais un inextricable enchevêtrement de lignées évolutives. Alors ces premiers outils dont on parlait tout à l’heure, ont-ils étaient conçu par homo habilis, premier représentant du genre homo, ou bien par des énergumènes contemporains mais dont la filiation se serait éteinte ?
Les hommes modernes, l’ « homo sapiens », (auxquels même Jacques Lang appartient : toujours aussi « homo », mais de moins en moins sapiens), ont une origine tout aussi controversée : ces homo sapiens seraient, selon certains, nés en Afrique de l’Est il y a grosso modo 200 000 ans et une poignée de secondes géologiques. Ils se disputent comme des chiffonniers pour le contrôle de leurs territoires avec homo erectus, leur cousin, soupçonné de vouloir leur chaparder leurs filets de mammouth label rouge (Oui, je précise pour ceux que le label rouge intéresse, que déjà à cette époque, il existait.)… Donc, première hypothèse : homo sapiens et Erectus sont cousins. D’autres prétendent, au contraire, que le sapiens descendrait de l’erectus, en Eurasie et en Afrique, par des brassages génétiques continuels de populations voisines. Querelle de clocher ? Que nenni !! Dans le premier cas, celui des filiations parallèles, les néanderthaliens sont des ratés sans descendance, une autre branche parallèle, un autre cousin, peu digne d’intérêt, dans l’autre cas, ils sont une transition entre l’erectus et le sapiens, il sont quelque part au milieu, dignes d’une photographie à côté de celle de Grand Papa ; ce qui simplifie considérablement notre arbre généalogique : arbuste taillé d’un jardinet à la française, plutôt que forêt vierge équatoriale.

Vous me suivez ? Tout est clair ? Hé bien patatras !! En 2004, en Indonésie, sur l’île de Flores exactement, on trouve les restes d’une famille de petits hommes, tout petits, un mètre à peine, 25kg. Alors que physiquement cet être est daté de plusieurs millions d’années, le carbone 14 est formel : aux alentours de 15 000 ans : rien !! Contemporains donc, du Neandertal et de Sapiens. On pense même que des spécimens sont peut être à l’origine de certaines légendes locales. La tradition orale au secours de la science dite académique, cela s’appelle la cryptozoologie…Comme les légendes basques sur un être étrange, le « basa jaun », pourraient, en fait, correspondre aux derniers spécimens de Néanderthaliens dans les Pyrénées.

On le voit, la frontière entre humanité et animalité est trouble, imprécise, fluctuante à mesure des découvertes scientifiques. Celles entre inné et acquis, ou nature et culture, ne le sont pas moins. Claude Lévi-Strauss, relayé par Edgar Morin, place l’évitement de l’inceste à la frontière entre nature et culture. Les échanges matrimoniaux exogamiques, c’est à dire copuler avec la petite voisine rouquine de l’immeuble, et non pas la voisine généalogique, c’est à dire sa propre mère, ou sa propre fille, incitent à la coopération, ce qui entraîne son corollaire : le langage articulé. Langage articulé inexistant d’ailleurs, chez les primates, et chez Michel Rocard. Certains sociologues avancent que la chasse, avec rabatteurs, tireurs, bref dite en coopération, aurait contribué au développement social et cérébral de l’humanité, la chasse…ce qui en dit long sur l’état mental de Brigitte Bardot.
L’activité cynégétique rendrait intelligent… On peut en douter, pour plusieurs raisons : d’une part dans certaines palombières avinées du samedi soir, d’autre part car la cueillette était nettement prépondérante dans les sociétés de chasseurs-cueilleurs. De plus, la chasse coopérative est pratiquée par des groupes de chimpanzés, ou de façon plus primitive encore, chez les lions, ou encore les requins. Enfin, pour encore brouiller les cartes, les archéologues
déclarent le charognage, et non pas la chasse, comme principale source d’alimentation carnée. Apparemment donc, la chasse, et la coopération qu’elle implique n’explique pas l’hominisation, et n’est certainement pas une borne de la frontière humanité versus animalité.

