DISCOURS DE CLOTURE DU GRAND MAÎTRE.
Nos Travaux vont bientôt toucher à leur fin et à cet instant je voudrais féliciter le Président du Convent – vous l’avez toutes et tous fait, témoignant par là même de la qualité des Travaux qui nous ont rassemblés pendant trois jours.
Cela n’est jamais gagné d’avance qu’un Convent soit à la fois utile et se passe bien et je crois qu’effectivement le Président du Convent a su faire en sorte que nos Travaux soient utiles pour notre Obédience.
J’y associerai bien entendu l’ensemble des membres du collège des Officiers, sans oublier l’Orateur qui, comme chaque fois, est évidemment au cœur de nos débats compte tenu de la part importante des vœux et règlement dans nos Travaux et des avis qu’il doit rendre.
Je voudrais également remercier les organisateurs du Convent de Reims, avec une pensée toute particulière pour le Frère Michel Cicile qui préside le comité d’organisation, sans oublier tous les bénévoles qui ont permis à ce Convent de se dérouler dans des conditions extrêmement confortables, très sereines. Je sais que c’est une lourde tâche de préparer un Convent mais également de faire en sorte que les exigences diverses et variées de l’ensemble des Délégués soient constamment satisfaites et, circulant sur les parvis, j’ai pu aussi mesurer la satisfaction générale dans le cadre de ce Convent de Reims.
Ceci d’ailleurs, pour éviter tout suspense et dire que je proposerai au prochain Conseil de l’Ordre, puisque c’est le Conseil de l’Ordre qui décidera, de tenir l’année prochaine notre Convent dans cette même ville de Reims et dans ce même parc des expositions. Ce sera aussi une manière de témoigner notre reconnaissance au travail accompli cette année.
J’aurais une pensée également pour l’ensemble du personnel salarié de l’Obédience que vous avez pu croiser sur les parvis de ce Temple, que vous connaissez, qui a œuvré sans faillir pendant toutes ces journées et bien en amont pour faire en sorte que nous puissions là aussi travailler en toute quiétude, disposer des documents dont nous avons besoin. Ce personnel fait preuve dans ces journées de Convent de beaucoup de dévouement, de beaucoup d’attention et je tiens très solennellement à lui adresser toute ma reconnaissance.
Je m’associerai au propos du Président du Convent également pour rappeler la mémoire de notre Sœur Francine Préaudat qui fut une collaboratrice très impliquée dans le fonctionnement de l’administration de la rue Cadet et qui nous a quittés prématurément ce printemps. J’ai eu malheureusement le triste devoir, avec beaucoup de représentants personnels salariés, élus, FFet SS de notre Obédience, d’être présent à ses obsèques.
Au terme de ces journées, j’ai le sentiment que la vigueur et la rigueur des sujets que nous avons traités méritent d’être soulignées. J’en retiens le sentiment d’une Obédience en état de marche. L’enclenchement d’un débat de prospective comme il a été organisé est un signe très encourageant quant à la volonté générale qui nous anime de prendre toute notre place dans les débats de société.
Ce débat de prospective est intervenu à un moment essentiel par rapport au monde profane qui nous environne et, d’une certaine manière, nous avons manifesté notre volonté d’être à l’unisson de ces problématiques et de ne pas tourner le dos aux défis qui nous font face.
J’ajouterai également le débat de politique internationale qui s’est tenu ce matin pour la première fois. Evidemment, cette première fois ne devra pas rester une exception mais c’est quelque chose, là aussi, de très encourageant parce que cela montre la capacité d’une assemblée délibérante de s’emparer finalement des questions qui touchent à un monde qui peut parfois sembler lointain mais en tout cas qui a été très présent à travers les interventions des uns et des autres.
Je ne reviens pas sur les différents constats que nous avons pu et que vous avez pu élaborer, simplement à la demande de très nombreux Délégués tout sera fait pour que le film qui a précédé le discours du rapport d’activité que je vous ai proposé jeudi matin soit mis à la disposition de ceux qui le souhaiteraient. Vous êtes nombreux à l’avoir demandé et j’y réponds.
Il est essentiel de montrer une Obédience au travail et c’est ce que nous avons fait. Je voudrais à ce titre ajouter que la synthèse des questions à l’étude des LL, car la demande en a été faite, sera mise en ligne très vite et que les sujets profanes traités dans le cadre des questions à l’étude des LL 2013-2014 feront l’objet d’une publication. Cette publication sera prête pour le salon maçonnique du livre qui se tiendra à Paris le 17 novembre prochain.
