Question C : Comment occuper pleinement le terrain du combat laïc que d’aucuns prétendent accaparer ?
Question assez difficile à traiter dans le contexte politico-culturel espagnol. Ou pour le moins question à traiter de manière différente au cadre de référence français.
Question que les F∴M∴ des loges espagnoles du G∴O∴D∴F∴ doivent aborder en prenant en compte les spécificités nationales d’une part et l’importance accordée au thème de la laïcité au sein du G∴O∴D∴F∴ d’autre part, tout cela dans un environnement commun aux deux pays qui est celui de l’Europe.
Il convient, pour rendre compte des débats suscités par cette question dans la loge, de dresser d’abord un tableau historique, certes incomplet mais qui rendra compte d’une situation présente assez difficile à appréhender. Pour mieux saisir les nuances et les questionnements individuels ou collectifs, la parole sera donnée à des frères qui, tout en étant laïcs convaincus, ont une vision plus critique de la laïcité appliquée à leur pays. Enfin, cette planche donnera au moins quelques pistes en guise de réponses à la question posée, rédigée plus pour des loges françaises que pour des ateliers espagnols ou de quelque autre pays.
Un coup d’œil dans le rétroviseur de l’histoire nous enseigne rapidement les différences fondamentales entre les deux pays.
Sans remonter à l’antiquité, il suffit de commencer par le XVIIIème siècle, assez identique d’un côté et de l’autre des Pyrénées. Identique par le vieux système féodal métissé d’un centralisme administratif royal ; dans ce sens, la mondialisation s’entendait déjà, non seulement au travers des échanges commerciaux, intenses avec l’outre-mer dans les deux pays, mais aussi par la consanguinité des monarques européens. Identique dans le domaine des idées où le « Siècle des lumières » français est comparable à la « Ilustración » espagnole, al « Enlightenment anglais, al « Iluminismo » italien, ou au « Aufklärung » allemand. Les différences vont se marquer au cours du XVIIIème siècle, singulièrement à la fin du siècle. Révolution française à consonance universelle, changement profond de société, balbutiements de la démocratie et de la République en lieu et place de la royauté héréditaire de droit divin. Suppression abrupte des privilèges, liste impressionnante des nouveaux droits accordés aux plus faibles et aux plus démunis, dont la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen en constitue l’étendard toujours valide dans nos sociétés parfaitement injustes. Philosophes des lumières, véritables précurseurs et fondateurs de l’idéal tant républicain que laïc, les deux notions étant intimement liées du côté français. Immobilisme et réticence du côté espagnol où la Cour se joint dès le début aux guerres européennes déclenchées contre la Révolution française par l’empereur d’Autriche – Hongrie. A l’époque en France, on voit se dresser l’esprit et la loi de la République naissante contre les deux ordres traditionnellement privilégiés, la noblesse et le clergé. Ce dernier, dépouillé de ses biens, n’a d’autre alternative que prêter serment à la Constitution du nouvel Etat, s’exiler ou résister. Etat qui bientôt, va décider de mettre à mort le roi eu égard aux maladresses et incompréhensions de ce dernier. L’Espagne, comme les autres pays européens, ne saura pas suivre le grand mouvement de libération initié par la Révolution. Ce sera pour plus tard et pour de bien courtes périodes : la première constitution espagnole de 1812 qui fera long feu et l’éphémère IIème République, abandonnée des gouvernements voisins dont le français, de surcroit socialiste, qui sombrera dans un autre type de révolution nationale, celle, fasciste, du général Franco. 40 ans de dictature n’ouvriront évidemment aucune possibilité de songer à une République « indivisible, laïque, démocratique et sociale ». La laïcité, avec bien des avatars et difficultés, s’installera durablement dans la France de la IIIème République, aidée activement en cela par les loges maçonniques et les FF∴ qui occuperont des postes ministériels tout au long des 70 ans de cette République. Dans le même temps la laïcité n’aura pas même droit de cité en Espagne (sauf dans la Constitution de la IIème République), où l’église catholique conservera non seulement son immense patrimoine, mais aussi ses privilèges exorbitants et son influence « culturelle » et surtout morale auprès des masses populaires. Rêve pour certains citoyens espagnols, peu nombreux mais dont les rangs grossissent quotidiennement, repoussoir pour d’autres, la majorité qui, guidée par la parole catholique, apostolique et romaine considèrent la laïcité pour ce qu’elle n’est surtout pas, une arme contre la religion, particulièrement la religion catholique. Les religions dogmatiques rejetant facilement les « hérétiques » qui ne croient pas en leurs vérités révélées (les inquisitions ne sont pas aussi anciennes qu’on veut bien le dire), ont beaucoup de mal à accepter la liberté absolue de conscience et sa déclinaison laïque qui protège toute croyance ou non croyance privée, ce qui est l’une des définitions les plus couramment admises de la laïcité. Le cheminement intellectuel et le combat se confondent pour les tenants du dogme catholique quand ils s’en prennent à la laïcité ou à la franc-maçonnerie. Pour nous FF∴MM∴ du G∴O∴D∴F∴, l’une et l’autre étant intimement liées ou plus précisément l’une se nourrissant de l’autre et réciproquement, notre tâche de diffusion de la pensée laïque et de la méthode maçonnique ne font qu’un seul et même objet de promotion.