La conscience de la mort, peut être. Attention, je ne parle pas d’une conscience psychanalytiquement aboutie, puisqu’elle nécessite le langage et que le langage chez les animaux est assez sommaire, à part le chant des baleines, auquel je préfère d’ailleurs, celui des sirènes… Non, je parle d’une ébauche de conscience, une pré conscience si ce mot ne désignait pas déjà autre chose, disons une proto conscience… Laissez-moi vous racontez une anecdote afin de relativiser cette notion. Dans le petit village de haute Ariège où j’étais conseiller municipal, nous tuions le cochon vers les mois de février, mars. Dans certaines fermes, il y en avait deux à passer à la casserole. Le premier ne posait pas trop de problème, et il ne réalisait ce qu’il lui arrivait qu’une fois la tête en bas dégoulinant de sang à jet continu. Ses cris alertaient son corrélégionnaire, qui sentant que son affaire risquait de virer en eau de boudin, si j’ose dire, poussait des cris et se débattait tel un adolescent devant un gant de toilette… Il savait qu’il allait mourir… Les anecdotes de ce genre sont légions, suicides, animaux qui se sacrifient pour leurs petits, etc… Ce n’est donc pas la conscience de la mort en tant que telle, mais plutôt son intégration dans la vie quotidienne qui fait la différence. Nous savons, tous les matins en nous levant, que cette journée magnifique qui commence peut bien être la dernière. Je ne suis même pas sûr de terminer cette phrase. Ha ben si, mais celle là ? Ha celle là aussi, mais celle là encore ?… Et c’est la conscience de cette fragilité, de l’aspect éphémère de l’existence qui nous différencie du vulgus animalus. Nous avons intégré cette fin inexorable dans notre mode de vie, notre mode de pensée. Nous enterrons nos morts, nous leur donnons des vivres pour franchir le grand fleuve, nous croyons en des existences futures, parfois passées, nous fêtons ou pleurons ces pelletés de terres, ces flammes rédemptrices, point final de vie partagées, d’expériences communes, d’histoires d’amour, coup d’épée
ultime dans le noeud gordien de l’existence.

Mais c’est donc ce que nous avons fait de cette conscience de la mort, plus que cette conscience elle même qui nous différencie de l’animal. Or ce que nous en avons fait découle de notre nature humaine précisément. La différence entre l’homme et l’animal est donc ailleurs encore, encore en amont. Alors c’est quoi l’humanité ? Peut être qu’avec les outils, nous auront plus de chance. Hé bien non !! Les chimpanzés font des outils d’une complexité cognitive semblables aux outils les plus anciens de l’homme déjà homme. Quant aux indices de cultures, ils sont moins nombreux chez les premiers hominidés outillés, que chez les grands singes actuels, avec lesquels, d’ailleurs, à en croire Georges Brassens, seul un juge pourrait forniquer. Mes frères, tout ceci pour vous dire que l’espèce humaine n’est donc pas, à mon avis, une réponse à une essence, une nature prescrite une fois pour toute. Mais qu’au contraire, son apparition a eu lieu dans une histoire, inimaginable par quelque puissance que ce soit, chaotique, aléatoire, même si le hasard n’est, en l’espèce, peut être, qu’un déterminisme que l’on ignore. Et cette apparition de l’espèce humaine, est liée à des conditions d’existence dont la configuration est, pour le moins, singulière et complexe. La science ne pourra sans doute pas nous renseigner sur la nature humaine. Elle nous en indique, tout au plus, sa condition.

Il n’est pas sûr donc que ce soit du côté des scientifiques que je trouve ma réponse à ma question : mais qu’est ce donc que l’humanité ? Accrochez-vous mes frères, je vous amène sur le terrain de la philosophie. Pardon, de ma philosophie, disons philosophie sommaire, ce qui veut tout dire… Pour faire simple disons que, l’humanité, c’est la nature humaine. On peut rajouter, bienveillance, compassion, sympathie, politesse, savoir vivre… « Les » humanités, elles, sont carrément tout ce qui cultive l’homme… Donc on est homme, et éventuellement, on est
humain…Donc on est homme et, éventuellement, humain… Chez les grecs, cela voulait dire accepter notre petite condition de terriens laborieux, et laisser les bacchanales divines se dérouler tranquillement sans nous. Chacun à sa place. Dans le christianisme, point d’accomplissement possible, de perfectionnement à notre portée, puisque cette perfection est divine et n’appartient pas au monde humain. Pour paraphraser un alexandrin Hugolien célèbre : « L’homme était dans la fange, et regardait l’divin.»
A la renaissance, on attend de la culture qu’elle perfectionne la nature humaine, mais aussi, qu’elle forme et qu’elle produise l’humanité de l’homme. Arrive Kant qui prétend que la nature accomplit l’homme, même s’il ne le veut pas. (Je caricature un peu, mais l’esprit y est). Puis peu à peu s’impose l’idée que l’humanité est formée par l’ensemble des hommes. Ceux-ci ont le pouvoir sur eux-mêmes, et sur la part de nature qui est en eux. Les hommes qui se suivent pendant des siècles, sont en fait un même homme, une même humanité, on parle de
l’Homme avec un grand « H », qui subsiste et qui apprend continuellement. (Conception assez proche de l’idée que je me fais de la maçonnerie, voir la symbolique de la chaîne d’union, ou de la corde à noeuds…) Mais toutes ces conceptions de l’humanité présupposent que l’homme est, et que sa nature et de devenir humain. Mais comment le définir ? Au regard, en particulier des expériences malheureuses de l’humanité du XXième siècle, confère mon introduction, entre autres exemples ?

