A travers les cahiers d’architecture

A travers les cahiers d’architecture

Les orateurs ont recherché à travers  les tracés des travaux, quels étaient les sujets débattus en loge à certaines périodes. Ils ont repris les textes originaux  afin de faire sentir l’ambiance et l’air du temps de l’époque.
Ils ont ainsi évoqué les périodes troublées de l’histoire de France en nous faisant  part des préoccupations de nos FF dans les années 1863 -1901, ensuite durant la période  1914- 1918 pour évoquer enfin l’après guerre, 1945 à 1949 .
Ils ont ensuite retracé l’histoire même de ce Temple, ou plus exactement des locaux qui l’abritent.
 
 
 

A TRAVERS LES CAHIERS D’ARCHITECTURE
 
Nous n’avons pas pour ambition de retracer une histoire complète du Réveil du Béarn mais plutôt de rechercher, à travers  des tracés de travaux, quels étaient les sujets débattus en loge à certaines périodes. Nous reprendrons les textes des tracés  afin de vous faire sentir l’ambiance, l’air du temps de l’époque.
 Nous avons retenu, peut-être arbitrairement – mais il est impossible de rendre  compte de la totalité du contenu des cahiers d’architecture- les périodes troublées de l’histoire de France. Ainsi nous vous ferons part des préoccupations de nos FF dans les année 70 – 1870 – période où Napoléon III, Empereur, perd la guerre avec la Prusse à SEDAN, ce qui fera que la France sera amputée de l’Alsace et de la Moselle jusqu’en 1918. Nous regardons aussi la période d’avant guerre, mais de la Grande Guerre , celle de 14- 18 pour nous attarder ensuite à la période d’après guerre , celle de 1940, dans les années de 45 à 49 .
 Nous avons dans notre coffre 26 cahiers d’architectures pour les périodes suivantes :
1863 à  1872 ;  1888 à 1894 puis 1901 à 1922 puis 1944 à 1994 et 1997 à aujourd’hui.
 Nous n’avons pas, et pour cause puisqu’ils ont été volontairement détruits en 1940, les cahiers d’architecture de 1922 à 1940.
 Nous vous parlerons aussi d’une période plus récente en vous retraçant l’histoire même de ce Temple, ou plus exactement des locaux qui l’abritent.
Ce travail n’est pas exhaustif  et nous suggérons, qu’un jour, proche ou lointain, des FF jeunes en âge tant maçonnique que profane reprennent la lecture de ces cahiers avec leurs yeux d’aujourd’hui.
 Pour ne pas trop vous lasser et avec ton accord VM , cette planche sera à 2 voix .
 
1863 à 1901
 Tenue préparatoire du 17 septembre 1863 afin d’obtenir autorisation de ré-allumage des feux de la loge après 53ans de sommeil. 17 FF se réunissent et demandent que la loge travaille au rite français et son titre distinctif sera Le Berceau d’Henri IV.
  L’installation se déroule dans le lieu ou Henri IV naquit, ce qui laisse à penser que ce fut au château  de Pau, le 10 avril 1864 à 14h par la commission d’installation en présence des FF de tous les orients de la région de Toulouse à Bordeaux, de Auch, Condom, Bayonne, Tarbes, Dax, Mont de Marsan soit 22 F de PAU et 37 visiteurs et je cite :
 « Les VM Manescau 33ème , Vénérable honoraire de l’atelier, d’Escous 33ème Grand inspecteur des LL dépendant du GO ,de Susbielle chevalier Kadosch de l’ordre de Malte,Frédéric Hamilton et Peyras souverains princes rose croix siégent à l’Orient. Les commissaires installateurs installent le F.°. Alphonse LACOSTE V.°. M.°. de la loge  »
Puis à 18h les FF se retrouvent dans la salle de l’ancien théâtre de Pau pour un banquet
Après le premier service de plats des santés sont portées :
 « La première santé  à sa Majesté l’Empereur, la 2ème  au Prince Impérial et à l’Impératrice
La 3ème à la prospérité de la France, la 4ème  au Grand Maître de l’ordre et aux Grands Maîtres des obédiences étrangères et à tous les maçons sur la surface du globe, la 5ème à la commission d’installation » et enfin les 3 classiques au VM …le tout fut suivi par une chaîne d’union. Dans quel état ?
 Les tenues ont lieu tous les dimanche et sur 11 mois de l’année.