Nous n’abordons bien sûr pas la F∴M∴ de la même façon dans un désert maçonnique que dans une région, comme celle de Toulouse, où foisonnent les loges. La situation est identique en ce qui concerne la laïcité que nous ne saurions promouvoir et défendre en France avec les mêmes méthodes que dans le désert laïc qu’est l’Espagne. Ce qui veut dire simplement que, s’appuyant sur le puissant pilier laïc constitué et accepté par l’ensemble des FF∴ depuis 2 siècles, le G∴O∴D∴F∴ est investi d’une mission de vulgarisation, d’instruction et de promotion de l’idéal laïc en Espagne et dans tous les pays où il n’existe pas. Et c’est bien au travers du travail constant de réflexion et d’étude au sein des loges espagnoles du G∴O∴D∴F∴ qu’une pierre fondamentale, faite de compréhension du contexte historique national, de la conviction des FF∴ de la valeur et de la qualité politique et sociale du fait laïc et du travail personnel de chaque F∴ à l’extérieur des loges, que peut se concrétiser un apport fondamental au contenu de la laïcité. Contenu qui en fait n’est rien d’autre qu’un aboutissement possible de ce vieux rêve maçonnique répété à l’envi à chaque tenue : « améliorer l’homme et la société » et « travailler, sans repos, à réaliser la grande œuvre de la Fraternité universelle ». La laïcité permet d’envisager une telle utopie, même si sa pratique n’est pas toujours exempte de critique ; c’est aussi l’une des caractéristiques de la « méthode maçonnique » que de remettre sans cesse l’ouvrage sur le métier et de polir jusqu’à la perfection cette fameuse pierre brute qui représente tant le F∴M∴, que la F∴M∴ et la société. Justement, parlant du peuple espagnol, il ne s’agit pas de vouloir imposer autoritairement une laïcité encore largement incomprise, avec le risque de la présenter comme une nouvelle religion, alors que toute la société espagnole est imprégnée de la religion catholique en position de quasi monopole. Au sein du peuple espagnol, au moins ceux qui ont souffert de la dictature franquiste – en particulier les FF∴MM∴ – savent pertinemment que le danger d’un retour des années sombres pèse telle l’épée de Damoclès sur tout peuple qui se croit naïvement à l’abri dans des démocraties de plus en plus fragiles.
Une partie de l’Espagne souffre d’amnésie concernant la longue période franquiste. La France aussi quand il s’agit d’évoquer les années noires du régime de Vichy et de la collaboration. Mais si l’amnésie individuelle est une maladie d’origine psychologique, elle devient une posture de confort moral lorsqu’elle est collective. Vivre au passé n’apporte certes rien de vision à long terme mais l’histoire nous instruit sur les errements et les excès qu’il serait bon de ne pas renouveler pour préparer un avenir serein. Or, agiter l’anticléricalisme comme principe de la laïcité s’assimile indirectement à cette manière d’être. Chacun le sait, la laïcité protège efficacement la liberté de culte, de tous les cultes et au-delà de tous les systèmes de pensée, religieux ou pas. Mais il est vrai, attesté et justifié que la laïcité s’est construite en partie autrefois, non pas sur un anticléricalisme primaire mais bien sur le combat contre les excès et les méfaits de la religion catholique au cours des siècles ; excès et méfaits tant moraux que physiques. Nous ne pouvons pas occulter les inquisitions dont le principe perdura jusqu’en 1834, « l’index librorum prohibitorum » (liste d’ouvrages interdits à la lecture pour les pratiquants), aboli seulement en 1966 mais toujours d’actualité quoique diminué dans ses effets, ou le fameux « Syllabus » du pape Pie IX qui renfermait « les principales erreurs de notre temps » et condamnait ainsi les Droits de l’Homme comme « impies et contraires à la Religion », oubliant au passage de longues pages de la parole du Christ.