L’homme ne se définit pas seulement par son mode culturel, car il est libre de le suivre ou non. Mowgli, dans sa jungle n’en est pas moins homme, et c’est vers eux qu’il retournera. « Chasser le naturel, il revient au galop », pourrait-on dire, mais non ! C’est un choix délibéré, fruit d’un processus intellectuel. Il aurait pu y renoncer. Il y retourne par choix… (A ce propos, d’ailleurs, j’ai toujours rêvé d’avoir un cheval…Vous imaginez au tiercé : « Et c’est Naturel, qui revient au galop…» Bon concentrons-nous : le choix culturel, est un choix délibéré. Orienté, certes, par le milieu social dans lequel on est, « l’ambiance » disait Bourdieu, mais un choix délibéré.

Donc l’homme est en partie libre dans le processus de son propre perfectionnement.Et Sartre nous dit : « l’homme est ce qu’il fait ». Ce qui sous entend que rien n’est déterminé. L’homme est donc une chose possiblement humaine. Il ne se distingue pas de sa manifestation. Ce qui nous différencie tous dans ce temple, c’est notre façon, par essence individuelle, de nous manifester. L’homme ne se distingue pas de sa manifestation. Le crime contre l’humanité, là ça va être moins drôle, n’est pas qu’une façon inhumaine de traiter un autre homme : il est un acte déshumanisant, pour la victime bien sûr, mais aussi pour le bourreau. Négation de tout humanité chez l’un et chez l’autre. Aucune excuse humaine, fût elle la plus terrible, ne peut expliquer ces crimes, hors de portée de la
nature humaine. Et vous comprenez mon introduction sur Pol Pot, qui aurait pu être sur beaucoup d’autres) Ceci montre que chez l’homme, la nature humaine comme le sujet humain, ne peuvent se présupposer. En lui, l’être-même de l’homme est sans cesse en question. En vous disant cela je me rappelle un livre qui m’a particulièrement marqué :
« Vendredi ou les limbes du Pacifique » de Tournier, où Robinson se déshumanise à petit feu,perdant chaque jour un repère culturel, par choix, par paresse, par renoncement, mais oubliant peu à peu ce qui faisait de lui un être humain. Et en vous disant cela, en tant que père, je tremble tous les jours. Je voudrais vous dire en conclusion, que pour moi, en chaque homme et dans l’humanité toute entière, l’humanité est un pouvoir-être, constitué par un ensemble de possibilités à saisir, d’opportunités à prendre et à comprendre. Ces possibilités, ces opportunités, nous sont données tous les jours, très concrètement, dans la situation présente et quotidienne de l’humanité dans laquelle nous vivons. Il est de notre responsabilité, entière, de les saisir. Et c’est, peut être, la possibilité de les saisir ou non, qui définit d’ailleurs, la liberté.

L’exigence éthique nous concerne tous, concrètement et quotidiennement, dans notre être même le plus profond, et pas seulement dans notre bien, ou notre perfectionnement, ou notre engagement maçonnique. Bref, l’exigence éthique n’a pas qu’une valeur morale, elle est ce qui nous différencie de l’animal. C’est l’exigence éthique qui fait de nous des hommes.

J’ai dit.
Un F.de l’Atelier

 Lu le 01/07/2006 | Apprenti

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