 Je répertorie les actions et préoccupations de nos FF durant ces 38années en 4 axes.
 Les grandes préoccupations et les travaux en loge portent sur la lutte contre l’hégémonie de l’église, la répartition des richesses, la création de l’école gratuite et obligatoire, les conquêtes sociales.
 Ainsi dans sa tenue du 27 août 1864 «  il est demandé au GO d’ouvrir une ambassade à Rome pour pouvoir intervenir directement auprès du Vatican  pour lutter au plus juste contre l’emprise de l’église catholique ». Durant plusieurs mois en 1865 le thème de la religiosité est abordé et il est fait mention que la sphère privée doit être séparée de la sphère publique et que tout maçon a le droit de croire ou ne pas croire, de pratiquer  ou de ne pas pratiquer une religion.
 En 1892 se crée la ligue anticléricale.
 Le 28 juin 1890  L’atelier vote le vœu suivant :
« Il faut  1erement  créer l’assurance contre les accidents du travail et la rendre obligatoire 2èmement l’assurance contre les accidents du travail doit être à la charge du patronat »
 Concernant l’éducation un F fit remarquer que la défaite de 1871 fut la conséquence de l’illettrisme de nos soldats et officiers contrairement à l’Allemagne.
 Les FF sont très sensibles à la misère et aux accidents et catastrophes. Il faut noter l’inexistence de secours d’état organisés tels que nous les connaissons aujourd’hui. A presque toutes les tenues des secours sont demandés tant pour les FF que pour l’extérieur. Les secours aux pauvres sont fréquents. De même lors de catastrophes notamment les incendies à Bordeaux, Toulouse en 1866 et de la rue Jean Réveil à Pau, l’atelier a voté des médailles. Les secours sont également envoyés lors de l’épidémie de choléra en Algérie. S’ajoute aussi les aides et secours aux grévistes et à leurs familles.
 Les FF soutiennent l’orphelinat maçonnique à de nombreuses reprises notamment après la guerre de 1870. Des secours sont envoyés à nos FF de Metz en Octobre 1871.
 A partir de 1871 à la fin de chaque tenue nos FF tiraient une batterie de deuil en l’honneur de nos FF d’Alsace et Lorraine.
 Les relations extérieures sont florissantes et aussi curieux que cela puisse paraître des courriers fréquents sont échangés avec bien sûr les Orients proches, Dax, Mont de Marsan Bayonne, Auch, Condom, Agen, Foix, mais aussi Toulouse et Bordeaux. Il est a remarquer que la loge La Propagation de la vraie lumière à l’Or de Tarbes a toujours aidé et soutenu notre loge.
 Plus paradoxalement les correspondances avec le Mexique, l’Argentine, les USA, l’Algérie Oran, Mostaganem, l’Italie sont très suivies et entretenues. De cette correspondance émerge  trois courriers intéressants l’un à la loge le phare d’Alexandrie pour savoir si Abdel Kader à bien été initié, un courrier aux gouvernement américain pour déplorer la mort de notre F Abraham Lincoln et un courrier à notre F Garibaldi pour son élection de Grand Maître de  l’ordre maçonnique d’Italie. Ces trois courriers reçurent une réponse.
Il est à noter qu’à chaque tenue une ou plusieurs demandes de garant d’amitié étaient à l’ordre du jour.
Les initiations sont très nombreuses, du moins de 1863 à 1873 il semble que le nombre de FF atteignit la cinquantaine et même plus. La guerre laissa des orphelins et des situations difficiles à extirper. Il n’est fait que rarement mention des élévations au grade de  compagnon et de maître. De même les passages dans les hauts grades ne sont pas mentionnés. Il n’y a pas de passage sous le bandeau, mais le scrutin existe tel que nous le connaissons.
En 1892 le F Lasvignotte est initié ; c’est le grand père de notre F Jean Marc.
 A partir de 1873 les colonnes se dégarnissent. Les tenues s’espacent. Le 19 avril 1872 10 FF constatent la situation désastreuse je cite «  Le F Arrieu insiste pour le maintient de la loge,il est de l’avis  du V M quand au changement de local. Le V M propose de mettre la loge en sommeil tout en percevant les cotisations à la fin de l’année on procéderait aux élections et au choix d’un local moins cher. Le trésorier pose sa démission et le F Dumoulier accepte les fonctions dès ce jour. Une commission de FF doit rencontrer Mr Planté pour louer le rez-de-chaussée ou demander une diminution du loyer. » Ainsi en 1875 la loge fut mise en sommeil
 Le 18 août 1888,  59 FF décident de réactiver la loge Le Berceau d’Henri IV avec encore une fois l’appui des FF de la Propagation de la vraie lumière à l’or de tarbes.
