Toujours plus de lumière

Toujours plus de lumière

Cette planche s’inscrit dans une réflexion initiée alors que j’étais

Apprenti par un propos nommé « La Trace ».L’interprétation que je

vais présenter essaye de discerner une partie du tribut que nous devons

à ceux qui nous ont précédés, et, de comprendre le cheminement de

leur pensée. La force du symbole est de permettre de parler de

l’inexplicable par une médiation transrationnelle, à condition de ne

pas prendre le symbole au pied de la lettre, mais comme l’image

visible d’un invisible. Ce que mous appréhendons c’est une trace dont

nous devons tenter de restituer la pensée et le geste.

Toujours plus de lumière

Cette planche s’inscrit dans une réflexion initiée alors que j’étais apprenti par un propos nommé « La Trace».L’interprétation que je vais présenter essaye de discerner une partie du tribut que nous devons  ceux qui nous ont précédés, et, de comprendre le cheminement de leur pensée. La force du symbole est de permettre de parler de l’inexplicable par une médiation transrationnelle, à condition de ne pas prendre le symbole au pied de la lettre, mais comme l’image visible d’un invisible. Ce que mous appréhendons c’est une trace don tous devons tenter de restituer la pensée et le geste.

« immer mehr licht » : toujours plus de lumière seraient les dernières paroles prononcées par Goethe.

Goethe n’exprime-t’il pas là, par ces quelques mots, l’aspiration constante de l’Humanité ?J’ai deux passions qui me font courir l’Europe (je devrais dire nous car mon épouse et sœur m’accompagne), l’art Roman et la préhistoire.

Les deux sont intimement liés. J’ai visité, parfois débusqué des sites mégalithiques un peu partout avec deux lacunes, encore  combler, la Scandinavie et le site de Stonehenge. Ce dernier mois de mai 2009, nous nous sommes rendu a Newgrange en Irlande, toucher ce que nous avions lu sur Fourknochs, nowth, Tara…dans la vallée de la Boyne.

L’ensemble surpasse tout ce que nous avions vu à ce jour. Le cairn de Newgrange possède une particularité qui est troublante: le 21 décembre, au bout d’un couloir de 21 m, l’hypogée (en croix) est éclairée pendant 21 minutes.

Pur hasard, mais c’est poétique. Nous ne pouvons rien savoir des cérémonies qui s’y déroulaient, ni de l’usage de certaines pierres, concaves, taillées, trop grandes pour avoir été introduites après la construction du cairn. Le seul élément tangible est, une parfaite orientation sur le solstice d’hivers. Une autre caractéristique est plus troublante. Selon l’interprétation du chercheur Britannique Martin Dier, en ces temps-là, l’allée été aussi alignée sur le lever de la constellation de Cassiopée. Le soleil au lever, Cassiopée après son coucher :« Toujours plus de lumière ».

Selon ce même auteur, la configuration en W de Cassiopée pourrait être la source d’inspiration des frises en zigzag ou chevrons que l’on retrouve à Newgrange et dans toute la vallée de la Boyne, mais aussi en Bretagne. Je ne développerais pas son hypothèse, que l’on peut résumer à une analogie avec le Yin Yang.

Ces frises en chevron nous pouvons en trouver dans la décoration des églises romanes : effet de l’art, ou réminiscence de rites plus anciens ?Je n’essayerai pas de démêler cette question si tant est que cela soit possible. Ce que je vais évoquer, c’est la résonance solaire d’un symbole que l’on dit chrétien : le chrisme. En effet, quand on regarde la construction géométrique de Knowth (célèbre cairn irlandais), par exemple, nous sommes frappé par la similitude. Nous y retrouvons la croix (le trèfle Irlandais ?) et un X resserré. Soit : 8 directions, une étoile à 8 branches, qui porte aussi le nom, d’Etoile de Compostelle.

I-Où trouve t’on des Chrismes ? :Les Chrismes sont notamment situés sur des édifices religieux, de style roman ou plus rarement gothiques, situés entre le 44éme et le 42éme parallèle. Soit une aire recouvrant tout le sud-ouest de la France et le Nord de l’Espagne. Il apparaît de manière fréquente le long du chemin de Compostelle dénommé « Chemin d’Arles » et du Puy. Il abonde le long du « Camino Frances »en Espagne. Les autres routes en sont quasi totalement dépourvues. En Saintonge, pourtant très riche en édifices Romans, il est une exception. Cette singularité pourrait être à la source de la lecture Alchimique de la légende du chemin de Compostelle et probablement en relation avec la liberté de passer et de penser porté par le compagnonnage.

Signalons que les chrismes sont souvent présents avec les frises maçonnées en damier (dit en billette) qui selon une hypothèse en cours, des deux côté des Pyrénées, aurait un lien avec l’ordre du Temple. On trouve également le Chrisme sur des monuments beaucoup plus anciens que les églises romanes comme, par exemple, sur un tombeau Wisigoth conservé au Musée provincial de Burgos en Espagne, en Italie (sarcophage de l’archevêque Théodore, VII° siècle).

