Page laicité d’avril

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Toutes les tragédies humaines que nous vivons aujourd’hui ne sont sans doute pas étrangères à l’émergence de nombreux débats sur la Laïcité, à propos de ses fondements, son application, sa légitimité, sa légalisation ou son évolution…

Face à un retour effrayant et concomitant de l’intolérance et de l’obscurantisme les plus extrêmes, les conflits ethnico-religieux qui se multiplient depuis l’aube de l’Humanité révèlent encore et toujours cette haine, presque originelle, ancrée au plus profond des consciences et des cœurs.

Alors, n’est-il pas indispensable de faire redécouvrir (ou découvrir ?) et mettre en chantier les enjeux humains et pacifistes du concept de Laïcité, dispensatrice d’une universelle prise de conscience !

Rappelons encore que l’éthique laïque, qui n’est rien d’autre que la foi en l’Homme, repose sur les principes de tolérance mutuelle et de respect de l’autre. La considération pour tous, émanant du lien « d’humanitude » demeure la condition essentielle d’un idéal de fraternité universelle partagé et vécu par tous les peuples.

Il en résulte un refus absolu de toute forme de racisme, xénophobie et discrimination, qui apparaissent comme autant de dérives infamantes de communautarismes ethnico-religieux.

L’éthique laïque est indissociable du principe majeur d’égalité, qui se décline fondamentalement en égalité de droits et égalité de chances.

Son défi essentiel, surtout depuis la Loi de 1905, dite Loi de séparation des églises et de l’Etat, et sa « constitutionnalisation » en 1946, est celui du vivre et du faire ensemble. Toute l’histoire de la France a montré combien cette laïcité avait finalement permis, jusqu’à maintenant, un apaisement après des siècles de guerres de religion.

Mais cela impose que cette laïcité soit bien comprise, c’est là son second défi, celui de la pédagogie, car dans le cas contraire, loin de rassembler, sa mauvaise application peut conduire à la division ou, pire, à l’exclusion.

Ses détracteurs l’ont bien compris et ne cessent d’agir pour tenter d’en réduire le champ d’application, trop souvent, il faut bien le dire, avec la complaisance, voire parfois l’assistance, la complicité des organes politiques en place. L’exemple le plus flagrant est sans doute celui de l’enseignement où une série de lois (Loi Falloux, Loi Guermeur, Loi Debré, Loi Carle…) permettent sournoisement aux religieux, au-delà de remplir généreusement leurs caisses, de prendre en main un système scolaire indispensable pour la pérennité de l’éducation religieuse et le développement d’une influence sur la société. Autre exemple : depuis 2011, également (circulaire Guéant) les cultes sont associés au fonctionnement des établissements de santé publics.

Un ensemble d’entorses à la Loi de 1905 qui permet à toutes les religions de revendiquer aujourd’hui des dispositions correspondant à leur culte en les imposant à d’autres groupes !

Certes, l’art du compromis est toujours difficile… mais quand même, peut-on, doit-on oublier nos principes républicains, ces principes fondements du statut civique, juridique et institutionnel de tout citoyen, justement émancipé dans les domaines philosophiques et politiques ?

Redisons encore Que religion et laïcité ne sont pas symétriquement et directement opposables comme on l’entend trop souvent à tort. Si le registre religieux porte essentiellement sur les Questions de cheminement métaphysique, le registre laïque, ou s’inscrit notamment le statut citoyen, détermine un espace sociétal du fameux « vivre ensemble » (notion bien trop vague et « fourre tout » à mon goût qui, par sa fonction d’intérêt général, prévaut justement sur chaque espace spirituel propre.

Ainsi la dissociation entre citoyenneté et confession est réalisée : la République se doit d’une part, d’assurer la liberté absolue de conscience, la liberté de pratiquer un culte ou de n’en pratiquer aucun, et d’autre part promouvoir sans cesse le statut citoyen émancipateur en instruisant (par l’école publique) une initiation à l’exercice dans un nécessaire et libre «esprit critique ».

Jean Guéhenno affirmait : «  en 1940, la République est morte de n’avoir pas enseigné la République »

Voilà bien le défi qui nous incombe !

Nous devons nous garder d’une « pseudo-modernité » largement répandue aujourd’hui, qui instaure un discours communautaire, une dialectique communautariste comme seule voie institutionnelle possible aux conflits humains, qui remet en cause les principes républicains fondamentaux d’égalité des droits et des chances.

Nous devons aussi nous défier de ce « pseudo-réalisme » qui, au nom d’une finalité arbitraire justifie tous les mensonges et intrigues et toutes les atrocités commises. Le « réalisme » devrait plutôt être de tenir compte objectivement des enseignements du passé, témoin des délires mystico-ethnico-religieux …

Certes, en 2016, les conjonctures politiques, sociales, économiques, religieuses ne sont pas identiques à celles de 1905.

Mais pour autant, certitude toute aussi incontestable, l’esprit de la Loi de 1905 demeure immuable et intemporel !

Le chantier est immense et l’utopie à construire est à la fois magnifique et exaltante. Mais « l’utopie est la vérité de demain » déclarait Victor Hugo…

Comme d’habitude, les considérations et exposées sont miennes et parfaitement opposables !

J.C,F

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