 Le 26ème jour du 8ème mois de 5888 le Berceau d’Henri IV devient Le Réveil Du Béarn. Les tenues ont lieu toutes les 4 semaines. Les grands sujets sont la reconquête de l’alsace et la lorraine. L’éducation, la liberté d’expression, le soutient aux ouvriers, les religions, le vote des femmes.
 A ce propos par trois fois sur les années antérieures il est fait mention de demandes d’initiation de femmes  une d’Orthez, une de Pau et une de Lescar. « Le  10 juillet 1891 le VM donne lecture d’une planche d’une femme d’Orthez qui demande son initiation dans notre atelier Cette demande est considérée comme non avenue. » On peut citer néanmoins  le 26 mai 1890 une planche de Marie Georges MARTIN du Droit Humain sur la place de la femme et son admission en maçonnerie.
 L’atelier voit les colonnes se dégarnir au fil des années.  De 1892 à 1893 les VM qui se succèdent entretiennent un climat de complications et de suspicion a tel point que le VM ayant convoqué l’atelier pour le compte rendu du convent se retrouva seul. Il faut bien reconnaître qu’au vu des cahiers il n’y avait rien d’étonnant. Remontrances pour les retards, complications administratives, autoritarisme et au comble la demande de création d’un comité de surveillance des absents. Trop de rigueur tue la fraternité et l’atelier signe son dernier compte rendu de tenue le 10 octobre 1894 .
 7 ans plus tard en 1901 Le Réveil Du Béarn redémarre pour ne plus s’arrêter et essaimer plusieurs fois.
 1914
 
« Réunion du 28 mai 1914 : Conformément aux décisions antérieures prise par les membres de l’atelier et suivant autorisation du GO une réunion a eu lieu le 13 courant dans un local profane pour mettre l’atelier au courant de la correspondance du GO et des travaux de construction du temple rue Lapouble.
 Le vénérable donne connaissance des actes inscrits sur le registre de la société civile et après discussion les FF présents donnent mandat au VM d’écrire au GO pour solliciter une subvention pour aider à couvrir les frais d’édification du temple ou à défaut dispenser l’atelier de frais de capitation pour l’année profane 1914. »
 Le 1er août 1914 la mobilisation générale est déclarée. Lors de la tenue du 12 décembre le VM indique que « deux des nôtres sont fait prisonniers :les FF Costedoat et Sentenac. Tous les autres sont encore sains et saufs »Lors de la tenue du 19 décembre 1914 :« Le frère orateur lit un ordre du jour voté par le Conseil de l’Ordre et relatif à l’attitude de quelques maçons et loges maçonniques d’Allemagne sur le conflit actuel.. Tous les membres présents approuvent la protestation indignée du conseil de l’Ordre »
 Le sujet revient à l’ordre du jour de la tenue du 27 décembre 1914 : « Accusé de réception de la  notification de l’ordre du jour  associant notre atelier à la protestation du Conseil de l’Ordre contre certains FF et contre des loges d’Allemagne dénaturant les causes des la guerre actuelle. Le V donne lecture et commentaire d’un article paru sur le bulletin maçonnique international stigmatisant le régime despotique des castes militaires et concluant par un invincible espoir en l’avenir de l’humanité  de la civilisation et du droit  des gens par le triomphe du principe des nationalités
 Il lit ensuite une page d’un stratège russe  montrant que dès 1911 le citoyen Jaurès  avait dessiné et recommandé le plan de formation  de l’armée défensive loin de la frontière telle que l’applique avec  une maîtrise qui tient du génie le général Joffre» Rappelons que Joffre était franc-maçon !