Autant de faits dont on aimerait qu’ils ne se reproduisissent point dans l’avenir. Simple mise en garde héritée du passé ; il est vrai que nous nous situons là dans ce qu’il est convenu de nommer extrémismes religieux ; ceux d’hier de l’église catholique, comme ceux d’aujourd’hui, un certain Islam par exemple, refusent a priori que les lois des démocraties puissent se situer au-dessus d’une loi de Dieu interprétée à leur manière. Ce sont ces dangers-là que la laïcité doit réduire. Ensuite il s’agit de s’accrocher ferme au droit imprescriptible de tout être humain dans sa vie privée et intime : la liberté absolue de conscience. Fondement permanent de la laïcité, ce droit nous renvoie vers des démocraties véritables, telles que nous les voulons au G∴O∴D∴F∴ et vers des systèmes politiques d’essence républicaine qui protègent le citoyen contre les résurgences toujours possibles des atteintes aux Droits de l’Homme.
Il faut savoir, si l’on veut avancer sur ce thème et dans ce pays, que l’Espagne est en tête de l’Union Européenne quant à la privatisation de l’école; concrètement, il y a 32% de collèges privés ou “concertés”, alors que dans le reste de l’Europe, l’enseignement public représente 90%. Une grande partie des enseignants sont liés à l’église avec des objectifs de catéchisation. La religion est dans les salles de classe et elle est considérée comme un droit et une nécessité sociale pour la communauté chrétienne espagnole.
Année après année, siècle après siècle, l’église a imposé sa doctrine, bloquant ainsi d’autres alternatives comme par exemple la laïcité. Installée dans tous les milieux, elle a aussi pénétré dans l’inconscient collectif, jusqu’à faire penser que la « lutte pour la laïcité » n’est pas un objectif prioritaire, y compris chez ceux qui se déclarent en faveur d’un Etat laïc. Parler de laïcité en Espagne, défendre l’idéal laïc, surtout à partir des loges maçonniques constitue un double défi. D’une part enseigner les réels avantages et les qualités incontestables de tolérance qu’il véhicule à des groupes humains pour lesquels la religion catholique constitue une partie de leur identité, d’autre part promouvoir une autre image de la F∴M∴, combattue sauvagement sous Franco et aujourd’hui considérée par nombre de citoyens/croyants comme la dernière manifestation terrestre du diable. Mais les deux défis se rejoignent lorsqu’il s’agit de participer à une amélioration significative de la vie en société dans un temps où les dégâts sociaux causés par la collusion politique/économie capitaliste font de l’Espagne un pays en quasi récession. Le sursaut, pour l’instant salutaire, de la population face au ras-le-bol politicien qui a conduit à l’émergence de nouvelles formations politiques, rejetant indirectement le vieux bipartisme, demande un surplus de conscience citoyenne et de souhait de convivialité. Alors, la F∴M∴, et en particulier le G∴O∴D∴F∴, peut, non pas occuper le terrain – soyons raisonnablement modestes – mais une partie du terrain de la lutte en faveur d’une laïcité pour le moins européenne.
Ainsi, il ne s’agit pas « d’occuper pleinement le terrain du combat laïc que d’aucuns prétendent accaparer » sinon « d’essayer d’occuper partiellement le terrain du combat laïc qui nous a toujours été refusé» Le problème est qu’ici, comme le disait Cervantès « nous nous heurtons à l’église ».
Le point de vue historico-sociologique doit être ici complété par l’approche de certains frères qui voient dans les manifestations diverses de l’église catholique plus une dimension culturelle que cultuelle.
L’une des raisons de l’impossibilité de défendre la laïcité de la même manière en Espagne qu’en France, malgré les avantages reconnus d’une convivialité laïque, est justement qu’une grande majorité des espagnols pensent que le symbolisme religieux dans l’espace public ne pose en fait qu’un problème mineur si on le compare avec d’autres de plus grande violence sociale. Il y a par exemple un déficit démocratique fondé sur la division précaire des pouvoirs, un déplacement illégitime de la politique vers la sacrosainte économie capitaliste, un relâchement moral de la classe politique, une pensée unique, expression d’une grande vérité officielle, une claire différence entre hommes et femmes de différentes classes sociales, outre un grand « etcétéra » d’une plus forte urgence et importance que le traitement de la laïcité.