Je reviendrai dans ces mots de conclusion sur quelques points que j’ai retenus, à travers les différents débats que vous avez eus dans le cadre de ce Convent.
Tout d’abord, à travers vos observations, vos remarques, je constate que le Conseil de l’Ordre a devant lui des marges de progrès dans le travail qu’il effectue et ceci est quelque chose de finalement très salutaire. Nous devrons tenir compte des différentes remarques que vous avez formulées pour continuer à améliorer le service que nous rendons aux LL de l’Obédience.
Quelques points plus spécifiques. Tout d’abord, en écho au débat budgétaire que nous avons eu hier, je reviendrai sur la question de savoir si nous avons les moyens de nos ambitions. La réponse est clairement oui mais nous devons mieux savoir utiliser nos cotisations et ne pas les dilapider dans nos propres besoins de fonctionnement.
C’est un message fort et je veillerai personnellement à ce que les cotisations qui sont versées à l’Obédience servent d’abord aux objectifs de l’Obédience et à son rayonnement.
Par ailleurs, un budget est fait pour être respecté. Cela n’est pas évidemment dans la culture française, mais je pense que nous devons, nous Francs-Maçons, être capables de nous assigner cette exigence.
Un mot également sur l’immobilier. J’ai bien perçu les nombreuses interrogations sur la SOGOFIM. Je ne vais pas revenir sur le fond, ce n’est plus le moment, mais j’en retire une conclusion simple, c’est que nous vous devons des explications au-delà de la simple publication des comptes.
Ces explications, vous les aurez et tout sera fait pour que l’on puisse, l’année future, avoir un débat de meilleure qualité sur la SOGOFIM, avec les éléments de langage nécessaires à la compréhension des enjeux qui sont liés à cette structure.
Cela étant, je m’inscris en faux contre quelques remarques acerbes qui ont pu être formulées concernant le rythme des travaux en matière de mise en conformité pour l’accès des personnes à mobilité réduite dans nos Temples SOGOFIM. Comme cela a été rappelé, entre 2009 et 2023, la SOGOFIM aura dépensé la bagatelle de 30 millions d’euros pour atteindre ses objectifs. Certes, cela ne va pas aussi vite qu’on le souhaiterait mais, si je peux me permettre cette comparaison automobile, la SOGOFIM c’est un peu comme une 2CV qui prend part à une course de Formule 1. Soyons clairs, elle arrivera au bout du circuit mais elle n’y arrivera pas aussi vite qu’une structure immobilière comme nous en connaissons dans le monde profane qui savent gérer des ensembles immobiliers mais qui, évidemment, n’ont pas toujours les valeurs et les principes de solidarité et de mutualisation qui sont les nôtres.. Là, je voudrais faire appel à votre sens de la maçonnerie et à votre engagement de Franc-Maçon. Humanisme a entrepris une cure de jouvence salutaire. Les échos sont très nombreux qui démontrent la satisfaction des lecteurs à la production de cette revue et je salue le travail qu’effectue notre F Samuel Tomei directeur de la rédaction à la tête de cette revue. Mes FF, quand vous rentrerez dans vos LL, passez un message simple à l’ensemble des FF et SS qui garnissent les colonnes de vos Temples. L’abonnement à Humanisme, c’est 28 euros par an pour 4 numéros. Je ne pense pas que l’argent soit un frein à l’abonnement à cette revue. En revanche, je crains que la méconnaissance ou en tout cas une certaine négligence ne fasse que nous ne soyons pas suffisamment nombreux à être abonnés à Humanisme.
La Fondation du GODF est, je le rappelle, une Fondation d’intérêt public. Cela a été une volonté d’un passé Grand Maître, Roger Leray, qui en fut à l’origine. Il faut savoir qu’une Fondation d’intérêt public n’est ni un gadget ni un privilège. C’est une facilité qui demain peut nous être retirée par l’autorité publique si cette Fondation d’intérêt public ne fonctionne pas comme elle doit le faire.
Elle vit exclusivement des dons de tous ceux et toutes celles qui décident de lui adresser un don. Il peut s’agir de Francs-Maçons comme il peut s’agir de profanes. Majoritairement les donateurs appartiennent à notre Obédience ou à d’autres Obédiences. 2 000 donateurs par an, nous pouvons faire largement mieux, sachant que nous sommes maintenant un peu plus de 50 000.