 Le VM ……fait des veux pour l’anéantissement du  militarisme prussien et de tous les militarisme ……pour la reconstruction de notre pays amputé de l’Alsace Lorraine en 1871 »
 1918
 On pourrait  s’attendre après cette guerre de 4 ans à ce qu’explose dans les tracés des travaux la joie de la victoire. Il n’en n’est rien . Le 30 novembre 1918 soit  quelques jours après l’armistice, le tracé de la  tenue fait état du compte rendu du Convent  où celui-ci «  adresse aux soldats français et alliés ainsi qu’aux nombreux frères mobilisés l’hommage ému de leur reconnaissance » Il est relaté aussi qu’à une séance du convent « des relations fraternelles commencent  à s’établir avec nos FF des Etats Unis …..ils se sont rendu compte à la fois de l’acuité de la question cléricale  en France et de la tolérance de la franc-maçonnerie française . Aussi espère-t-on grâce à eux renverser le mur anglais et en arriver ainsi à l’entente des maçonneries  des pays alliés »
 L’atelier compte peu de FF. Elections de 1919 :14 votants, 1920 : 14 votants, 1921 19 votants.
 L’initiation des femmes est à l’ordre du jour. Le 31 janvier 1920 après un débat en loge les FF votent contre l’initiation à l’unanimité moins une voix.
 Le 29 mars 1920 il est précisé que «  la question ne pourra être résolue  que le jour où le Code( Civil : ndlr) aura proclamée l’indépendance  de la femme et lui accorde les mêmes droits »
 22 janvier 1921 lecture de la circulaire n° 17 du GO : «  L’admission de la femme qui pourrait en ce moment créer des troubles sérieux dans la vitalité de notre Ordre est rejetée »
 Le 28 février 1920 le VM fait état «  d’une réclamation de la veuve d’un ancien Vénérable  mort durant son vénéralat  du remboursement de 200 francs d’actions émises par la loge . La demande doit être faite par écrit, mais le F Cabanne aurait fait dévolution de ces actions à la loge ». L’atelier approuve. On peut supposer que la veuve n’a rien récupéré.
 Le 28 février 1922 initiation du profane Henri Lasvignottes, « qui étant mineur a l’autorisation de sa mère » . Son père était franc maçon. Ce F fréquentera jusqu’à un âge avancé cette loge et  mourra centenaire . Quelques FF de cet atelier, pas particulièrement âgés, ont connu le F Henri LASVIGNOTTES qui a siégé lors d’une tenue des Anciens à cet Orient..
 
1944
 Si la période d’après guerre de 14-18 est peu marquée dans la vie de la loge il n’en va pas de même pour l’après guerre 40-45.
 Le 21 novembre 1944 les anciens membres du Réveil du Béarn se réunissent en comité.  Le Président Piette  indique « qu’il a déjà repris possession du local de la loge, exigé qu’il soit remis à neuf mais il n’est pas actuellement utilisable faute de sièges , de tables et autre mobilier.
 Les anciens frères autres que ceux mentionnés ci-dessus, pour être rétablis en possession de leur qualité et grades qu’ils possédaient en 1940, devront adresser une demande de réintégration établie sur une fiche de renseignements dûment remplie et signée . Le comité examinera les demandes reçues en vue de leur donner la suite qu’elles comportent mais l’acceptation de pourra être décidé que sil elle réunit au moins la majorité des 4/5 des membres présents du comite » L’intéressé devait être entendu avant le vote.
 D’autres idées sont à l’ordre du jour. C’est ainsi qu’un projet de fusion entre le GO et la GL  est envisagé. Le cahier d’architecture du 23 décembre 1944 dit :
 « Il ( le président ) donne connaissance de la circulaire n° 4 du GO relative à la fusion éventuelle  des deux obédiences et préconise l’idée d’une seule maçonnerie française pour le bien de la patrie et de l’humanité toute entière…… il est décidé que notre atelier donne son adhésion pleine et entière »
 En 1940 la maçonnerie étant interdite le local avait été réquisitionné par les autorités de VICHY et  le mobilier de la loge avait été dispersée et mis aux enchères. Lors de la même tenue le VM indique : «  la vente publique du mobilier et objets garnissant le local a produit la somme de 4 400 francs. »
Cette somme représente 1800 euros actuels
 « Lecture est donnée de la liste des objets vendus avec le nom des acquéreurs, avec les prix correspondants. On remarque que les bancs ont été réalisés pour un prix dérisoire. »
 Il est dommage que nous ne soyons pas en possession de cette liste.
 Lors  de la tenue du 24 juin 1945 il est donné lecture  de la liste envoyée au GO de FF ayant été l’objet de persécutions depuis 1939.
