SOLIDARITE et DIGNITE
Vénérable maître et vous tous mes frères et sœurs en vos grades et qualités.
Parler de solidarité dans une enceinte où tous les membres ont prêté le serment d’appartenir à 5nous citons) « une institution essentiellement philanthropique, philosophique et progressive ayant pour objet la recherche de la vérité, l’étude de la morale et la pratique de la solidarité tout en prônant les principes de tolérance mutuelle, de respect des autres et de soi-même le tout dans le cadre de la liberté de conscience » pourrait paraître ingénu, saugrenu, voire même mal venu puisque cette valeur devrait être constitutionnelle et intrinsèque à la constitution de l’assemblée de ces membres . Et pourtant biens des idéaux humains dont celui de la maçonnerie spéculative vont se heurter à la triviale réalité de l’humain, de ses EGO (égocentrisme, égoisme), de sa quête de domination de l’alter Ego, de sa quête du pouvoir et du contrôle exercé sur l’autre…. Nous le voyons dans la vie profane tous les jours au travail, en politique et dans la vie maçonnique même en tenue . Nous le voyons par la circulation d’informations, de médisances sur la toile internet, dans l’actualité littéraire ou people, dans les bruits de couloirs d’une indignité rare ! Rappelez vous certains statuts en discussion, certains actes blessants pour les frères ou leurs proches, les derniers travaux en loge ou ailleurs : sont-ils tous la manifestation de la solidarité maçonnique ou plus largement d’une solidarité humaine ? Relèvent-ils tous de la dignité d’une assemblée de bonne morale ou d’humains ?
Aucun de vous n’ignore le fait qu’en loge (nous citons) « On y combatte la tyrannie, l’ignorance, les préjugés et les erreurs, qu’on y glorifie le droit la justice, la vérité et la raison et qu’en gros qu’on y élève des Temples à la vertu et y creuse des cachots pour les vices ». Aucun d’entre vous n’ignore le fait qu’il faille porter hors du temple toutes ces valeurs dont nous nous glorifions à l’intérieur. Comment interpréter dans ce contexte, des querelles intestines de personnes sur des textes relatifs aux modes de fonctionnement de l’association ou du règlement intérieur de la loge ? Que dire de la colère à l’idée de réfléchir sur des modes de financement de l’atelier, des indexations de capitations ou de gestion patrimoniale ? Que dire des coalitions partisanes pour tel ou tel rite (voire contre tel rite) ? Personne ne saurait entraver ou proférer une malédiction quelconque à l’égard d’un vénérable maître d’une loge amie, voire du maître de sa propre loge. Et pourtant, nous posons la question : où en sommes nous aujourd’hui de ces vœux et serments au sein du Réveil du Béarn ?
Le serment prêté par l’apprenti est (nous citons) « de travailler avec zèle, constance et régularité à l’œuvre de la Franc Maçonnerie, d’aimer ses frères en toutes circonstances et de mettre en pratique la grande loi de la solidarité humaine qui est la doctrine morale de la Franc Maçonnerie, tout en consentant si jamais il venait à manquer à ses engagements à ce qu’il lui soit fait application des sanctions prévues par la Constitution d’Anderson et le Règlement Général du GO ». Mes frères, mes sœurs, mes compagnons dès lors, quel sens donner à des querelles sur les colonnes, des médisances ou des dires chargés de négativité dans le temple, la salle humide ou hors le temple ? Cette planche nous donne l’occasion d’une réflexion que nous souhaitons partager avec ceux pour qui outrepasser un serment rime avec parjurer. D’ailleurs le premier surveillant, lors de l’initiation d’un profane, ne dit-il pas : » chaque occasion d’être utile dont le FM ne profite pas est une infifélité. Chaque secours qu’il refuse est un parjure. Unis d’amour spirituel, nous avons le culte de l’amitié »
La solidarité peut se définir comme un lien social d’engagement et de dépendances réciproques entre des personnes ainsi tenues à l’endroit des autres généralement les membres d’un même groupe liés par une communauté de destin. Etymologiquement solidarité vient de solidus (massif) et in solidum (pour le tout) c’est dire que la qualification tient autant pour l’état du groupe (massif = inébranlable, solide) que pour la cause qu’elle sert (pour la communauté, l’atelier). Elle se peut décliner à quelque niveau du groupe que ce soit de l’individu (microsocial), de l’atelier ou du Gand Orient (macrosocial). On pourrait en faire un bien sociétal et concevoir des revenus minimum d’insertion (RMI, RSA, tronc de la veuve) des aides quelconques au citoyen (Revenu citoyen, aide juridictionnelle, capitation variable indexée). On peut concevoir une solidarité internationale associative (Médecin sans frontière, vétérinaire sans frontière, Croix Rouge), internationale étatique (prêts financiers inter états, Caution de la France vis à vis de la Grèce sur la dette) ou bien internationale étatique comme l’abolition de dettes (Emprunts russes, Allemagne après guerre de 39-45, Grèce en 2015?) ? Cette solidarité peut être internationale et non gouvernementale (FMI, ONU). Quelle grandeur l’humain trouvera-t-il à se manifester comme solidaire ? Quelle morale peut soutenir une telle conduite ? Nous pouvons approcher la solidarité par son contraire.