Nous pouvons aussi, évoquer, les stèles de Bylis (Albanie), les Chrismes de St Lorenzo Fuori et Bonn (dalle funéraire), de Caherhillon (Kerry Irlande), ou le « paléo » chrisme de St Antonin Noblevals (Tarn & Garonne). Tout ce matériel est antérieur au 9° Siècle et assure une sorte de réfiguration du chrisme médiéval, éclairant d’autres aspects du chrisme, hors de cette étude.

Dans la province de Burgos, un modillon, une tête de cerf, porte au front l’étoile à 8 branches église de Moradillo de Sedano). On peut également en trouver sous forme de pétroglyphes comme à Malte. On peut en voir aussi simplifiés au nord de la zone mentionnée ci-dessus comme, par exemple sur la Cathédrale du Puy-en-Velay ou à Moissac (réduit à l’X et à la lettre Rhô). L’étoile à 8 branches est l’idéogramme Dingir qui signifie dieu en sumérien. L’idéogramme était notamment présent sur la porte d’Ishtar de Babylone.Cette figure géométrique structure des édifices mégalithiques et a servi d’idéogramme à de nombreuses civilisations.

Ce fut un coup de génie de l’église de Rome que de l’adopter comme représentation du Christ l’ors de la seconde crise iconoclaste (813-843).

II- Chrisme et orientation spatiale : Nous venons de voir que depuis l’aube de l’humanité, les hommes regardent et interrogent le ciel. Les études de Chantal Jègues-Wolkiewiez sur l’archéociel, la découverte du cercle de Nébra en Allemagne, pour les découvertes les plus récentes en témoignent. Depuis la nuit des temps, l’homme s’est orienté selon le soleil ou les étoiles de la voûte céleste. Mais nous savons, aussi, que depuis longtemps les constructions des hommes, les huttes celtiques, branas asturiènes, castros galliciens, étaient construites autour d’un pieu, et d’autres autour d’un axe virtuel, comme les bories ou les tipis. Toutes nos constructions furent orientées de la simple masure au temple en passant par les villes. pour les villes, le tracé initial n’est plus, forcement, lisible, sans fouilles minutieuses.

Cela est vrai pour la civilisation occidentale, mais l’on peut dire partout. L’exemple de la Mexico aztèque est emblématique sur ce point, elle qui fut construite sur un plan en croix comme une ville Romaine. L’acte de construire était un acte fortement symbolique à connotation religieuse ou sacrée. De ce point de vue, le chrisme est une figure immémoriale de l’orientation spatiale. Le jour, l’être se repère, bien entendu, par rapport au soleil.

L’observateur peut alors s’orienter en fonction des quatre directions associées aux points cardinaux. Elles dessinent avec la verticale du lieu une croix à trois dimensions en relation avec l’orientation solaire.  La nuit, l’être s’oriente par rapport à l’étoile Polaire et aux astres qui accomplissent une révolution apparente autour de l’axe des pôles représentant ici la verticale. L’inclinaison de cet axe sur l’horizon donne la direction du nord terrestre dont la projection sur l’équateur fournit la direction septentrionale de ce plan. Les quatre points cardinaux du plan de l’équateur forment avec l’axe des pôles une autre croix tridimensionnelle en relation avec l’orientation polaire.  http://rosamystica.oldiblog.com/

En agrégeant ces orientations et en traduisant la figure en plan nous obtenons une étoile à six ou huit branches, que nous pouvons rapprocher du sceau de Salomon ou de l’Etoile de Compostelle. Cette dernière à 8 branches, complète, en quelque sorte, se prête à une interprétation plus large.

III- Le Chrisme solaire :Pour rester concis, je renvoie, ceux qui désireraient approfondir, à la meilleure étude que je connaisse : la revue de la FNCMB « Compagnons et Maîtres d’oeuvres » N° 300,302 et 303années 2007. On notera tout d’abord l’immense polymorphisme du Chrisme qui s’inscrit généralement dans un cercle, mais aussi dans un carré (j’en connais 9 cas en Béarn), avec énormément de variantes décoratives, dont certaines troublantes comme la barre horizontale en forme de joug(Boo- Silhens), mais surtout une propension à « penduler », le A prenant le place de l’Omega,au cours d’une rotation à 180°. Exemples fameux : la porte des Orfèvres à Compostelle, ou Santa-Cruz-de-los-Seros. Le phénomène n’est jamais observé en France.

Le Chrisme peut, littéralement, penduler dans son cercle.Le chrisme fait usage du Grec, pourquoi ? La question mérite d’être posé. Utilisation du Grec pour l’écriture des premiers Evangiles, filiation avec les mystères d’Eleusis, l’utilisation du grec comme « langue des sages » par les bâtisseurs. De même, l’utilisation des voyelles de cette langue, donne tout une série d’indices pour déchiffrer le chrisme en rébus.