Interrogés et perquisitionnés : les FF Thébaud ,Ballini, Piette, Couquillou, Lallet, Cassagne, Verrous, Rodriguez, Favre , Lazorthes
Déplacés d’office :Les FF Baradat, Maille, Chaze, Piette, Favre, Souard, Thébaud
Démissionnés d’office : les FF Bordelongue,  Favre , Piette , Marque , Thébaut
Internés :Les FF Cassagne et Rodriguez
Déportés : Les FF Ballini René, Maille décédé,  Plaa décédé
 Lors de la même tenue le VM fait remarquer que notre loge est la seule dont le mobilier ait été vendu aux enchères publique par l’administration des Domaines . Il y a lieu de rechercher le responsable de cette initiative.
 Toujours dans la même tenue le F LAZORTHE présente une planche sur l’Epuration. Il y déclare notamment :L’œuvre d’épuration  n’a pas été entreprise avec décision et méthode.  Les liens d’amitié , de camaraderie, la mansuétude excessive ont empêché l’épuration de s’exercer normalement. L’orateur signale certains cas de réintégration qui sont une offense à la Résistance
 Le sujet du mobilier  revient à l’ordre du jour lors de la tenue du 27 janvier 1946 «  La VM fait connaître que le devis de nos pertes a été remis au GO . On ne peut pas se contenter de recevoir seulement les sommes réalisées par la vente aux enchère du mobilier soit 15 000 francs environ mais une somme permettant de le remplacer  »  On voit que la somme est différente de celle évoquée ci-dessus  mais l’inflation entre 40 et 46 est passée par là….. Ces 15 000 francs de l’époque représentent actuellement 1410 euros
 En juillet 1947 un jugement annule la vente publique et reconnaît la responsabilité de l’Etat..
 La guerre était finie mais les restrictions alimentaires étaient toujours d’actualité. Les tickets de rationnement avaient toujours cours. Bien entendu ces restrictions généraient comme durant la guerre un marché noir. En juillet 1946 nos FF  évoquent le problème :
« Tout le monde subit plus ou moins cet odieux régime du marché noir …Un seul remède à cette situation une production suffisante  pour satisfaire les besoins essentiels de la population. »
 Les séquelles de la guerre et de la collaboration sont encore bien vivantes. C’est ainsi qu’est évoqué le 24 novembre 46 par le F :. Vincent l’affaire  Casadebeig «  entreprise d’espionnage au profit de Franco et à l’encontre des républicains espagnols. Il montre comment il  a été mis en cause sans motif avec le F Belestin »
 Et puis lors de la tenue du 27 avril 47 le F rapporteur  traite de la question B «  Moyens de réaliser l’éducation civique des femmes «  La parole circule « Le F Rodriguez constate que le GO a toujours été l’adversaire de l’égalité des femmes……Cependant un moyen de faire l’éducation civique des femmes consisterait à les admettre dans nos ateliers en même temps que les  hommes. L’atelier décide que cette résolution sera insérée dans le rapport définitif adressé au GO »
 Rappelons que le droit de vote n’avait été accordé aux femmes que le 21 avril 1944.
C’est ainsi que le Congrès de Bordeaux  s’est prononcé à l’unanimité pour l’admission des femmes dans la FM au même titre que les hommes. dit le tracé du 1er juin 47. Les fondamentaux  d’alors étaient bien différents de ce que certains FF croient actuellement.
Lors de la tenue du 5 juillet 47 le F RODRIGUEZ fait état d’une note interne du Parti Communiste  où il est indiqué que l’ennemi n° 1 du PC est le radicalisme et le radical socialiste avec la franc maçonnerie , l’ennemi n° 2 l’église romaine , l’ennemi n° 3 le parti socialiste.  Ce document est envoyé au GO à titre d’information
A la lecture du tracé du 8 novembre 47 une curiosité concernant l’organisation du banquet « Une discussion s’engage pour savoir si le banquet doit conserver le caractère maçonnique et rituellique ou si au contraire il doit être un banquet blanc . Le F orateur estime que nous ne devons manquer aucune occasion de nous faire mieux connaître et est partisan du banquet blanc »Suite à ces conclusions le vote est unanime . Déjà le Réveil du Béarn pratiquait l’extériorisation. Les fondamentaux toujours !
En mai 1948  on commence à parler d’une affaire Behague  un profane qui aurait dénoncé des francs maçons. Une lettre est adressée au ministre  pour avoir des renseignements «  Il ressort des termes de cette réponse que Behague est un résistant  de la première heure qu’il appartenu au service des sociétés secrètes pour masquer sa véritable identité  activité qui  d’ailleurs été récompensé par l’attribution de la Croix de Guerre et de la Légion d’Honneur.