En effet, il vaut mieux engranger des données personnelles librement communiquées et les revendre (Facebook, Linkedin, chanel 23), exploiter des travailleurs forcés dans des contrées sans loi pour maximiser les profits (orpailleur en Amazonie, fabriquant de chaussures de sport en Inde, ouvrier agricole en Espagne sud), truander les contrôles antipollution (Volkswagen), faire passer illégalement des immigrés Lybiens ou syriens à grands frais et les noyer en méditerranée ! Le libéralisme sauvage donne à court terme des profits bien plus conséquents, que le respect et l’honneur aux valeurs morales désuettes : le compte en banque et la notoriété du porteur assurent un meilleur laisser passer que sa probité . Le commerce triangulaire à fait de Bordeaux une belle ville, aux prix de vies oubliées aujourd’hui. Pour autant, serait-ce un comportement digne ? L’argent a – t- il une odeur qui rebute les banquiers ? Face à l’absence de solidarité, peut-on réagir. Quel sens donner à l’expression faire preuve de dignité ?
La dignité ou dignité humaine peut avoir bien des approches philosophiques, religieuse ou juridique. Elle se décline particulièrement dans l’affaire de Docteur Bonnemaison de Bayonne ou l’euthanasie prématurée peut être jugée comme un acte de respect de la dimension humaine ou comme un crime. Faut-il mourir dignement d’une injection dans son lit ou au champ d’honneur militaire à Bagdad ? Faut-il condamner le Docteur Armand Delile qui introduit en 1952 l’épidémie de Myxomatose tuant 98% des lapins de France en 3 ans ou le décorer de l’Or du Mérite Agricole et Sylvicole ou les 2 comme il fut fait ? Cette notion ambiguë au pont qu’A Schulman dans son livre « Bioethics and the Question of Human Dignity » ou Questions sur la dignité humaine considère qu’on peut lui donner autant de définitions que l’on souhaite, soutient pourtant toute la réflexion sur la fin de vie. Faut-il retenir la définition chrétienne de la dignité de l’homme où tout individu étant à l’image de Dieu est un être à qui l’on doit une distinction infinie sous peine de sacrilège ? Une approche plus Kantienne où la dignité est accordée à tout être humain raisonnable est-elle plus légitime ? Les stoïciens qui définissent l’état de dignité au prix de moult sacrifices et épreuves subies, ont-ils raison ? Faut-il garder l’approche de la déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948 où tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits, et étant doués de raison et de conscience ils se doivent d’agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité ? Le concept de dignité, implicite dans l’esprit de tous, est multiple et polysème. Son contraire peut nous aider à la définir.
L’indignité est plus facile à approcher. Il semble en effet facile d’obtenir un jugement collectif à l’heure médiatique internet de la nano seconde, sur l’abus de biens sociaux d’un DSK, qu’au sein de notre loge pour des comportements puérils qui vont à l’encontre de la bonne marche d’un atelier. Ne faut-il d’ailleurs point juger mais contribuer par sa pierre au rythme de la réflexion et non de la réaction, être proactif plutôt que réactif à la construction du temple ? Comment faut-il penser l’avenir d’un groupe au rythme de l’individualité forcenée mise en avant quotidiennement dans les médias ? Comment l’instantanéité du zapping peut-elle bâtir l’éternité d’un avenir ?
Ainsi posé les 2 contraires de dignité et d’indignité, comment définir donc la Dignité ? Nous n’en donnerons ici pas de définition préférant la sagesse populaire, l’inconscient collectif qui nous donneront une définition implicite à géométrie variable en fonction du groupe ethnique d’appartenance. C’est certainement plus efficace ainsi et n’empêche en rien l’admiration provoquée par la digne solidarité maçonnique se manifestant à Birkenau par des tenues en pleine horreurs de la guerre des camps de concentration.
Si nous renonçons à arrêter une définition de la solidarité et de la dignité, nous nous proposons, et vous pouvez mes très chers sœurs et frères de l’atelier néanmoins parfaitement nous accompagner, de poursuivre l’œuvre intiée par nos anciens dans la quête de plus de solidarité et de dignité dans les travaux que la merveilleuse loge du Réveil du Bearn nous permet de réaliser.
J’ai dit vénérable Maître.