Je laisse ces hypothèses en dehors du propos actuel.Que trouve-t’on dans le Chrisme ? Dans le sans trigonométrique : la lettre Tau, la lettre Rhô, la lettre Nu ou V, la lettre Oméga,la lettre X ou Khi, la lettre Omicron, la lettre Sigma qui peut être assimilé à Dzêta quand elle-ci est inversée, la lettre Alpha (avec son pendule ou balancier).Ceci sur l’exemple type de Saint Exupère à Arreau.

Si nous transposons aux voyelles nous retrouvons a, e, i, o, u, y. AEIOU, refrain du séculaire« chant du bouvier » occitan et cris de ralliement (cri de loup) de la maçonnerie opérative et de transmission de mots « sacré ».NB : AEIOU pour les historiens signifie Austria est imperer orbi universalis = il appartient à l’Autriche de diriger le monde, mais en langue des oiseaux, austria peut se lire Astres (au sens d’étoiles) et nous pouvons dire : les astres dirigent le monde.4NB : Austria désignait aussi St Lizier en Ariège, ce qui permet d’évoquer un rapport au catharisme.

3.1 Deuxième approche solaire Nous notons de façon explicite, la présence du Phoenix, comme sur le chrisme d’ Arreau. Sa couleur peut évoquer également le Phoenix comme à Belhade (40) ou Annéran (65), avec la couleur orangé ou rouge. Le Phoenix renvoie à Maître Hiram, désigné à Tyr du titre « d’astrochitôn » : à la tunique d’étoile et maître du feu.

Une pierre de plus à ajouter au caractère solaire de notre rite. La plupart des chrismes bigourdans, sont ceinturés d’étoiles, reflet de la voie lactée. Ce coté solaire est à mettre, aussi, en relation avec toutes les chansons compagnonniques qui font allusions à Apollon (C&M n°303 de 2007)

3.2 Le chrisme instrument d’orientation. Nous l’avons vu le chrisme possède une dimension spatiale d’orientation mais figure aussi la représentation du solstice et des équinoxes (le X pour les équinoxes et la barre centrale pour le solstice). Ceci permet le rite de construction du temple ( cf. : « L’ombre du poteau et le carré de la terre » Jean Paul Lemonde Ed Dervy).

En déterminant les trois positions solaires fondamentales le Maître d’Oeuvre donnait vie et lumière aux trois vertus fondamentales : Force, Sagesse, Beauté, qui sont trois vertu cardinales de l’acte de création artistique (en particulier l’architecture) mais aussi analogiquement : solstice d’été, solstice d’hiver, équinoxe.

3.3 Le Chrisme total à 8 branches : En passant du 6 au 8 par adjonction d’une barre médiane la figure atteint la représentation du Cosmos Pythagoricien c’est-à-dire l’univers dans sa totalité. En rapport avec cet univers, le

Chrisme devient une porte (liberté de passer) qui est la signification du rite de reconnaissance compagnonnique qui se nommait : « mettre sur les champs » où « battre le champ » dans lequel les compagnons disposaient à terre leurs cannes en X. En « dansant », en quelque sortes, dessus, les compagnons chevauchaient l’univers perceptible.

Cependant il existe bien d’autres interprétations possibles. Nous évoquerons la représentation d’outils de charpente et de levage des maçons et tailleurs de pierres. Certains Chrismes donnent l’image d’une corde tressée de façon à former un motif complet. On peut également invoquer, soit une crosse d’évêque, soit une épée et sa garde, soit un bâton de berger avec son extrémité recourbée.

Ces signes devaient « parler » aux membres de certaines confréries.

D’autres présentent des motifs en formes d’ondes faisant penser à un passage de rivière ou aux chevrons de la vallée de la Boyne. L’exploration de l’appellation de « Pendule à Salomon », pour désigner le chrisme, par le compagnonnage, ouvre la voie de la signification du symbole en rébus. Et ceci n’est pas exhaustif. Le Chrisme disparaît des temples chrétiens avec l’art Gothique.

La réflexion ésotérique sur ce symbole était-elle devenu encombrante pour le dogme ? L’église orthodoxe a procédé différemment. En superposant, seulement, le Rhô , l’Alpha et l’Oméga, à un chrisme réduit à la croix grecque, le clergé l’a totalement christianisé. Retour à la lumière !

Constatons que tout point tracé sur un sol est au croisement de deux traits ou deux axes.Alors nous pouvons dire que toutes nos constructions furent orientées, par rapport au soleil,  mais aussi sur un axe vertical, celui la lumière noire qui provient du Nadir. Sources bien réelles reconnues par certains à l’aide d’une baguette de coudrier.

Une recherche constante dans tout cela, la lumière solaire mais aussi lunaire (ou des astres nocturnes), une lumière réfléchie. De Newgrange au Chrisme la même quête, celle que nous perpétuons dans nos temples.« Toujours plus de Lumière ! »

B.°. L.°. Octobre 2009

| Lu le 25/11/2009 | Maître

 

 

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