Mais ce n’est pas l’avis des FF qui décident de reprendre l’affaire et de se constituer partie civile
Cette affaire est à nouveau évoquée lors de la tenue du 23 mai 48 puis le 8 octobre 1949 où le F orateur met l’accent sur l’affaire Behague et déplore qu’aucune sanction n’ait été prise  contre ce profane  dont l’activité  anti maçonnique a pourtant été prouvée. Il signale également le cas du profane  Pardailhan, dénonciateur de plusieurs de nos FF et qui est actuellement en liberté.
Le 9 juin 1948 le F Jacques Favre décède . Ce F Professeur de lettres à l’Ecole Normale de Lescar, puis au collège Saint-Cricq de Pau,  avait été nommé inspecteur primaire dès 1935. Il a été  révoqué par Vichy. Il est arrêté par la Gestapo  en 1943 mais arrive à se faire libérer.
Il a laissé un testament que la loge décide de porter au cahier d’architecture dans sa version originale . Quelques extraites de ce testament : «Je demande que mes obsèques soient purement civiles. Je prie ceux d’entre les miens que cette décision chagrinerait de bien vouloir me le pardonner…..Rien n’est plus éloigné de mon intention que de faire de mes obsèques je ne sais quelle démonstration posthume d’hostilité envers les églises et la foi religieuse . Ma jeunesse a connu les certitudes exaltantes des croyants et depuis qu’il m’est devenu impossible d’adhérer à la doctrine entière d’une église , je n’ai cessé de garder le plus profond respect  envers un sentiment qui console tant de misères…….Je me fais un devoir de témoigner  ici plus particulièrement des sentiments de gratitude qui m’animent à l’égard de cette église protestante au sein de laquelle j’ai été élevé…
J’éprouve profondément que rien d’autre ne compte, au seuil du monde où nul ne revient que d’avoir tant bien que mal essayé de remplir, selon ses forces, sa vocation d’homme, et que de franchir le passage l’âme pleine de vœux pour le triomphe des idées que l’on a servies et pour le bonheur des êtres que l’on a aimés, de ceux qui vous ont aimés, et de tous les autres »
L’atelier se préoccupe aussi  de problèmes profanes puisque le 12 décembre 1948 il intervient auprès du Conseil Municipal pour demander qu’en cas de pluie  les enfants disputent les matchs scolaires dans des endroits couverts ….
13 mars 49 : absence du VM  la tenue est transformée en réunion de comité. 3 Avril 1949, absence du VM , la tenue a lieu  mais le F orateur demande «  que de pareil faits ne se reproduisent plus »Le 10 avril lors de la tenue «  le VM répond aux critiques faites au sujet de ses 2 dernières absences en affirmant que la défense de la laïcité sur le plan professionnel est un devoir maçonnique et que de ce fait sa présence aux états généraux  de la France laïque se justifiait entièrement. Il estime d’autre part que telles critiques sur son attitude ont un caractère inamical et insupportable » . Il ne vote pas le tracé des travaux
 Le 11 décembre 1949 le F LASVALUDAS présente une planche sur le droit à l’avortement  dans laquelle notamment il s’exprime sur la liberté de la conception et sur l’éducation des femmes sur le  mécanisme de la fonction sexuelle procréatrice. Il évoque la méthode Ogino Knauss  dont on connaît maintenant le nombre de naissances dont elle a été à l’origine. Le Réveil là aussi était déjà très progressiste.
Nous terminerons l’examen de cette période en signalant que le 31 juillet 49 le Réveil du Béarn reçoit le TIGM BONNARD  GM du GODF
 
LA VIE DES LOCAUX ET DU TEMPLE
Pour mieux nous situer dans le contexte de la fin du 19ème siècle nous rappellerons les points suivants.
Les salaires : employé 20€ par jour, un facteur 8€ par jour mais avec une paire de chaussure par an et une pèlerine, ouvrier dans l’industrie 20€ par jour, une ouvrière dans l’industrie 10€ par jour, une femme de ménage 6€ par jour.
Pour mieux nous situer voici quelques correspondances
1Kg de pain 7€20   1 L de lait 0.40€1  1 L de vin 0.40€
 Pour mieux nous caler voici quelques chiffres de la population de Pau
1850 16.000
1886 30.000             1901 34.000
1939 41.000             1950 47.000
1999 78.000    2007 85.000
Le lieu habituel de réunion se situait au 50 de la rue Carnot à Pau dans ce que l’on pouvait appeler la maison Planté du nom du propriétaire et ce de 1864 à 1901.