Il est absolument nécessaire de signaler que l’Etat doit garantir la coexistence pacifique entre les religieux et les séculiers. Un Etat laïc est un Etat démocratique de droit, qui reconnaît la liberté religieuse en interdisant que quelque religion que ce soit puisse avoir un statut de religion officielle. Une telle position politique produira chez le citoyen une certaine scission entre sa conscience religieuse et sa conscience civique, la première représentant une option individuelle alors que la seconde introduit une obligation d’obéissance à la loi qui émane des institutions légitimes de l’Etat.
En Espagne, l’hégémonie de la religion catholique, soutenue par l’Etat, constitue une absurdité contraire à l’esprit « aconfessionnel » de la Constitution. Le catholicisme et l’église sont très présents dans les institutions publiques. Sous le prétexte de la liberté de choix, l’enseignement propose un large éventail de centres à caractère religieux marqué, tous financés par le Trésor public. Les fêtes populaires, le folklore, la culture du peuple espagnol, sont le reflet quotidien du lien de notre société avec la religion. Cependant, là où la Franc-maçonnerie française voit un problème grave, certains maçons espagnols voient une réalité distincte. A une plus grande instruction des hommes et des femmes, un plus large et meilleur accès à l’information et à la formation, au prestige croissant de la science et de la recherche, se joint l’aspect picaresque de la société espagnole pour accélérer les changements que nécessite la mentalité religieuse. Dans la société espagnole, c’est l’église, du point de vue conceptuel qui souffre de l’influence séculière et a dogmatique de paroissiens qui se marient à l’église surtout parce que la cérémonie est plus voyante, qui font faire la première communion à leurs enfants parce qu’elle est considérée comme un événement social équivalent à « l’entrée dans le monde » dans d’autres cultures.
De nombreux paroissiens ne sont nullement gênés de refuser la notion de péché, l’enfer, la virginité de Marie, l’omnipotence de Dieu et toutes les supercheries religieuses érigées en dogme. C’est l’esprit laïc qui est en train d’imposer à l’église ou aux églises un mode de vie et de coexistence fondé sur la rationalité et l’éthique civique. Il y a quelques années, il se disait que, depuis les évêques jusqu’à leurs supérieurs, personne ne croyait en Dieu ; actuellement des évêques jusqu’en bas de l’échelle, c’est la même chose. La présence de l’église dans la société prend une autre dimension, plus légère et plus ouverte.
Le pape François est l’exemple de la forte influence de la laïcité au sein même des religions quand, récemment, il a déclaré que l’enfer n’existait pas, qu’il convenait de réviser le concept de Dieu, qu’Adam et Eve ne sont qu’un conte, etc. Il suffit, selon lui, de maintenir un prêche minimum dans la société actuelle.
Le combat pour l’émancipation de la religion peut s’améliorer de deux manières. La première en prenant conscience de la nécessité de fonder un Etat laïc, la seconde en introduisant un humanisme rationnel, civique et conventionnel au sein même des religions. L’Etat laïc garantit une égalité de traitement de tous les citoyens sans distinction d’appartenance ou non à une religion, mais n’accepte pas que des majorités puissent voter et introduire leurs valeurs et croyances dans l’ordonnancement juridique. Valeurs et croyances qui pourraient très bien avoir une origine religieuse comme ce fut le cas tout au long de l’histoire. En Espagne, sans une intention prédéterminée institutionnellement, se présentant comme un phénomène sociologique sans modèle, la conscience civique est en train de pénétrer rapidement dans la juridiction religieuse, provoquant une transformation authentique, sans pour autant avoir totalement éliminé le problème religieux. La présence de la religion dans la société civile est un problème d’importance très relative. Quoi qu’il en soit, c’est la religion (ou les religions) qui, en ce moment, souffre le plus d’un point de vue identitaire ou idéologique, de son implantation dans la société.
Il est incontestable que l’Etat espagnol privilégie l’église catholique en la finançant, discriminant ainsi d’autres confessions ou en lui offrant un traitement fiscal très favorable sans aucune justification. Que l’église ou les églises soient imposées au même titre que quelque association ou entreprise que ce soit n’est pas un postulat de laïcité, mais simplement d’égalité. Garantir la liberté de conscience dans une société démocratique et laïque exige que chaque confession vive des apports de ses membres et de ses fonds propres. De même les partis politiques, les syndicats ou les associations patronales devraient s’autofinancer. C’est une affaire d’égalité ou de liberté de pensée et de liberté de conscience.