Là aussi, je vous invite à passer ce message quand vous rendrez compte des Travaux du Convent et que vous rentrerez dans vos LL car cette Fondation a effectivement des objectifs à caractère humanitaire, des objectifs de solidarité mais la solidarité sans vous restera un songe creux. Je ne reviens pas sur les aspects fiscaux avantageux qui s’attachent à une Fondation d’intérêt public parce qu’au fond ce n’est pas là l’essentiel.
Un point enfin sur la reconnaissance des Obédiences dont on vient de parler il y a un instant. Je pense que nous devrons là aussi – c’est un point d’amélioration pour le Conseil de l’Ordre – préciser le processus de reconnaissance d’une Obédience. Peut-être que les règles que nous appliquons sont un peu trop formalistes et que nous devons avoir un examen plus attentif, de telle sorte à éviter que nous ne soyons amenés à reconnaître des structures qui se constituent de FF potentiellement radiés du Grand Orient de France. J’admets bien volontiers que cela fait un peu désordre.
En ce qui concerne l’Obédience, et ce sera le point de ma conclusion, je voudrais tout d’abord apporter une réponse à mon F et ami Daniel Augé – vous le reconnaîtrez, c’est un F qui ressemble un peu à Léo Ferré – quant à savoir si le Grand Orient de France est une Obédience mixte. Je vais lui répondre en toute clarté et en toute fraternité : non, le GODF n’est pas une Obédience mixte. Ce n’est pas une Obédience mixte au sens où le Droit Humain par exemple est une Obédience mixte.
Pourquoi ? Parce que la mixité n’est pas un élément réglementaire de notre structure associative, c’est une faculté attachée à la souveraineté des LL. C’est la raison pour laquelle il y a au GODF des LL qui initient des femmes et/ou affilient des SS et il y a au GODF des LL qui continuent à travailler en stricte masculinité. Cela va très bien comme cela. Ne cherchons pas à compliquer une situation qui me paraît à la fois apaisée, sereine et qui est tout à l’honneur du GODF.
Je voudrais justement dire quelques mots de cette souveraineté des LL. Elle a été régulièrement évoquée dans les débats que nous avons eus durant ces trois jours. Je suis effectivement pour ma part convaincu que cette souveraineté des LL est la marque de fabrique du GODF. C’est également une souveraineté sourcilleuse qui vous fait pointer de façon récurrente le danger de la manipulation permanente. Le chemin de la confiance est un chemin ardu et je mesure, de ce point de vue, le travail de réconciliation qu’il nous reste à faire. Je veux simplement vous dire que l’exécutif d’une Obédience n’est pas nécessairement le diable. J’espère que vous me ferez crédit de cette affirmation.
Nous aurons, au cours de l’année maçonnique à venir, l’opportunité, à travers le vœu que vous avez adopté mandatant les Congrès sur les questions d’organisation des Travaux conventuels, à travers le travail que vous nous avez demandé sur le nombre des Conseillers de l’Ordre, sur l’analyse d’une représentation à Bruxelles, plus généralement sur les relations internationales à développer sur la base de la feuille de route que vous avez adoptée, de montrer l’état d’esprit du Conseil de l’Ordre et tout particulièrement l’état d’esprit qui est le mien, un état d’esprit qui justement n’est pas à la manipulation mais qui est avant tout d’être au service des LL.
Pourquoi vous dis-je cela ? Pour une raison très simple : les exécutifs passent mais les LL demeurent. L’idée qui m’anime est avant tout de donner à l’ensemble des LL de l’Obédience l’envie, le besoin de s’approprier demain plus encore qu’aujourd’hui l’Obédience à laquelle nous appartenons. Je crois en cette démocratie absolue du GODF. On pourrait à la rigueur discuter de la compatibilité entre cette démocratie et la durée du mandat du Grand Maître.
Pour terminer ce propos, je voudrais dire toutefois que nulle modification institutionnelle ne guérira de la médiocrité des intentions et de la pusillanimité des comportements. Je ne crois pas aux ordres venus d’en haut mais à la discipline intérieure, à l’exigence envers soi-même et les autres sans fioritures, sans effet de manche, sans gargarismes inutiles parce que la Franc-Maçonnerie à laquelle je crois – je pourrais la comparer à une cigarette sans cravate, à une rose sans pétale, à un cri qui n’a pas la rosette, mûs que nous sommes contre la peur qui tend la patte, contre l’aube qui met la voilette, contre le bois qu’on dit de justice, contre les paroles d’évangile parce qu’au fond la Franc Maçonnerie à laquelle je crois depuis toujours c’est celle où en dernière instance on ne subit ni Dieu ni Maître.