Le bail fut signé avec un loyer de 3.500€ par an. La souscription de 11FF fut de  2.500€.
Dès la création le principe de l’émission d’actions fut admis déjà à l’époque.
200 actions de 100€ chacune.
La capitation est de 20€ par mois. En 1864 un emprunt de 80.000€ est réalisé pour l’équipement du local. Par la suite ce principe de bons ou d’actions se répéta jusqu’à aujourd’hui et permit de financer les équipements et d’alléger la charge d’emprunts.
Le salaire du F servant est de 40€ par mois en 1863 et en 1889 cette rémunération passera à  50€ environ. Il est à noter qu’il n’y a pas d’agapes et que les repas sont pris à l’extérieur. Dans l’année deux banquets rituels, un en hiver et un en été, sont organisés ils se  déroulent la plupart de temps à l‘hôtel Gassion. Le 4 décembre 1868 «  plusieurs FF de l’at  proposent l’achat de fourneaux prêtés par le F Zappo pour la somme de 60F (env 240€) à valoir sur sa capitation mensuelle »
Dans sa tenue du 19 janvier 1889 «  le F trésorier informe l’atelier que notre VM a signé l’assurance contre l’incendie, la prime annuelle est de 16.25f. Le F Cabanne agent de la compagnie d’assurance fait abandon de cette prime afin qu’elle soit versée dans le tronc de la Veuve. »
En Octobre 1871 les dates des tenues sont insérées dans les journaux locaux « le F Duvivier est chargé de faire la parution dans l’indépendant ».
Le  local, 50 rue Carnot à Pau, fut occupé de 1863 à  1901 avec, il faut le noter sur les 39 ans 20 ans de mise en sommeil. De 1875 à 1888 et de1897 à 1901. On note rarement des interventions sur le fonctionnement matériel de la loge sauf vers 1900.
Le  29 septembre 1890 le F Baumgarten fait don d’un bon du trésor de 100F en vue de la pose de la première d’un nouveau temple à Pau. Le lieu n’est pas indiqué.
Le 23 septembre 1871 une souscription fut ouverte pour la construction d’un temple à Pau.
En 1901 le Réveil du Béarn déménage au 10 place du foirail.
 Les finances sont exsangues, il faut repartir à zéro. Le GODF attribue une subvention compensatoire à la capitation. Lors du départ de 1875 le trésorier avait oublié chez lui le mobilier, les décors et 100f en bon du trésor. A la suite de tenues épiques le matériel fut rendu mais les 100F…disparus. Allons soyons clairvoyants 1 mauvais sur 50ans d’activité c’est peu.
Par la suite soit en 1913 les FF atterrissent au 6 de la rue lapouble  pour ne plus en bouger jusqu’en 1940.Les murs furent donnée par le F Estradere.
Depuis cette date notre immeuble s’est agrandi.
Ce que nous nommons la salle humide fut construite en 1983, avec un gros emprunt.
La salle de bibliothèque et la salle de réunion étaient avant 1991 une cour intérieure à ciel ouvert. Au premier étage le couloir se terminait à la fin des cabinets de réflexion. La bibliothèque et la salle de réunion ont été réalisées par les FF.
En 2005 nous avons fait mettre aux normes toutes les installations par des corps de métiers compétents. En 2008 le temple a été complètement refait quel boulot ! Puis l’espace cuisson l’année dernière et cette année les sanitaires.
Pour la suite on verra.
Enfin, nous avons pu constater au travers des 150 ans de tracés de travaux, qu’il existe une catégorie d’hommes qui, contre vents et marées, ont tous été animés du même idéal : participer au progrès de l’humanité. Comment ne pas être admiratif de la pugnacité de nos FF dans un monde où les moyens de transport et de communication n’étaient pas ceux d’aujourd’hui. Les conditions matérielles en loge n’étaient pas celles que nous avons aujourd’hui, les déplacements successifs dans Pau en sont la preuve. Le 6 de la rue Lapouble a permis de fixer les 350 FF et SS qui y travaillent.
Depuis 1776 après plusieurs révolutions et trois guerres les Francs Maçons du Béarn ont su préserver et mettre en pratique notre devise :Liberté ,Egalité ,Fraternité, Solidarité.
 
                                                                                    Nous avons dit

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