Du temps a passé depuis la mort du « caudillo » ; certaines choses ont changé. Mais la péninsule ibérique continue à être un pays à fortes références chrétiennes où la religion s’impose trop souvent dans le domaine social et politique. En Espagne, l’église catholique, on l’a vu, jouit d’un grand pouvoir et de nombreux privilèges. L’a confessionnalisme est une notion volontairement ambiguë qui permet de faire bénéficier au Saint Siège d’accords quasiment blindés qui installent l’omniprésence de l’église dans presque toutes les institutions. Son autorité idéologique indéniable contraint la liberté de pensée et est en contradiction avec l’idéologie démocratique. Récemment, nous avons vu comment les évêques ont osé s’immiscer dans la vie publique en demandant aux députés de voter « en conscience et cohérence » en faveur du durcissement de la loi sur l’avortement. Nombre de hautes personnalités du gouvernement continuent de prêter serment devant des symboles religieux alors même que le protocole a changé depuis l’intronisation de Felipe VI.
Ce que nous devons expliquer aux citoyens espagnols passe par une démystification de la laïcité entendue comme arme absolue contre l’église. Il nous faut leur faire comprendre que l’émergence d’un Etat laïc oblige à un traitement égalitaire de chaque citoyen devant la loi mais aussi de protection des croyances et non croyances, acceptées comme telles par les institutions. Leur faire comprendre aussi que c’est bien le citoyen qui peut revendiquer à son profit le « droit à l’application entière de la laïcité ». Le caractère universel de la laïcité n’échappe à personne dès lors que la compréhension de l’idéal laïc n’est pas mise abusivement en cause ; le G∴O∴D∴F∴ est porteur de cette dimension universelle et doit savoir présenter les forces et les faiblesses du système qu’il soutient afin de le protéger, le diffuser et l’améliorer en fonction de l’évolution des situations politiques, économiques et sociales. Il va sans dire que le désengagement progressif et constant du gouvernement espagnol dans le domaine social et éducatif ouvre un champ de possibles à la religion catholique qui se substitue avec bonheur aux défaillances graves de l’Etat. Dans le domaine de l’éducation, la grande majorité des écoles confessionnelles pratiquent un élitisme connu de tous, totalement contraire à l’esprit d’une démocratie véritable qui devrait tout faire pour organiser l’égalité des chances. Mais il est vrai que ceci est un principe républicain ; or l’Espagne n’est pas une République. Tout cela n’est pas sans conséquence sur la difficulté de pénétration de la laïcité au sein de la population espagnole. L’instruction religieuse revient en force dans les écoles publiques alors même que l’instruction civique est abandonnée. Qui mieux que les FF∴MM∴ du G∴O∴D∴F∴, s’appuyant sur des associations de plus en plus fortes de défense et promotion de la laïcité sur le territoire national, peut organiser de véritables formations à la citoyenneté, aux principes de la laïcité et de la république. La loge Heracles s’est ainsi engagée dans une première initiative universitaire d’extériorisation et de formation sur la franc-maçonnerie, avec la loge Pitágoras elle aussi du G∴O∴D∴F∴ et la loge Lux Malacitana de la G∴L∴S∴E∴. Heracles interviendra lors de cette formation d’été sur le thème de « La laïcité comme modèle de coexistence sociale ». Ce n’est qu’un premier pas ; à nous d’inventer d’autres types de formation, avec pour seul objectif de promouvoir tant les principes et valeurs de la FM que de la laïcité. Nous formons le projet de bâtir un programme de formation dans ce sens et en direction des citoyens jeunes ou adultes. Une fois de plus, notre action s’assimile à une lutte contre l’ignorance, source de toutes les vindictes faciles contre la laïcité.
Simplement et ici, pour conclure, personne ne souhaite accaparer à son compte le combat pour la laïcité. Ceux qui luttent pour qu’un jour l’Etat espagnol soit laïc sont des associations ; elles sont nos alliées dans notre démarche maçonnique. Nous devons, en dehors du temple, compter sur elles et elles doivent pouvoir compter sur nos engagements individuels.
Adopté en tenue le 28 avril 6015 à Málaga